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Saoud al-Fayçal remplacé après 40 ans à la tête de la diplomatie saoudienne

Agé de 75 ans, le prince Fayçal "a demandé à être relevé de ses fonctions pour raisons de santé"

Le prince Saoud al-Fayçal, ministre des Affaires étrangères saoudien (Crédit : Département d'Etat américain/Wikimedia commons)
Le prince Saoud al-Fayçal, ministre des Affaires étrangères saoudien (Crédit : Département d'Etat américain/Wikimedia commons)

Le prince Saoud al-Fayçal, chef de la diplomatie de l’Arabie saoudite depuis 40 ans, a été relevé de ses fonctions et remplacé par l’ambassadeur saoudien à Washington, Adel al-Jubeir, selon un décret royal publié mercredi.

Agé de 75 ans, le prince Fayçal « a demandé à être relevé de ses fonctions pour raisons de santé », selon le décret publié par l’agence officielle saoudienne SPA, qui précise qu’il a été nommé conseiller et émissaire spécial du roi Salmane.

Dans le cadre de ce remaniement, le roi a également remplacé son héritier au trône, le prince Moqren, par le ministre de l’Intérieur Mohammed ben Nayef, qui était jusqu’à présent deuxième dans l’ordre de succession.

Une semaine après avoir accédé en janvier dernier au trône de la première puissance pétrolière du monde, le roi Salmane avait maintenu à son poste le prince Fayçal à l’occasion d’un important remaniement qui avait vu le limogeage notamment de deux fils de l’ancien roi Abdallah, son demi-frère décédé à 90 ans.

Seul ministre des Affaires étrangères au monde à être en poste depuis aussi longtemps, le prince Saoud souffre de divers problèmes de santé. Il éprouve des difficultés à marcher et a subi en janvier une opération du dos aux Etats-Unis.

Le prince Saoud a servi quatre rois et incarne depuis quatre décennies la politique extérieure de l’Arabie saoudite.

Mercredi, par décret royal également, l’un des fils du roi, le prince Mohammed ben Salmane, a été nommé second dans l’ordre de succession au trône. Il conserve par ailleurs ses fonctions de ministre de la Défense.

Mohammed ben Salmane, fils du roi d’Arabie en pleine ascension

Certains l’appellent « l’homme fort » d’Arabie : le jeune Mohammed ben Salmane, fils du roi et ministre de la Défense nommé mercredi futur prince héritier, est sous les projecteurs depuis le début de la guerre au Yémen.

Deux mois après sa nomination ministérielle en remplacement de son père devenu roi, le prince a été propulsé sur le devant de la scène le 26 mars avec l’intervention militaire d’une coalition dirigée par le royaume saoudien sunnite contre des rebelles chiites au Yémen liés à l’Iran.

Depuis, des avions de combat de Ryad mènent des frappes quotidiennes dans ce pays voisin et des troupes au sol échangent des tirs avec des insurgés à la frontière yéménite. Huit soldats saoudiens ont déjà été tués dans ces accrochages.

Un mystère entoure l’âge exact du prince Mohammed qui porte une barbe bien taillée. Selon des experts et des médias, il a entre 30 et 35 ans.

Comme si la responsabilité de la défense du royaume n’était pas suffisante, le jeune ministre a été nommé mercredi second dans l’ordre de succession au trône et élevé au rang de deuxième vice-Premier ministre. Il présidait déjà le Conseil des affaires économiques et de développement.

Le décret royal annonçant sa promotion souligne les « grandes capacités » de Mohammed ben Salmane qui a fait ses preuves « pour toutes les missions qui lui ont été confiées ».

« C’est l’homme fort de l’Arabie saoudite », affirmait récemment une source diplomatique occidentale. « Il supervise tout ce qui est important dans son pays ».

Le prince Mohammed occupe « une position avec un pouvoir immense dans une monarchie absolue », a écrit Bruce Riedel, ancien officier de la CIA qui dirige The Brookings Intelligence Project à Washington.

M. Riedel a expliqué que ce fils du roi supervise la sécurité du royaume en coordination avec le ministre de l’Intérieur Mohammed ben Nayef, nommé mercredi prince héritier, et le prince Mitab ben Abdallah, ministre de la Garde nationale.

Une biographie de la Misk Foundation, que ben Salmane a créée pour le développement de la jeunesse, indique que le prince a eu « une carrière professionnelle de 10 ans » et qu’il a été actif dans les affaires et la philanthropie.

Titulaire d’une licence en droit de l’université du roi Saoud, il est devenu en 2009 conseiller spécial de son père Salmane, qui était à l’époque gouverneur de Ryad, avant de diriger le cabinet princier en 2013 quand son père est devenu prince héritier.

En avril 2014, le prince Mohammed est devenu secrétaire d’Etat et membre du gouvernement, avant sa nomination comme ministre de la Défense et chef du cabinet royal le 23 janvier 2015, jour où son père a succédé au roi Abdallah, mort à 90 ans.

Le prince Mohammed « a la réputation d’être agressif et ambitieux », a affirmé M. Riedel.

La guerre au Yémen l’a placé au centre de l’échiquier d’un royaume qui a désormais une posture régionale beaucoup plus affirmée, comparée au règne d’Abdallah.

Aussi bien Mohammed ben Salmane que Mohammed ben Nayef « sont crédités pour la manière exemplaire dont cette guerre a été menée jusqu’ici militairement et politiquement », a affirmé un conseiller saoudien, sous couvert d’anonymat.

Des photos de presse ont montré le jeune ministre de la Défense recevant ses homologues étrangers et, à une occasion, se penchant sur un soldat saoudien blessé pendant le conflit au Yémen.

Sur Twitter, réseau social très utilisé en Arabie, l’action du prince est régulièrement saluée.

Il est « fort et brave », a assuré un utilisateur, bien qu’un autre l’ait surnommé « le Saoudien téméraire qui n’a pas d’expérience dans la guerre ».

La source diplomatique a noté que comme le prince est un civil, « on peut se demander à quel point il écoute » les militaires.

Mais une autre source, qui suit ces questions, a affirmé que Mohammed ben Salmane travaillait apparemment en bonne entente avec les forces armées. Le roi « lui donne sa chance », « c’est une opportunité unique pour lui de montrer qu’il est efficace ».

« Il y a une fluidité remarquable entre le leadership politique et les hauts gradés en charge des opérations au jour le jour », a relevé Nawaf Obaid, expert en relations internationales à l’université américaine Harvard.

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