Retour sur l’entrevue publique entre Le Drian et Netanyahu
Mireille Knoll, Arnaud Beltrame, l'Iran, tout autant de sujets abordés entre les chefs de la diplomatie israélienne et française
Le ministre français des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian a fait part de son émotion lundi à Jérusalem après le meurtre d’une octogénaire survivante de la Shoah à Paris, évoqué la forte amitié franco-israélienne et la place de l’Iran dans la région.
Netanyahu a commencé son entrevue publique en français, en s’excusant d’avoir oublié son français. Le Drian l’a ensuite complimenté en lui disant que « c’était déjà bien, un bon début ».

Le Premier ministre a ensuite adressé ses condoléances après la mort du lieutenant-colonel Arnaud Beltrame, « un héros de l’humanité » vendredi lors d’un attentat terroriste revendiqué par l’État islamique dans l’Aude, à l’intérieur d’un magasin Super U à Trèbes faisant en tout quatre morts.
« Nous pleurons avec vous la perte de vies françaises innocentes et d’un vrai héros, un héros de l’humanité, et pas seulement d’un héros de la France », a-t-il dit, en référence au lieutenant-colonel de gendarmerie Arnaud Beltrame, qui avait pris la place d’un otage et a été tué par l’assaillant.
« Nous comprenons cela très bien. Monsieur le ministre (en français), je le comprends parfaitement. Et je comprends la souffrance toute particulière que cette perte implique. Nous devons nous tenir ensemble contre ce terrorisme qui touche le monde entier. Nous devons combattre les terroristes peu importe où ils se trouvent, et nous devons combattre les régimes sponsors du terrorisme peu importe où ils se trouvent. »
« Le premier régime sponsor du terroriste dans le monde, dans notre région et au-delà, est l’Iran. Nous devons mettre un terme à son agressivité. C’est une vaste mission et nous devons nous assurer que l’Iran ne parviendra pas à bénéficier de l’arme nucléaire. Il s’agit selon moi du défi le plus important auquel fera face la communauté internationale dans les prochains mois et prochaines années. Je suis ravi d’avoir l’opportunité de discuter avec vous de cela et de d’autres intérêts communs. Il y a une profonde et longue amitié entre la France et Israël qui s’est exprimée de nombreuses façons. J’envoie mes meilleures amitiés au président Macron. J’espère avoir avec vous une conversation aussi riche que celle que j’ai eue avec lui, et je suis sûr que nous en aurons également dans les jours futurs. Bienvenue. »
Tué en « héros » après s’être substitué à une otage, un hommage aura lieu mercredi à partir de 11H30 aux Invalides. Le président Emmanuel Macron prononcera à la cour des Invalides un éloge funèbre de l’officier de gendarmerie qui a succombé samedi matin à ses blessures infligées la veille par l’assaillant de l’attaque revendiquée par l’Etat islamique.
« Merci monsieur le Premier ministre, » a répondu Jean-Yves Le Drian. « Je voudrais tout d’abord vous faire part des salutations et de la considération du président Macron. Nous sommes dans une année très particulière pour la relation entre Israël et la France puisqu’il va y avoir les saisons croisées, qui vont nous permettre [de voir l’organisation de] près de 200 grandes manifestations culturelles à la fois en Israël et en France. Le Premier ministre français viendra ici pour le lancement, à la fin du mois de mai. J’aurai le plaisir de l’accompagner. Puis vous viendrez en France, puis le président Macron viendra en Israël, puis le président d’Israël viendra en France. Donc nous avons… » « Beaucoup de visites, » a répondu Netanyahu en français.
« …une période intense de relations, » a poursuivi Le Drian. C’est le signe d’une profonde amitié. C’est le signe d’une volonté d’action commune. C’est le signe aussi que nos combats fondamentaux sont les mêmes, à la fois le combat contre le terrorisme, à la fois le combat contre l’antisémitisme et à la fois le combat pour la sécurité de la région. Et tout à l’heure, j’ai eu un moment d’émotion quand je quittais la visite très émouvante de Yad Vashem (mémorial de la Shoah à Jérusalem, ndlr) et j’ai appris qu’une rescapée de la Shoah avait été assassinée à Paris ».
« On ne peut pas dire à cette heure les raisons qui ont provoqué cet assassinat, mais l’hypothèse d’un crime antisémite est plausible. Cela nous rappelle le caractère fondamental et permanent (du) combat » contre l’antisémitisme, a-t-il ajouté.
« Je vous remercie tout particulièrement pour votre message en l’honneur du colonel Beltrame qui a payé de sa vie son combat contre le terrorisme. Et nous avons ce combat en commun ; la base de tout, c’est la sécurité. Votre message nous est particulièrement sensible. Et nous avons beaucoup de sujets à évoquer ensemble, parce qu’on ne peut pas dire que la région soit très calme. » (« Vous êtes un vrai diplomate, » a répondu Netanyahu en français).
« Nous allons évoquer l’ensemble de ces questions dans l’esprit de confiance et de franchise qui a toujours été l’esprit des relations entre nous. Je suis très ravi d’être présent ici auprès de vous aujourd’hui, » a-t-il ajouté, qui a dénoncé aussi « l’hégémonisme » de l’Iran et les dérives potentielles de son programme balistique.
Peu de temps après, le parquet avait retenu le caractère antisémite.
Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a enfin souhaité ajouté : « Et je voudrais ajouter que nous admirons la position des divers gouvernements français et des présidents successifs et du président Macron actuellement contre l’antisémitisme. C’est un combat terrible. C’est bien clair, c’est bien net et c’est très juste. Merci. »
Le gouvernement français a récemment lancé un nouveau plan de lutte contre la haine, l’antisémitisme et le racisme en ciblant surtout la « cyber-haine ». Le Crif avait alors indiqué qu’il aurait préféré qu’il s’inspire davantage de l’exemple plus ferme de l’Allemagne.