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Salaires des terroristes palestiniens : Londres gèle 27 M € d’aide à l’AP

Le Royaume-Uni affirme vouloir lancer une enquête pour savoir si l’AP a utilisé les fonds des pays donateurs pour financer les rétributions versées aux condamnés pour terrorisme dans les prisons israéliennes

Des prisonniers en détention en Israël. Illustration. (Crédit : Moshe Shai/Flash90)
Des prisonniers en détention en Israël. Illustration. (Crédit : Moshe Shai/Flash90)

Le département britannique du Développement International aurait gelé une partie de ses aides accordées à l’Autorité palestinienne (AP), craignant que l’aide concernée ne soit utilisée pour financer les salaires de terroristes palestiniens condamnés.

Cette initiative serait suspendue en l’attente des résultats d’enquête sur la pratique, rapporte le quotidien The Sun.

Les responsables de l’AP se sont ouverts au sujet de leur politique visant à octroyer des salaires et autres avantages aux prisonniers palestiniens détenus dans les prisons israéliennes, y compris ceux condamnés pour meurtre ou terrorisme par les tribunaux israéliens, ainsi qu’à leurs familles s’ils sont morts lors d’attentats-suicide.

Mais l’AP affirme que depuis 2014, ces fonds ont été payés par l’Organisation de Libération de la Palestine (OLP) et non sur le propre budget de l’AP, et qu’ils n’ont donc pas été tirés des subventions au développement accordées par les gouvernements donateurs.

Des voix plus critiques font remarquer que les chefs respectifs de l’AP et de l’OLP sont les mêmes individus, insistant sur le fait que l’OLP utilise bien les finances de l’AP pour les dits paiements.

Au début de l’été, des législateurs britanniques ont réclamé un passage à l’acte après des révélations selon lesquelles les aides britanniques – initialement destinées à payer les salaires des fonctionnaires de Gaza – auraient été transférées à l’OLP, qui aurait utilisé l’argent afin de financer les paiements des terroristes.

Ainsi, plus de 100 000 dollars auraient été remis à un terroriste du Hamas. D’autres sommes d’argent importantes auraient par ailleurs été remises aux familles de kamikazes et d’adolescents ayant commis des agressions à l’encontre d’Israéliens.

Le Département du Développement International avait déjà admis que l’OLP faisait des provisions “d’aide sociale” pour les familles de détenus mais avait exclu le fait que les aides britanniques pouvaient être détournées à cet effet.

La nouvelle secrétaire du Département du Développement international, la parlementaire Priti Ratel, aurait ordonné un examen du rôle exact assumé par l’AP dans le financement des salaires des terroristes, gelant effectivement quelque 25 millions de livres (un peu plus de 27 millions d’euros) pour l’année fiscale en cours, ce qui représente environ un tiers de l’aide britannique versée à l’AP.

Une source proche du gouvernement et qui a voulu conserver l’anonymat aurait déclaré au Sun : « Nous ne cessons pas nos versements à l’Autorité palestinienne, nous ne faisons que les reporter à une date où nous aurons la certitude que notre argent n’ira pas à des personnes qui ne feront rien en retour ».

Cette initiative survient après le gel, cet été, des subventions britanniques octroyées à World Vision, une organisation humanitaire dont le directeur, à Gaza, a été accusé par Israël d’utiliser l’argent donné pour financer des fournitures et des activités à la demande des dirigeants du Hamas.

Dans un communiqué émis vendredi, l’organisme cadre des Juifs britanniques, le Conseil des Représentants, a salué la décision prise par Patel.

“Le Conseil des Représentants des Juifs britanniques salue le rapport stipulant que la Secrétaire du Développement International Priti Patel a ordonné la suspension du paiement des aides versées à l’Autorité palestinienne afin d’enquêter sur les affirmations selon lesquelles l’argent des contribuables britanniques serait versée aux terroristes et à leurs familles à travers l’Organisation de Libération de la Palestine”, a fait savoir le groupe.

Priti Patel (Crédit : Wikipedia/Russell Watkins/Department for International Development/CC BY 2.0)
Priti Patel (Crédit : Wikipedia/Russell Watkins/Department for International Development/CC BY 2.0)

Le communiqué reprend également les propos de son vice-président Richard Verber qui déclare pour sa part que “nous ne contestons pas le soutien apporté par le gouvernement britannique au développement réel dans les territoires palestiniens. Toutefois, nous avons été pendant longtemps préoccupés par l’assertion du Département du Développement international selon laquelle l’argent des impôts britanniques ne finance, et ce de manière catégorique, ni le terrorisme ni l’incitation au terrorisme. Nous saluons cette initiative et espérons qu’une enquête solide et approfondie sera menée. Nous voudrions également remercier les membres du Parlement et les organisations des médias qui ont fait état de nos inquiétudes de manière croissante au cours de ces derniers mois.”

