Sa fille et sa femme libérées de Gaza, un scénariste de télévision continue la lutte pour les autres otages
Hen Avigdori, vétéran de la comédie, reste impliqué dans le combat en faveur de la libération des captifs qui se trouvent encore dans les geôles du Hamas à Gaza
Le scénariste Hen Avigdori, spécialisé dans la comédie, a écrit pour au moins une dizaine d’émissions comiques diffusées sur les chaînes de télévision israéliennes, notamment pour « Ad Kan », pour la série « The Jews are Coming » et pour « Tzomet Miller. » Mais il n’a pas écrit un mot depuis le 7 octobre – date funeste à laquelle son épouse Sharon et leur fille de douze ans, Noam Avigdori, avaient été prises en otage par des terroristes du Hamas alors que la famille s’était rendue au kibboutz Beeri pour rendre visite à un parent.
Sharon et Noam Avigdori ont finalement été libérées à l’issue de 50 jours de captivité, le 25 novembre, ainsi que quatre autres membres de la famille. Le frère de Sharon, Avshalom Haran, a été tué lors de l’attaque meurtrière du Hamas.
« Mon histoire personnelle s’est terminée et elle s’est bien finie », dit Avigdori dans le cadre d’un entretien accordé au Times of Israel. « Ma famille nucléaire est à nouveau réunie… Tout le monde va bien et c’est une bonne chose ».
Son épouse et sa fille ont repris leur quotidien. Sharon travaille et Noam va à l’école. « Nous sommes tous en thérapie », raconte Avigdori qui ajoute que c’est également le cas de l’aîné de la fratrie, Omer, qui est âgé de 16 ans.
Mais Avigdori est bien déterminé, par ailleurs, à ne pas abandonner sa nouvelle « famille » – les proches des otages qu’il a rencontrés pendant les douloureuses semaines qui ont suivi le 7 octobre, des semaines où ils ont tous fait front commun dans l’attente, déclare-t-il.
« Je ne peux pas leur dire : ‘Allez, salut, ce n’est plus mon problème dorénavant’, » dit Avigdori. « C’est le code de moralité qui est le mien. Nous sommes dans le même combat ».

Il reste profondément engagé en faveur du retour des otages kidnappés le 7 octobre qui se trouvent encore dans les geôles du Hamas. Il considère que la question concerne toute la nation et qu’il est de la responsabilité du gouvernement d’obtenir leur remise en liberté au nom de ses idéaux sionistes.
Avigdori, qui est en train de boire son café du matin en fumant une cigarette, montre du doigt le drapeau israélien qui est toujours accroché au balcon de son habitation de Hod Hasharon alors que nous nous entretenons via Zoom.
Depuis le retour de son épouse et de sa fille, Avigdori consacre tout son temps au Forum des otages qui l’a soutenu, ainsi que sa famille. Il y fait majoritairement un travail de relations publiques.
Il parle régulièrement à des groupes d’adolescents et à des groupes venus sur la Place des Otages, à Tel Aviv, en signe de solidarité ; il rencontre des firmes israéliennes pour les convaincre de s’impliquer dans la lutte pour les otages et il va à la Knesset, chaque semaine, parler aux députés pour leur transmettre les messages que lui confient les familles des captifs.
« J’ai toujours été bon avec les mots », s’exclame Avigdori, qui dit qu’il s’est intéressé à l’information dès un très jeune âge et qu’il a toujours voulu faire rire.

Parce que cela fait de nombreuses années qu’il travaille pour la télévision, il ne se laisse pas impressionner quand il rencontre des ministres. « Ce sont des gens comme nous », explique-t-il. « Je peux les regarder droit dans les yeux et je peux leur parler. Je suis toujours respectueux, mais je ne me laisse pas impressionner. Ce sont des responsables élus et c’est leur travail que d’être à notre service. »
Il reconnaît que tout le monde ne considère pas la cause des otages comme primordiale. Il indique avoir assisté à des réunions de commissions, au sein du parlement, qui avaient accueilli des veuves de guerre et des parents éplorés qui avaient perdu leur époux ou leur fils sur le front, à Gaza. Certains d’entre eux avaient affirmé que la campagne visant à éliminer la menace du Hamas ne devait pas être interrompue, même dans le cadre d’un accord permettant par ailleurs de rapatrier des otages sur le sol israélien, se disant convaincus que la pression militaire sera suffisante pour obtenir la remise en liberté des captifs.

