Shapiro : Trump est sur la bonne voie pour la paix au Moyen Orient
L'ancien ambassadeur américain en Israël a affirmé qu'étant donné ses bonnes relations avec les deux parties et son verbe acerbe sur Twitter, le président “est à son maximum en termes de marge de manœuvre”
Raphael Ahren est le correspondant diplomatique du Times of Israël
Si elle progresse rapidement, l’administration américaine est exceptionnellement bien placée pour faire des progrès conséquents sur le processus de paix israélo-palestinien, a déclaré lundi l’ancien ambassadeur américain en Israël, Dan Shapiro.
Étant donné les bonnes relations que le président américain Donald Trump a établi avec tous les acteurs principaux de la région, il leur sera difficile de refuser les demandes que lui et ses envoyés feront quand ils tenteront de relancer les négociations bilatérales, a analysé Shapiro quelques heures après que la Maison Blanche a annoncé qu’elle envoyait deux hauts responsables pour tenter de reprendre les négociations.
« Je pense qu’ils devraient avancer plus rapidement. Je pense que le président est à son maximum en termes de marge de manœuvre », a expliqué Shapiro durant une visioconférence organisée par The Israel Project. « Après ces interactions positives dans la région, il sera difficile pour n’importe quelle partie, dans la région, de lui dire non. Il a établi des relations amicales ; chaque partie veut en faire davantage pour approfondir ces bonnes relations avec lui. »
Le Premier ministre Benjamin Netanyahu et le président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas se sont rendus à la Maison Blanche pour rencontrer Trump, et l’ont ensuite accueilli durant son voyage dans la région, en mai. Trump a également rencontré d’autres décideurs de la région, notamment des diplomates jordaniens, égyptiens et saoudiens.

Lundi soir, un responsable de la Maison Blanche a indiqué que l’envoyé spécial pour les négociations internationales Jason Greenblatt, et le conseiller et gendre du président Jared Kushner se rendront cette semaine dans la région pour faire avancer le processus de paix.
Si Greenblatt a déjà emprunté la route entre Jérusalem et Ramallah à plusieurs reprises depuis l’élection de Trump, la présence de Kushner, considérée comme l’une des personnes les plus influentes de l’administration, augmente les enjeux, selon Shapiro.
« Ils mettent chaque partie au défi de dire non. Et j’imagine qu’ils ne le feront pas », a-t-il dit.
Si Kushner et Greenblatt venaient à présenter, au nom du président, des principes et des directives pour gérer le processus de négociations, aucune des parties ne voudra être celle qui les rejette, a prédit l’ancien ambassadeur.
Kushner et Greenblatt « ont une véritable opportunité de faire vite et de capitaliser la marge de manœuvre que le président a obtenu »
« Il diront peut-être ‘oui, mais’. Ils diront peut-être ‘oui’ avec une certaine réserve. Mais je pense qu’ils [Kushner et Greenblatt] ont une véritable opportunité de faire vite et de capitaliser la marge de manœuvre que le président a obtenu », a-t-il dit.
Shapiro a évoqué l’imprévisibilité de Trump, notamment son habitude de s’en prendre aux gens sur Twitter, et a expliqué qu’elle était à l’origine de la crainte des Israéliens et des Palestiniens à dire non à son administration. Sa manière de twitter « est un atout, dans ce contexte », et les dirigeants de la région craignent des représailles pour ce qui sera perçu comme de l’obstination, « ce qui lui donne davantage de pouvoir », a affirmé Shapiro, qui est désormais membre émérite de l’Institute for National Security Studies (INSS) de Tel Aviv.
Trump a été très clair sur ses attentes précises de la part de chaque partie, c’est-à-dire freiner la construction dans les implantations et mettre fin aux versements aux familles des terroristes, et a affirmé qu’il avait demandé aux états sunnites modérés de faire « un geste de normalisation envers Israël », a ajouté Shapiro.
« Il me semble que ses premières conversations ont conduit à un stade où l’heure est venue pour lui et pour son administration de mettre en avant leurs propres idées, peut-être de proposer des idées, peut-être de proposer des principes pour guider les négociations vers un statut final, et vers les étapes que chaque partie peut entreprendre pour soutenir cette initiative », a expliqué Shapiro, qui a été l’ambassadeur de Barack Obama à Tel Aviv entre 2011 et 2017, et qui a été impliqué dans les dernières négociations de 2014, qui ont échoué.
Kushner et Greenblatt rencontreront séparément Netanyahu et Abbas dans les jours qui viennent pour discuter de « leurs priorités et des prochaines étapes potentielles », a déclaré un responsable au Times of Israël lundi matin.
« Il est important de se souvenir que créer un accord de paix historique prendra du temps, et pour qu’il y a ait du nouveau, il faudra probablement plusieurs visites de MM. Kushner et Greenblatt, parfois ensemble, parfois séparément, dans la région, et probablement plusieurs voyages des négociateurs israéliens et palestiniens à Washington DC ou ailleurs pour viser des négociations concrètes », avait ajouté le responsable.
Greenblatt devait arriver lundi dans la région, et Kushner arrivera mercredi.
« Même en travaillant en coulisses pour faire progresser les négociations bilatérales, nous continuerons à communiquer avec les parties de la région, pour rappeler à tous que la paix est possible et pour démontrer les nombreux aspects positifs qui émaneraient de négociations réussies. »
Le responsable a indiqué qu’ils « poursuivront les conversations » avec les dirigeants israéliens et palestiniens, après leur voyage du mois dernier dans la région avec le président. Trump a rencontré Netanyahu et Abbas et d’autres responsables pour conclure « l’accord ultime ».
Aucun développement majeur n’est attendu cette semaine, a-t-il précisé, avant de souligner que « le président a demandé à certains de ses conseillers les plus proches de mener l’effort de paix. »
« Le président a été très clair : œuvrer en faveur d’un accord de paix durable entre Israéliens et Palestiniens est une priorité pour lui, a conclu le responsable à la Maison Blanche. Il pense qu’une paix est possible. »