Tags au Mémorial de la Shoah : trois suspects bulgares désormais écroués en France
Les hommes ont pu être identifiés grâce à l'analyse de la vidéosurveillance, des lignes téléphoniques des suspects, des réservations de vols et d'un hôtel ; la piste et les ressorts de cette éventuelle ingérence étrangère n'ont pas encore été étayées dans l'enquête
Deux Bulgares soupçonnés d’avoir peint des « mains rouges » sur le Mémorial de la Shoah à Paris en mai ont été remis à la justice en octobre, portant à trois le nombre de suspects écroués en France dans cette affaire, a appris l’AFP de source judiciaire jeudi.
Sollicitée par l’AFP, une source judiciaire a confirmé qu’un homme dénommé Georgi Filipov « a été remis le 18 octobre par les autorités bulgares, mis en examen et placé en détention provisoire ».
Son avocat, Me Martin Vettes, a indiqué à l’AFP que cet homme né en juillet 1989 en Bulgarie « a fait une très courte déclaration au juge d’instruction pour présenter ses excuses sur ces faits qu’il ne nie pas avoir commis ».
Le 22 octobre, comme l’a indiqué le journal Le Parisien mercredi, Kiril Milushev « a été remis par les autorités bulgares, mis en examen et placé en détention provisoire » en France, selon une source judiciaire.
Me Camille di Tella, avocate de cet autre Bulgare, a elle évoqué « un dossier très sensible et très politique ». « Il s’agit de simples tags, certes pas n’importe où, mais de simples tags n’auraient jamais valu de la détention provisoire », a-t-elle ajouté.
En août, un troisième Bulgare, Nikolay Ivanov, avait été remis à la France par la Bulgarie et incarcéré. Son avocat n’a pu être joint par l’AFP.
Pas moins de 35 tags représentant des « mains rouges » avaient été peints dans la nuit du 13 au 14 mai sur le Mur des Justes, à l’extérieur du musée, où sont apposées des plaques portant les noms des 3 900 hommes et femmes qui ont contribué à sauver des Juifs pendant la Seconde Guerre mondiale.
Les mains ensanglantées sont un symbole très controversé en Israël. Il fait entre autres référence aux Palestiniens qui ont fièrement lynché Yosef Avrahami et Vadim Norzhich, deux réservistes israéliens qui s’étaient égarés le 12 octobre 2000 à Ramallah. Les assassins les avaient massacrés de leurs propres mains avant de danser sur leurs corps mutilés, pendus et brûlés devant une foule de Palestiniens qui les encourageaient. Une photo d’un de ces Palestiniens avec les mains ensanglantées est restée depuis dans les mémoires.
Dans un document signé début septembre consulté par l’AFP, le parquet de Paris expliquait que les trois suspects avaient pu être identifiés grâce à l’analyse de la vidéosurveillance, des lignes téléphoniques des suspects, des réservations de vols et d’un hôtel.
Dans un entretien à l’AFP en août, Georgi Filipov avait dit avoir agi sous l’effet de l’alcool, niant tout motif religieux.
Les trois hommes gravitent « dans les cercles d’extrême droite », selon les autorités bulgares.
Selon plusieurs sources proches du dossier interrogées par l’AFP, la piste et les ressorts de cette éventuelle ingérence étrangère, évoquée comme mobile de cette action, n’ont pas encore été étayées dans l’enquête.