Réunion exceptionnelle sur le financement de l’EI à Paris
L'objectif de la réunion est de trouver les moyens de faire pression sur les pays qui n'ont pas pris de mesures contre le groupe terroriste

Le Groupe d’action financière (GAFI), un organisme intergouvernemental basé à Paris et composé d’une trentaine de pays, a annoncé jeudi une réunion exceptionnelle de samedi à lundi consacrée à la lutte contre le financement des djihadistes de l’Etat islamique (EI).
L’objectif de la réunion est aussi de trouver les moyens de faire pression sur les pays qui n’ont pas encore pris des mesures contre le groupe EI qui a revendiqué en 2015 plusieurs attentats, notamment en France en janvier et novembre et en Egypte contre un avion de ligne russe en octobre.
Chargé lors du G20 de novembre à Antalya (Turquie) de présenter un rapport en février, le GAFI organise « une réunion extraordinaire » pour « discuter des actions que les juridictions prennent, et devraient prendre, pour combattre le financement de l’État islamique », indique jeudi cet organisme sur son site internet.
Les participants parleront également « des opportunités pour renforcer les efforts mondiaux de lutte contre le financement du terrorisme ».
« Il faut que nous réfléchissions à un dispositif qui permette de faire pression sur les pays qui ne sont pas à jour et qui n’ont pas encore les dispositifs pour faire le minimum dans la lutte contre le financement du terrorisme », a expliqué une source diplomatique à l’AFP.
Lors de leur sommet de novembre, les dirigeants des vingt premières puissances économiques mondiales avaient demandé au GAFI de faire un rapport sur les progrès faits par les Etats pour corriger les faiblesses en matière d’assèchement des flux de financement liés au terrorisme.
Ils ont aussi chargé le GAFI d’identifier des « mesures, y compris de nature législative », pour intensifier la lutte contre le financement du terrorisme.
Le GAFI, créé en 1989 et dont le secrétariat est installé au siège de l’OCDE dans la capitale française, est composé de 34 pays et territoires, ainsi que de 2 organisations régionales.
Les deux autres fronts diplomatiques pour contrer le financement du terrorisme
La communauté internationale attaque l’organisation de l’Etat islamique au portefeuille, frappant ses activités pétrolières, éliminant ses hommes d’argent, et elle se mobilise aussi sur deux autres fronts diplomatiques pour l’étouffer financièrement : l’ONU et l’UE.
Le Conseil de sécurité de l’ONU
Les Etats-Unis, qui assurent en décembre la présidence tournante du Conseil de sécurité, ont convoqué une réunion pour le jeudi 17 décembre afin de débattre des moyens d’assécher le financement de l’EI.
« Un front international uni est crucial pour atteindre l’objectif » d’isoler l’EI du système financier international et « gêner son financement », a affirmé le secrétaire américain au Trésor Jacob Lew.
Pour la première fois, ce sont les ministres des Finances des 15 pays membres qui sont invités à se rendre à New York.
Le gel des avoirs fait en effet partie de leurs compétences. Le ministre français Michel Sapin et ses homologues britannique George Osborne et espagnol Luis de Guindos ont confirmé leur présence, a indiqué le ministère français des Finances à l’AFP.
« L’idée est d’adopter une résolution qui aurait force de loi pour l’ensemble des pays des Nations unies, avec l’objectif de resserrer les mailles du filet afin de repérer les mouvements d’argent qui servent à financer des actes terroristes, et d’agir en gelant les avoirs ou en faisant des saisies », a précisé la même source.
L’Union européenne

Après les attentats du 13 novembre, Michel Sapin a porté la question du financement du terrorisme devant le conseil des ministres des Finances européens (Ecofin), qui s’est réuni mardi dernier.
La prochaine réunion est prévue en janvier.
La France exige que l’Europe passe désormais de « la phase de l’émotion à celle de l’action ».
Les cartes bancaires prépayées sont dans le collimateur de Paris, qui exige un encadrement « plus strict » de leur utilisation en Europe.
La France demande aussi aux autres membres de l’UE d' »accélérer considérablement » la mise en oeuvre de la dernière directive européenne anti-blanchiment.