Selon des étudiants juifs, le 7 octobre donnera lieu sur les campus de Montréal à des hommages au Hamas
Malgré les mesures prises par McGill et Concordia contre l'antisémitisme, des organisations continuent de glorifier le terrorisme du Hamas, au grand dam des Juifs canadiens
Des groupes d’étudiants indépendants précédemment affiliés aux universités McGill et Concordia, à Montréal, ont suscité l’indignation avec leur projet de « déluge » sur le campus à l’occasion du premier anniversaire de l’attaque terroriste du 7 octobre dans le sud d’Israël, baptisée par le Hamas « Déluge d’Al-Aqsa ».
L’événement, présenté comme un hommage à « la brèche historique ouverte sur le mur frontalier colonial et l’année de résistance palestinienne », invite les étudiants à quitter les cours et « envahir » le campus pour protester contre ce que les organisateurs qualifient d’ « année entière de génocide ».
La publicité qui en est faite s’appuie sur la photo de Gazaouis en train de jubiler, juchés sur un véhicule militaire israélien volé, le 7 octobre 2023 – image interprétée par beaucoup comme la glorification des actes terroristes.
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Pour nombre d’étudiants juifs, cette manifestation est plus qu’un symbole : c’est à leurs yeux le point culminant d’une année d’hostilité et de peur.
« C’est une nouvelle manière de nous déshumaniser et de se réjouir de nos morts », estime Ora Bar, récente diplômée de Concordia et militante du plaidoyer pro-israélien. « S’ils les laissent rendre hommage à des assassins, cela montrera clairement la direction que prend le Canada. »
Cette manifestation programmée n’est que l’une des nombreuses actions des activistes pro-Hamas qui font dire à de nombreux étudiants juifs qu’ils font face à de l’antisémitisme et des intimidations depuis maintenant un an.
Bar parle de la tension constante, sur le campus, depuis les événements du 7 octobre 2023, lorsque des milliers de terroristes dirigés par le Hamas ont pris d’assaut le sud d’Israël, où ils ont assassiné avec une grande brutalité 1 200 hommes, femmes et enfants, et fait 251 otages retenus dans la bande de Gaza.
« Cela fait un an que nous assistons ouvertement à une glorification de la violence », poursuit-elle en évoquant le souvenir de manifestations, à Montréal, durant lesquelles les organisateurs distribuaient des confiseries tout en se réjouissant des attaques contre les Israéliens, peu de temps après le massacre.
« Ce qui se passe aujourd’hui avec cette manifestation n’est que la continuation de notre déshumanisation, sur laquelle on ferme les yeux. »
Pour nombre d’étudiants juifs, l’absence de réaction des dirigeants universitaires aux précédents incidents, dont les campagnes du mouvement Boycott, Désinvestissement et Sanctions (BDS) – qui fait face à des accusations d’antisémitisme – et la diffusion de listes de commerces à boycotter car appartenant à des Juifs, ne fait que creuser leur sentiment de vulnérabilité et de peur sur le campus.
Selon un récent rapport de l’Anti-Defamation League (ADL), les incidents antisémites aux États-Unis ont énormément augmenté depuis le 7 octobre, avec des tendances particulièrement inquiétantes sur les campus.
Très alarmante est à ce titre la hausse de 434 % des messages antisémites violents sur les plateformes de réseaux sociaux telles que X ou Telegram le jour-même de l’attaque.
Par ailleurs, les manifestations qui ont secoué les États-Unis ont mis en évidence l’existence d’un soutien explicite à des organisations terroristes telles que le Hamas, le Hezbollah ou encore le Front populaire de libération de la Palestine (FPLP) : les manifestants scandaient des slogans tels que « Vive l’Intifada » et agitaient des banderoles avec le visage de terroristes condamnés.
Tout aussi choquant est le fait que les affichettes concernant les otages aient été systématiquement vandalisées voire arrachées, particulièrement lors d’événements en présence de rescapés du massacre du 7 octobre. De tels fais se sont produits à 57 reprises au moins sur les campus américains dans les douze mois qui ont suivi le pogrom, signe d’une tendance inquiétante à minimiser ou nier la souffrance des Juifs.
La grève prévue à McGill et à Concordia souligne à quel point les manifestants anti-Israël gardent une longueur d’avance sur les administrateurs de l’université et les forces de l’ordre.
En juillet dernier, un campement commencé depuis des mois à McGill a été démantelé par un service de sécurité privée. À la fin de l’été, les universités McGill et Concordia ont officiellement rompu toute relation avec leur section universitaire de Students for Palestine’s Honour and Resistance (SPHR), le groupe à l’origine de l’événement prévu le 7 octobre.
La Jewish community organization Federation (CJA) prévoit elle aussi une « Veillée d’unité étudiante » sur le campus de McGill le 7 octobre « en hommage à ceux que nous avons perdus et en solidarité avec les otages toujours détenus ».
