Rescapés et proches des victimes de la rave Nova portent plainte contre l’Associated Press
Une plainte fédérale contre l'agence de presse a été déposée en Floride à raison de ses liens avec des photojournalistes indépendants accusés d'avoir pris part au massacre du Hamas
Des rescapés de l’attaque du Hamas contre Israël, le 7 octobre dernier, et des proches de victimes de l’attaque terroriste ont intenté une action en justice contre l’Associated Press, qu’ils accusent de complicité dans les brutalités perpétrées par le groupe terroriste palestinien il y a de cela plus de quatre mois pour avoir collaboré avec des photojournalistes indépendants qui, selon eux, se sont joints aux milliers de terroristes qui ont envahi les communautés du sud.
Les plaignants sont des ressortissants avec la double nationalité israélo-américaine ou des Américains qui se trouvaient à la rave Supernova près du kibboutz Reim, le 7 octobre, là où des terroristes ont massacré près de 360 personnes, auxquelles s’ajoutent les proches des victimes.
Mercredi soir, dans le district sud de la Floride, ils ont déposé une plainte fédérale à l’encontre de l’AP dans le but d’obtenir des dommages et intérêts en vertu de la loi antiterroriste. Ils sont représentés par le National Jewish Advocacy Center qui accuse l’AP d’« avoir apporté un soutien matériel au terrorisme » en achetant des images pendant et après l’attaque du 7 octobre, lorsque des milliers de terroristes ont tué 1 200 personnes, pour la plupart des civils, et enlevé 253 otages.
L’action en justice donne le nom de quatre photographes indépendants dont le travail a été acheté et publié par l’AP et d’autres médias, que les plaignants qualifient « d’associés connus du Hamas qui se sont joints avec enthousiasme aux terroristes du Hamas lors des attaques du 7 octobre ».
Ces quatre hommes ont pris ce qui s’est imposé comme les premières images, très largement diffusées, de l’attaque en train de se dérouler.
L’AP a déclaré que cette affaire était « infondée ».
Début novembre, le groupe de surveillance pro-israélien Honest Reporting a publié un rapport montrant que les photographes – à commencer par les quatre hommes mentionnés dans la plainte – employés par l’AP, Reuters, le New York Times ou CNN avaient fourni des images prises alors que l’attaque était en cours, depuis la zone frontalière ou l’intérieur d’Israël – laissant entendre qu’ils avaient peut-être eu connaissance des projets d’attaque.
L’organisation a dressé la liste de quatre noms de photojournalistes dont les noms apparaissent sur des photos de l’Associated Press prises dans la zone frontalière entre Israël et Gaza, le 7 octobre : il s’agit de Hassan Eslaiah, de Yousef Masoud, d’Ali Mahmud et de Hatem Ali.
La plainte porte principalement sur Eslaiah, qui, selon le rapport de Honest Reporting, a traversé la frontière avec Israël et pris des photos d’un char de Tsahal en feu. Il a également photographié des assaillants en train d’entrer dans le kibboutz Kfar Aza, où des dizaines de civils ont été massacrés. Ce même rapport indique que, dans des tweets aujourd’hui supprimés publiés sur son fil X, Eslaiah avait été vu devant le char sans le gilet de presse l’identifiant comme membre des médias.
Selon cette même information, Mahmud et Ali ont tous deux pris des photos de personnes enlevées d’Israël à Gaza.
Ce rapport soulève par ailleurs des questions sur la relation entre certains photographes et le groupe terroriste du Hamas à la tête de Gaza. Eslaiah figure en effet sur une photo de 2020, dans laquelle le chef du Hamas à Gaza, Yahya Sinwar, l’embrasse. Eslaiah avait publié cette photo le 9 janvier 2020.
AP, Reuters et le New York Times ont tous nié avoir eu connaissance de l’attaque du 7 octobre. AP et CNN ont cessé de travailler avec Eslaiah, qui a nié toute connaissance préalable de l’attaque.
In the hours following our expose, new material is still coming to light concerning Gazan freelance journalist Hassan Eslaiah whom both AP & CNN used on Oct. 7.
Here he is pictured with Hamas leader and mastermind of the Oct. 7 massacre, Yahya Sinwar. https://t.co/S9pXeIGaFq pic.twitter.com/RmEZU5RsM8
— HonestReporting (@HonestReporting) November 8, 2023
Le New York Times a fait savoir que Massoud, dont les photos d’un char israélien capturé par le Hamas ont été utilisées par l’AP et lui-même, n’en savait rien non plus. Ses premières photos, ce jour-là, ont été déposées 90 minutes après le début de l’attaque.
Honest Reporting a réagi à ces dénégations en expliquant qu’il s’agissait de « soulever des questions » en se demandant publiquement si les photojournalistes palestiniens qui ont documenté l’agression et envoyé certaines les premières images des événements avaient été avertis de ce qui se préparait.
La plainte déposée cette semaine accuse « l’AP d’avoir fermé les yeux sur ces faits et profité de la participation au massacre de son photographe terroriste pour publier des images ‘exclusives’, pour lesquelles elle lui a certainement versé une prime, ce qui a contribué au financement d’une organisation terroriste. »
« Il ne fait aucun doute que les photographes de l’AP ont participé au massacre du 7 octobre, et que l’AP savait, ou à tout le moins aurait dû savoir, par l’application du principe de due diligence, que les personnes qu’ils payaient étaient affiliés de longue date au Hamas et des acteurs à part entière de l’attaque terroriste qu’ils documentaient », peut-on lire dans la plainte.
La vice-présidente des communications d’AP, Lauren Easton, a déclaré jeudi par voie de communiqué : « L’Associated Press exprime sa profonde sympathie pour les personnes touchées par les horribles attaques du 7 octobre en Israël », parlant des « poursuites infondées intentées mercredi contre l’AP en raison de sa couverture des attaques ».
« L’AP n’avait absolument aucune connaissance préalable des attaques du 7 octobre, et nous n’avons vu aucune preuve – à commencer par les pièces de procédure – que les journalistes indépendants qui ont contribué à notre couverture l’aient eue. Des allégations comme celle-ci sont irréfléchies et mettent en danger les journalistes de la région », a-t-elle déclaré.
En novembre, Easton avait déclaré que « les premières photos que l’AP a reçues d’un pigiste montrent qu’elles ont été prises plus d’une heure après le début des attaques » vers 6h30 du matin, heure locale, le 7 octobre dernier.
« Aucun membre du personnel de l’AP ne se trouvait à la frontière au moment des attaques, et aucun membre du personnel de l’AP n’a traversé la frontière à aucun moment », avait-elle ajouté. « Nous ne travaillons plus avec Hassan Eslaiah, qui était un pigiste occasionnel pour l’AP et d’autres organes de presse internationaux à Gaza. »
Le directeur du National Jewish Advocacy Center, Mark Goldfeder, a déclaré au New York Post que « les médias ne peuvent pas agir en toute impunité et prétendre qu’ils ne savent pas qui ils emploient et rémunèrent ».
« Comme d’autres affaires l’ont clairement montré, il importe peu que les personnes que l’AP payait et avec lesquelles elle entretenait des relations de longue date, étaient des pigistes et non des employés ; le problème est que l’AP ait apporté un soutien matériel à une organisation terroriste étrangère, pas de savoir à quel titre les terroristes encaissaient des chèques. »