Le caucus parlementaire des Amis conservateurs d’Israël a également exprimé sa satisfaction suite à l’initiative.

“L’annonce faite aujourd’hui est un pas important vers la paix et vers ceux qui y oeuvrent de toute part. Elle adresse un coup de semonce à l’Autorité palestinienne”, a expliqué le président du groupe, le parlementaire Eric Pickles, et son président honoraire, membre de la Chambre des Lords, Stuart Polak dans un communiqué.

“En tant que nouvelle secrétaire d’Etat pour le développement international, Priti Patel a agi rapidement afin de se confronter à un abus ancien concernant l’argent d’une aide internationale dont les intentions sont bonnes. Cette annonce profitera aux habitants de la Palestine car le financement sera opéré de manière non-ambiguë et se concentrera sur la coexistence, le développement économique et la paix ».

Les pressions exercées sur l’AP pour repenser son soutien aux terroristes condamnés – soutien exprimé à travers des salaires versés et des célébrations publiques de leurs actions – sont croissantes au sein des gouvernements occidentaux donateurs.

Au mois de septembre, le Times of Israel rapportait en exclusivité que le gouvernement allemand avait admis pour la première fois que l’Autorité palestinienne accordait un soutien financier aux terroristes et à leurs familles, s’engageant à enquêter davantage sur ce dossier.

Le ministère des Affaires étrangères, à Berlin, a ainsi répondu aux demandes répétées formulées par un législateur de l’opposition en reconnaissant que les fonds versés à des soi-disants “martyrs” et à des prisonniers palestiniens détenus dans les lieux de détention israéliens pour des condamnations relatives à des affaires de sécurité ne venaient pas seulement de l’OLP mais aussi partiellement du propre budget de l’AP.

L’Allemagne fournit une aide annuelle de environ 160 millions d’euros (179 millions de dollars), mais insiste sur le fait que l‘argent est uniquement consacré à des projets spécifiques de développement et non aux “salaires” voués aux Palestiniens détenus dans les prisons israéliennes ou aux proches de terroristes kamikazes.

“Il y a des institutions palestiniennes qui versent de l’argent aux familles de ceux qui se trouvent incarcérés en Israël et aux familles des tués ou des blessés. Parmi eux, il y a également des proches des assaillants », indique un document du ministère des Affaires étrangères en date du 12 septembre, dont la copie a été obtenue par le Times of Israel.

Le document souligne que des prisonniers palestiniens obtiennent un soutien financier de la part de la Commission de l’OLP des Affaires des Prisonniers et des anciens détenus parce que l’AP a cessé de faire ses propres paiements aux prisonniers après la dissolution de son ministère éponyme, il a deux ans.

« Le gouvernement fédéral enquête sur des indications tendant à montrer que l’Autorité palestinienne a soutenu dans des cas individuels le budget de la Commission pour les Prisonniers de l’OLP », établit le document.

De plus, les familles des Palestiniens tués ou blessés par les forces de sécurité israéliennes, ou ceux qui ont attaqué les troupes israéliennes, reçoivent des soutiens financiers, reconnaît le document. « Ces paiements apparaissent comme provenir d’un fonds pour les personnes décédées ou blessées, ce qui ne fait pas partie du budget de l’OLP mais qui est payé par celui de l’AP ».

Le document a été envoyé au parlementaire Volker Beck, qui est à la tête du Groupe d’Amitié Parlementaire germane-israélien, en réponse à une seconde requête qu’il avait faite le 22 août après que la réponse apportée par le gouvernement à une interrogation précédente l’ait laissé insatisfait.

Le député écologiste Volker Beck (Crédit : Capture d'écran YouTube)
Le député écologiste Volker Beck (Crédit : Capture d’écran YouTube)

Berlin affirme ne pas financer l’OLP mais seulement des projets spécifiques émanant de l’AP, en particulier dans les secteurs du développement, de la culture, de l’éducation, de l’aide humanitaire et dans la prévention de la crise civile.

“S’il est confirmé que des parties de ces paiements décrits [aux prisonniers palestiniens ou à leurs familles] proviennent du budget de l’Autorité palestinienne, le Gouvernement Fédéral gérera la question avec l’Autorité palestinienne et les autres partenaires », indique le document.

« L’Autorité palestinienne et l’OLP sont appelées à prendre toutes les initatives nécessaires pour contrer l’incitation à la violence et accroître leurs efforts dans la lutte contre contre le terrorisme”.

En 2014, le president de l’AP Mahmoud Abbas — qui est également à la tête de l’OLP – avait fermé le ministère des Prisonniers et des Ex-Détenus de l’AP, le convertissant en une commission directement subordonnée à l’OLP.

