Reprise du trafic aérien à Damas après des frappes attribuées à Israël
Selon le chef de l'OSDH, l'attaque a visé "des positions du Hezbollah et de groupes pro-iraniens dans l'aéroport et ses environs, y compris un dépôt d'armes"
L’aéroport international de Damas a été temporairement mis hors service lundi par des frappes attribuées à Israël, qui ont fait quatre morts dont deux soldats syriens, selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH).
C’est la deuxième fois en moins de sept mois que l’aéroport de Damas, où des groupes terroristes armés soutenus par l’Iran et des membres du Hezbollah libanais sont présents, est mis hors d’usage par Israël, selon les autorités syriennes.
« Quatre combattants, dont deux soldats syriens, ont été tués par le bombardement israélien », a déclaré à l’AFP Rami Abdel Rahmane, le directeur de l’OSDH, une organisation basée au Royaume-Uni qui dispose d’un vaste réseau mais dont les financements sont flous. Il n’a pas été en mesure de préciser la nationalité des deux autres tués.
L’agence officielle syrienne Sana, citant une source militaire, a pour sa part affirmé que deux soldats syriens avaient été tués dans cette attaque, qui a eu lieu lundi vers 02H00 (23H00 GMT dimanche).
« L’ennemi israélien a mené une agression aérienne à l’aide d’un barrage de missiles, visant l’aéroport international de Damas et ses environs », et causant « la mort de deux soldats, des blessures à deux autres » et des dégâts matériels, a indiqué l’agence.
Dans un communiqué publié quelques heures après ces frappes, le ministère syrien des Transports a annoncé la remise en service de l’aéroport et la reprise des vols à partir de 09H00 (06H00 GMT).
both runways at Damascus International Airport appear damaged by the Israeli airstrike last night on the latest Sentinel-2 satellite image https://t.co/PQKM2nDojt pic.twitter.com/F1VXw5nR4T
— Samir (@obretix) January 2, 2023
Souleyman Khalil, responsable au sein de ce ministère, a indiqué à l’AFP que ses services avaient « rétabli le travail sur l’une des pistes bombardées tandis que le processus de réparation de la deuxième piste est toujours en cours ».
A la suite de ces frappes nocturnes, « un certain nombre de vols arrivant à l’aéroport de Damas ont été dirigés vers l’aéroport de Lattaquié », a-t-il précisé.
Selon le chef de l’OSDH, l’attaque a visé « des positions du Hezbollah et de groupes pro-iraniens dans l’aéroport et ses environs, y compris un dépôt d’armes ».
Depuis le début de la guerre civile en Syrie en 2011, Israël a mené des centaines de frappes aériennes chez son voisin, ciblant des positions de l’armée syrienne, des forces pro-iraniennes et du Hezbollah libanais.
L’Etat hébreu commente rarement ses frappes contre la Syrie mais affirme qu’il ne permettra pas à l’Iran d’étendre son influence en Syrie.
« Hezbollah 2.0 »
Le 28 décembre, le chef de la direction des opérations de l’armée israélienne, le général de division Oded Basiuk, avait évoqué ces raids en Syrie en présentant ses perspectives opérationnelles pour 2023.
« Nous constatons que notre plan d’action en Syrie est un exemple de la façon dont une action militaire continue et persistante conduit à façonner et à influencer toute la région », avait affirmé sur Twitter l’armée israélienne en rendant compte de la présentation du général Basiuk.
« Nous n’accepterons pas un Hezbollah 2.0 en Syrie », avait-elle ajouté.
Dans un discours prononcé le 29 décembre à l’Institut israélien d’études sur la sécurité nationale, le lieutenant général israélien Aviv Kohavi avait indiqué que « les armées que l’Iran tente d’établir dans tout le Moyen-Orient » sont l’une des facettes de la menace de la République islamique pour Israël et le monde.
Le 10 juin, l’aviation israélienne avait déjà bombardé l’aéroport situé dans le sud-est de la capitale syrienne, mettant les pistes d’atterrissage hors service pendant près de deux semaines.
L’aéroport d’Alep, le deuxième plus important du pays, avait également dû fermer plusieurs jours durant en septembre à la suite de raids israéliens.
Déclenchée par la répression de manifestations pro-démocratie, la guerre en Syrie a fait environ 500 000 morts, dévasté les infrastructures du pays et déplacé des millions de personnes.
Après des années de combats et de bombardements sanglants, le conflit s’est largement atténué au cours des trois dernières années. Des combats sporadiques éclatent parfois, et les attaques djihadistes se poursuivent, principalement dans l’est du pays.
Selon l’OSDH, qui s’appuie sur un vaste réseau de sources en Syrie le conflit a fait au moins 3 825 morts en 2022 – le nombre le plus faible depuis 2011 – contre 3 882 en 2021. Parmi les morts de l’année dernière figurent 1 627 civils, dont 321 enfants. Parmi les civils tués, 209 personnes, dont la moitié des enfants, sont mortes à cause des mines et des engins explosifs.
Plusieurs puissances et acteurs sont impliqués dans la guerre qui a morcelé la Syrie.
Le régime de Bachar al-Assad a repris la majorité du territoire mais les forces kurdes syriennes contrôlent de vastes régions du nord et nord-est.
Environ la moitié de la province d’Idleb (nord-ouest) et des secteurs limitrophes des provinces voisines de Hama, d’Alep et de Lattaquié sont dominés par le groupe jihadiste Hayat Tahrir al-Cham (HTS) et des factions rebelles.
Même si les forces gouvernementales soutenues par la Russie ciblent encore de façon sporadique Idleb, un accord de cessez-le-feu est largement respecté.
Voisine de la Syrie, la Turquie déploie des soldats dans ce pays près de sa frontière. Les Etats-Unis maintiennent également des soldats dans le nord du pays, sans oublier la Russie et l’Iran, qui aident militairement le régime Assad, leur allié.