Roumanie : Le candidat du parti qui avait qualifié la Shoah de « sujet mineur » s’incline aux présidentielles
George Simion avait rencontré l'envoyé d'Israël en Roumanie en 2022 dans un contexte de critiques, par Yad Vashem, sur les antécédents du parti d'extrême droite en matière d'antisémitisme, mettant fin à un boycott israélien

JTA – Un politicien d’extrême-droite appartenant à un parti politique qui avait minimisé les horreurs de la Shoah ne prendra pas la barre de la Roumanie, après un second tour tendu de l’élection présidentielle qui a abouti à la la victoire d’un candidat centriste rival avec 54 % des voix.
Une issue surprenante dans la mesure où George Simion, de l’Alliance pour l’Unité des Roumains, avait dominé clairement le paysage lors du premier tour du scrutin, au début du mois.
C’est Nicusor Dan, le maire de Bucarest, qui l’a finalement emporté après que Simion a semblé flancher lors d’un débat télévisé – et que certains électeurs se sont inquiétés de la revendication de sa ressemblance avec le mouvement MAGA de Donald Trump. La victoire de Dan a signalé un engagement en faveur de l’adhésion de la Roumanie à l’OTAN et de la poursuite de l’aide à l’Ukraine, une assistance que Simion avait mis en doute, disant que le pays pourrait y mettre un terme.
Elle pousse également à la marge un parti politique qui a eu pour habitude de minimiser les horreurs de la Shoah et de galvaniser l’antisémitisme – une formation que les ministres d’extrême droite du gouvernement israélien ont toutefois courtisée.
Ainsi, en 2022, l’Alliance pour l’Unité des Roumains avait été âprement critiquée après avoir qualifié de « sujet mineur » l’enseignement de la Shoah, qui avait récemment été rendu obligatoire dans les lycées.
Mais l’année suivante, Simion avait rencontré l’ambassadeur d’Israël en Roumanie dans un contexte de critiques de la part de Yad Vashem, le mémorial israélien de la Shoah, sur les antécédents du parti en matière d’antisémitisme. Un entretien qui avait mis un terme au boycott du parti en Israël.

En Roumanie – un pays où vivent environ 12 000 Juifs – la période précédant l’élection aura été marquée par une résurgence des symboles liés à la Garde de fer, un mouvement militant antisémite roumain datant des années 1930. Les dirigeants de l’Alliance pour l’Unité des Roumains, dans le passé, ont pris la défense de figures historiques de la Garde de fer ou de personnalités qui avaient servi sous le régime du dictateur roumain Ion Antonescu – un allié du leader nazi Adolf Hitler.
Une élection antérieure dans laquelle un candidat du parti d’extrême droite, Calin Georgescu, avait fait l’éloge d’Antonescu avait été annulée en raison d’inquiétudes concernant une possible ingérence de la Russie. L’ambassadeur de Roumanie en Israël avait également accusé les responsables israéliens d’avoir interféré de manière inappropriée dans cette élection en échangeant directement avec Georgescu.
Dans un premier temps, les dirigeants israéliens se sont abstenus de transmettre leurs félicitations à Dan pour sa victoire. L’homme s’était attiré les critiques du gouvernement après avoir déclaré, lors d’un débat l’opposant à Simion, qu’il n’inviterait pas le Premier ministre Benjamin Netanyahu en Roumanie tant que ce dernier ferait l’objet d’un mandat d’arrêt de la Cour pénale internationale pour crimes de guerre présumés.
Dans un discours prononcé après l’annonce de l’élection, Dan a salué les électeurs pour leur combat contre la vague de haine qui a déferlé sur le pays, ces dernières années : « Ce que vous avez fait est extraordinaire », a déclaré le président élu à la foule qui s’était rassemblée devant son siège de campagne, aux premières heures de la matinée de lundi, a noté le Washington Post. « Vous avez affronté la vague de haine. C’est votre victoire ».