Cette initiative avait été perçue comme une tentative d’évitement de la pression internationale. L’AP est « en train de programmer une ruse pour maintenir les salaires mais pour transférer la responsabilité des paiements de l’AP à l’OLP », avait indiqué à ce moment-là Palestinian Media Watch dans un communiqué de presse, notant qu’Abbas, à la tête de l’OLP, « continuera à être directement responsable des salaires versés aux prisonniers », avait indiqué ce groupe de veille dans une déclaration.

“L’objectif de cette initiative délibérément trompeuse était de lever la pression exercée sur l’AP par les pays donateurs qui ne souhaitaient pas que leur argent soit utilisé pour servir de soutien au terrorisme”, avait déclaré pour sa part Yigal Carmon, président du Middle East Media Research Institute (MEMRI), devant le comité des Affaires Etrangères de la Chambre des Représentants des Etats-Unis au mois de juillet.

« Toutefois, les bureaux sont restés les mêmes et le responsable en charge est resté le même mais sous un nouveau titre. La source de cet argent reste l’AP, qui le reçoit de la part des pays donateurs, et l’organisme de supervision ne reste rien d’autre que l’AP. »

Au début du mois d’août, Beck, membre du Parti des Verts, avait demandé par écrit ce que le gouvernement savait des paiements octroyés par l’AP aux prisonniers et aux proches des kamikazes et des terroristes blessés pendant leur opération.

Répondant au nom du gouvernement, le ministre des Affaires étrangères allemand Frank-Walter Steinmeier avait établi que l’AP avait cessé ses paiements aux prisonniers après la dissolution du ministère des Affaires des Prisonniers en 2014, et que l’OLP soutenait les familles des Palestiniens détenus sur le sol israélien.

“La partie palestinienne justifie cela en soulignant la nécessité d’empêcher que ces familles ne tombent dans la pauvreté, que les Palestiniens considèrent souvent comme des victimes de sanctions collectives, au même titre que la démolition des logements et la révocation des permis de travail. L’ampleur de ce soutien dépend, entre autres, de la durée de l’incarcération », avait écrit Steinmeier.

« A la connaissance du Gouvernement Fédéral, il n’y a aucune distinction faite entre les raisons des détentions ».

Frank-Walter Steinmeier (Crédit : Kuebi = Armin Kübelbeck/Domaine public/Wikimedia commons)
Frank-Walter Steinmeier (Crédit : Kuebi = Armin Kübelbeck/Domaine public/Wikimedia commons)

Dans sa réponse écrite à Beck, Steinmeier ne s’était pas référé aux paiements octroyés aux terroristes palestiniens et à leurs familles.

Beck s’est dorénavant engagé à faire avancer Berlin sur le dossier.

“C’est une bonne chose que ce ‘refus de savoir’ du gouvernement puisse prendre fin maintenant”, déclare Beck au Times of Israel. “L’Allemagne et l’Union européenne doivent clairement montrer à l’Autorité palestinienne et à l’OLP que l’argent donné aux terroristes et à leurs proches est inacceptable et que cela ne restera pas sans conséquences”.

Il est inconcevable que les contribuables allemands puissant financer une institution qui rémunère la famille de Hallel Ariel, poursuit-il. Ariel, 13 ans, avait été poignardée à mort dans son sommeil dans sa maison de Kiryat Arba, le 30 juin.

Hallel Yaffa Ariel, 13 ans, poignardée à mort dans son lit par un terroriste palestinien à Kyriat Arba, en Cisjordanie, le 30 juin 2016. (Crédit : autorisation de la famille, Yonatan Sindel/Flash90)
Hallel Yaffa Ariel, 13 ans, poignardée à mort dans son lit par un terroriste palestinien à Kyriat Arba, en Cisjordanie, le 30 juin 2016. (Crédit : autorisation de la famille, Yonatan Sindel/Flash90)

Comme il apparaît dans la réponse donnée le 1er septembre par le gouvernement, Berlin a conscience de la manière dont fonctionne le système qui soutient les terroristes et leurs familles, dit Beck.

“Mais qu’ils aient fermé les yeux [face à] cette question reste incompréhensible. Quand j’ai soulevé ce problème en 2014 devant le ministre palestinien des Affaires sociales, il a mis un terme à notre déjeuner de façon très brutale. De hauts responsables du Bureau de la représentation allemande à Ramallah étaient représentés lors de ce déjeuner ».

Conformément à la loi palestinienne, Ramallah verse environ 170 millions de dollars par an aux prisonniers et aux familles de terroristes. Les subventions mensuelles versées aux détenus augmentent selon la durée de leur incarcération.

Selon MEMRI, ces subventions sont estimées à 364 dollars par mois (1 500 NIS) pour une condamnation allant jusqu’à trois ans à 3 120 dollars (soit 13 000 NIS) pour une peine de trente ans et plus. Il y a un bonus de 78 dollars s pour les terroristes de Jérusalem et un de 130 dollars pour les terroristes arabes israéliens.)

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