D’autres événements anti-israéliens sont prévus le 7 octobre dans les universités et villes des États-Unis et nombre d’entre eux suscitent la polémique en raison de ce que leurs contempteurs qualifient de glorification de la violence et du terrorisme.
À New York, plusieurs événements étaient prévus pour le week-end du 5 octobre et le 7 octobre, à plusieurs endroits de la ville, et notamment un « NYC Student Walkout » revenant sur « Une année d’intifada étudiante ».
Ces événements, comme ceux qui se déroulent dans les universités montréalaises, sont présentés comme des actes de solidarité avec les Palestiniens, mais ils sont condamnés par les organisations juives qui y voient de dangereuses manifestations d’antisémitisme.
La prévalence de ces événements alimente l’inquiétude autour de la sécurité des étudiants juifs sur les campus, ce qui a donné lieu à des manifestations et contre-manifestations dans plusieurs établissements. Certaines, comme l’Université Tufts, auraient sanctionné des organisations étudiantes pro-palestiniennes pour les manifestations programmées le 7 octobre.
« SPHR n’est pas affiliée à l’Université McGill et utilise le nom de McGill sur les réseaux sociaux sans y être autorisé », précise le Bureau des relations avec les médias de McGill. « L’Université a officiellement informé Meta et Twitter/X que le groupe utilisait le nom de McGill sans autorisation et a exigé que Meta et Twitter/X retirent le nom de McGill de ce compte.
Malheureusement, Meta et Twitter/X laissent encore le compte d’utiliser le nom de McGill sans autorisation. Ni le SPHR McGill ni le SPHR Concordia n’ont répondu aux demandes de commentaires concernant l’événement ou leur participation.
Selon Hank Topas, directeur régional de B’nai Brith pour le Québec, les manifestants sur les campus ont recours à des stratégies toujours plus créatives pour contourner les interdits des autorités universitaires ou des forces de l’ordre de l’université. L’une d’entre elles consiste à mettre en place des « mini-campements », où des groupes pro-Hamas ou anti-Israël se rassemblent soudainement à l’extérieur ou à l’intérieur des salles de classe pour scander des slogans et perturber les cours.
« Ils arrivent, font irruption dans une classe ou s’installent devant une salle de classe en faisant du bruit et en scandant leurs slogans haineux habituels », explique Topas. Ces manifestations spontanées durent souvent une vingtaine de minutes jusqu’à l’arrivée de la sécurité : le temps pour la police d’arriver et « le cours est terminé : tout le monde a disparu », ajoute-t-il.
Topas explique qu’il s’agit de harceler les étudiants juifs et sympathisants d’Israël et créer une atmosphère d’intimidation sans pour autant faire face aux possibles conséquences judiciaires.
Les manifestations sur les campus débordent les seules universités et frappent l’ensemble de la communauté juive de Montréal, avec notamment des manifestations nocturnes près du consulat d’Israël à Westmount.
« Il y a des manifestations nocturnes à grand renfort de tambours, des haut-parleurs », précise Topas.
Les manifestations, qui se sont déroulées à proximité d’un quartier résidentiel dans lequel vivent de nombreuses personnes âgées juives, ont bouleversé la communauté locale.
Malgré les efforts de B’nai Brith et les réunions avec les différentes instances locales, M. Topas se dit déçu de « l’approche quasiment non interventionniste », en particulier celle de la mairesse de Montréal, Valérie Plante, qui, dit-il, n’apporte aucun soutien à la communauté juive.
La police a bien tenté d’intervenir mais le résultat est plutôt limité, ce qui nourrit le sentiment d’insécurité des habitants juifs de Montréal.
Les étudiants juifs de McGill ne partagent pas tous les préoccupations des organisations telles que B’nai Brith. C’est le cas de cet étudiant juif de gauche, s’exprimant sous couvert d’anonymat, qui nie ce qu’il qualifie de « mouvement de panique » autour de la question de la sécurité des Juifs sur le campus.
« Je n’ai pas le sentiment qu’il y ait beaucoup d’antisémitisme », dit-il. L’étudiant se dit par ailleurs mal à l’aise face à la présence accrue des forces de sécurité : « McGill a recruté des tonnes de personnels de sécurité, ce qui, à mon avis, concourt à ce sentiment d’insécurité sur le campus. On a l’impression d’être surveillés en permanence. »
Même s’il n’approuve pas la manifestation du 7 octobre, qu’il ne trouve pas « en ligne avec les causes qu’il soutient », il explique : « Je ne pense pas que je me sentirai en danger. »
Il ajoute : « J’approuve le principe des manifestations de désobéissance », tout en estimant que le discours actuel ne fait qu’attiser les tensions, et ce en pure perte.
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