Shapira : l’IAI a donné 180 M de NIS à de puissants syndicats, sans contrôle
Sous la direction de l'actuel ministre des Affaires sociales, le syndicat de l'aéronautique a reçu 15 M de NIS de fonds publics par an pour salaires et autres coûts non justifiés

Les Industries de l’aéronautique israéliennes (IAI) gérées par l’État ont versé 15 millions de NIS (environ 3,5 millions d’euros) chaque année à leur puissant syndicat, d’après un rapport de médiation publié dimanche, qui qualifie ces découvertes de « graves ».
D’après le rapport du contrôleur de l’État Yossef Shapira, l’IAI a octroyé 180 millions de NIS (46 millions d’euros environ) à son syndicat entre 2006 et 2018 et a dérogé aux obligations de justifications financières de ces transactions. Pendant cette période, Haim Katz, actuel ministre des Affaires sociales représentant du Likud, et son fils Yair étaient au commande du syndicat.
« Pendant des années, l’entreprise a transféré des sommes considérables – des dizaines de millions de shekels – tirées de fonds publics pour payer les salaires et les dépenses liées, sans demander au syndicat de signaler l’identité des salariés concernés ni les coûts liés à leur emploi dans l’entreprise, et sans vérifier l’intégralité des rapports financiers du syndicat. De même qu’il n’a pas contrôlé l’utilisation de ces fonds ,» rapporte le contrôleur d’État.
Des cadres du syndicat ont également profité d’avantages, tels que des voitures de fonction, et ont également eu droit au paiement de dizaines d’heures supplémentaires hebdomadaires, suite à des arrangements non supervisés, ajoute Shapira. Certains travaillaient à plein temps pour le syndicat plutôt que pour l’entreprise, et d’autres employés étaient « empruntés » à l’IAI pour être au service du syndicat.
Les liens entre l’IAI et son syndicat étaient si biaisés que le premier semblait servir le deuxième, indique Shapira.
Le contrôleur considère ces révélations comme graves : « ces activités doivent cesser immédiatement. »
Il note également dans son rapport que le syndicat Histadrout et des membres de celui de l’IAI avaient envoyé une pétition à la Haute Cour de justice pour tenter de l’empêcher d’enquêter sur ces versements. Ils ont par la suite demandé la suppression de cette pétition.

En février dernier, la police annonçait disposer de preuves suffisantes pour inculper Katz, son fils et des hauts responsables de l’IAI de corruption.
En mai, le procureur général Avichai Mandelblit avait informé Katz qu’il comptait le poursuivre pour corruption, fraude et abus de confiance.
Mais aucune inculpation n’a été prononcée pour le moment.
D’après la police, Katz, député depuis 1999, a utilisé sa fonction de directeur pour servir ses propres intérêts, notamment en promettant des emplois bien rémunérés – au sein de l’entreprise et ailleurs – à des membres dirigeants de l’IAI qui coopéraient avec lui.
De même, Katz aurait enfreint une directive de Mandelblit, qui avait exigé du ministre qu’il prenne ses distances avec ces membres dirigeants en attendant la nomination d’un nouveau directeur.

Ces soupçons de corruption au sein de l’IAI avaient été rendus publics l’année dernière quand la police avait perquisitionné les locaux de l’entreprise et arrêté 14 personnes, dont Yair Katz.
Haim Katz a été interrogé trois fois en 2017 par la Lahav 433, l’unité anti-corruption de la police. Le dernier interrogatoire mené en août avait duré plus de 10 heures.
Le syndicat de l’IAI, laquelle emploie 16 000 personnes et constitue la plus grande entreprise publique israélienne, est perçu comme étroitement lié à Katz, qui l’a dirigé pendant plus de 20 ans.