Lorsqu’il s’entretient avec ceux qui nourrissent ce point de vue, Avigdori dit faire preuve de patience. « La patience est un mot qu’il est impossible d’utiliser avec les familles des otages. C’est comme utiliser un mot inapproprié pour décrire la race de quelqu’un, il y a des mots que vous ne pouvez tout simplement pas prononcer », déclare-t-il. « L’armée ne peut pas sauver l’intégralité des 134 otages et le temps manque dorénavant pour eux. Quand vous leur expliquez cette équation, alors les gens comprennent pourquoi nous prônons la conclusion d’un accord et pourquoi nous voulons un accord maintenant ».
Avigdori note qu’aujourd’hui, il consacre tous ses efforts à soutenir et à promouvoir un accord sur les otages. « Il y a une fenêtre en ce moment qui est ouverte et nous ignorons quand elle pourra encore se rouvrir. Alors il faut sauter sur l’occasion et j’œuvre personnellement en faveur de cela. »

Il a suivi de près une marche de quatre jours qui a récemment eu lieu au sein de l’État juif – les familles des otages et leurs soutiens ont ainsi relié le kibboutz Reïm, où des centaines de personnes avaient été tuées et prises en otage par le Hamas alors qu’elles prenaient part à la rave-party Supernova, à Jérusalem.
Avigdori et sa famille ont pris part à la marche dans la journée du vendredi.
« Cette dernière marche a entraîné un changement significatif », dit Avigdori, évoquant une autre qui avait eu lieu au mois de novembre, une dizaine de jours avant la trêve d’une semaine qui avait permis à son épouse, à sa fille et à 103 autres captifs de recouvrer la liberté.
Si certains dirigeants étrangers avaient fait part de leur optimisme concernant la finalisation d’un deuxième accord sur les otages avant le début du mois sacré du ramadan, ce n’est finalement pas arrivé.
Mais Avigdori espère encore.
« Après la dernière marche, trois membres du cabinet avaient changé d’avis et deux jours plus tard, cela avait été le cas du Premier ministre », explique-t-il. « Et nous savons qu’un accord permet réellement de faire libérer des otages ».
Concernant le travail, Avigdori dit avoir quelques idées mais les laisser de côté pour le moment, même s’il ne gagne pas d’argent et que la création lui manque. Il estime aussi qu’il y a un besoin très réel de comédie et de satire, même en période de guerre.

« Il n’est jamais trop tôt pour rire des choses », dit Avigdori, qui ajoute que quand il donne ses cours de scénario à l’université d’Ariel, il raconte de nombreuses plaisanteries, notamment une blague qu’il partage avec ses étudiants à chaque début de semestre, une blague que deux fillettes avaient racontée alors qu’elles se trouvaient à bord du train qui les emmenait à Auschwitz. « Je ne remporte jamais beaucoup de succès quand je la raconte mais si deux petites juives ont pu la raconter là où elles se trouvaient, cela veut dire que l’humour a sa place partout ».
Il partagera une nouvelle fois cette blague quand le prochain semestre commencera, mi-avril, même si le pays est actuellement plongé dans la guerre et dans la crise des otages.
L’humour, dit Avigdori, « est une protection. Mon épouse en a, mon fils et ma fille en ont, je suis sûr que ça leur vient en aide et je ne suis pas ce genre de personnalité puritaine à dire : ‘C’est trop tôt’. Non, c’est toujours le bon moment. »
... alors c’est le moment d'agir. Le Times of Israel est attaché à l’existence d’un Israël juif et démocratique, et le journalisme indépendant est l’une des meilleures garanties de ces valeurs démocratiques. Si, pour vous aussi, ces valeurs ont de l’importance, alors aidez-nous en rejoignant la communauté du Times of Israël.

Nous sommes ravis que vous ayez lu X articles du Times of Israël le mois dernier.
C'est pour cette raison que nous avons créé le Times of Israel, il y a de cela onze ans (neuf ans pour la version française) : offrir à des lecteurs avertis comme vous une information unique sur Israël et le monde juif.
Nous avons aujourd’hui une faveur à vous demander. Contrairement à d'autres organes de presse, notre site Internet est accessible à tous. Mais le travail de journalisme que nous faisons a un prix, aussi nous demandons aux lecteurs attachés à notre travail de nous soutenir en rejoignant la communauté du ToI.
Avec le montant de votre choix, vous pouvez nous aider à fournir un journalisme de qualité tout en bénéficiant d’une lecture du Times of Israël sans publicités.
Merci à vous,
David Horovitz, rédacteur en chef et fondateur du Times of Israel