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Taha/homosexualité: la société arabe est « opposée à ce texte de façon écrasante »

Le député de la Liste arabe déplore le soutien d'Ayman Odeh à l'interdiction de la thérapie de conversion, affirmant que celle-ci permet aux gens "de redevenir normaux"

Le député Walid Taha à la Knesset, le 19 novembre 2019 (Crédit : Olivier Fitoussi/Flash90)
Le député Walid Taha à la Knesset, le 19 novembre 2019 (Crédit : Olivier Fitoussi/Flash90)

Un député de la Liste arabe unie représentant l’aile religieuse la plus conservatrice de l’alliance a qualifié dimanche de « particulièrement problématique » le soutien apporté par son dirigeant à une récente proposition de loi interdisant la thérapie de conversion en direction des homosexuels, disant que ce point de vue allait à l’encontre de celui de « la vaste majorité de ceux qui l’ont élu ».

Dans un entretien accordé à la chaîne publique Kan, Walid Taha a nié l’existence d’une population homosexuelle significative au sein de la communauté arabe, estimant que « ce phénomène gay est presque inexistant dans la société arabe » et ajoutant que, s’il devait toutefois exister, il était de « dimension limitée ».

Tout nouveau député appartenant à la faction Raam, Taha a expliqué qu’il était en désaccord avec le soutien apporté au projet de loi par le chef de la Liste arabe unie, Ayman Odeh, qui interdirait cette thérapie, affirmant que la société arabe est « opposée à ce texte de manière écrasante ».

Cette législation a été adoptée en lecture préliminaire à la Knesset, mercredi.

« Le problème n’est pas débattu au sein de la société arabe » et « s’il existe, c’est à toute petite échelle et ceux qui en souffrent ne se précipitent pas pour le dire », a-t-il continué, déclarant qu’il estimait que les relations homosexuelles n’étaient pas naturelles.

Le chef de la Liste arabe unie Ayman Odeh s’exprime aux journalistes devant sa maison à Haïfa le 3 mars 2020.(Flash90)

Les homosexuels « ont le droit de suivre un traitement pour changer leur orientation sexuelle », a-t-il affirmé. « Cette loi vient les empêcher de recevoir des soins qui leur permettraient de redevenir normaux ».

Samedi, le chef de la faction Raam, à laquelle appartient Taha, a averti que l’avenir de la Liste arabe unie pouvait être remis en cause suite au soutien apporté à Odeh à cette proposition.

Selon Kan, le législateur Mansour Abbas a déclaré que le maintien de l’alliance dépendrait des comportements adoptés par ses parlementaires dans un proche avenir, et que de nombreux soutiens réclamaient d’ores et déjà sa dissolution.

Tandis que les Arabes israéliens sont largement conservateurs au niveau sociétal, les LGBT arabes israéliens deviennent lentement de plus en plus visibles. Les funérailles d’Ayman Safiya, un célèbre danseur arabe israélien qui s’était noyé au mois de mai, avaient attiré des milliers de personnes malgré une identité queer revendiquée.

Il y a toutefois une résistance encore significative empêchant la pleine acceptation des membres de la communauté LGBT. Lorsqu’une entreprise locale arabe fabriquant du tahini a récemment décidé de financer une ligne d’urgence pour les jeunes de la communauté homosexuelle, elle a provoqué un tollé auprès du public, de nombreux membres de la communauté arabe appelant au boycott de ses produits pourtant populaires. Odeh s’est publiquement opposé à ces appels.

Le projet de loi interdisant aux psychothérapeutes de procéder à cette thérapie de conversion controversée a été adoptée en lecture préliminaire à la Knesset, mercredi – un vote salué par les activistes œuvrant dans la défense des droits LGBT et fustigé par les alliés politiques ultra-orthodoxes du Premier ministre Benjamin Netanyahu.

Des Israéliens participent à une manifestation pour les droits des LGBT à Tel Aviv, le 28 juin 2020. (Crédit : Avshalom Sassoni/Flash90)

Les thérapies de conversion des homosexuels, également appelées thérapies réparatrices, ont été fortement découragées en Israël, aux États-Unis et ailleurs, les principales organisations de santé critiquant ce qu’elles qualifient de méthodes pseudo-scientifiques et le traitement de l’homosexualité comme une maladie mentale.

Bien que découragée par le ministère de la Santé, cette pratique reste légale en Israël et est toujours acceptée, voire vivement recommandée, dans certains milieux conservateurs et orthodoxes. La législation proposée interdit uniquement aux psychothérapeutes de pratiquer la thérapie de conversion et n’interdit pas aux rabbins de continuer à la pratiquer.

Le projet de loi doit encore passer trois lectures et être approuvé par une commission de la Knesset avant de devenir une loi et que la pratique soit interdite.

Le ministre du Logement Yaakov Litzman, leader du parti Yahadout HaTorah, avait exprimé sa colère à l’égard du Likud et de Kakhol lavan à l’issue du vote. Kakhol lavan a pleinement soutenu le projet de législation, alors que de nombreux parlementaires du Likud ont brillé par leur absence lors de la séance, – mais le ministre de la Sécurité intérieure Amir Ohana, lui aussi du Likud, qui est ouvertement gay, a soutenu le texte.

« La mauvaise conduite de Kakhol lavan, en violation de la discipline de la coalition, est un affront ouvert à notre partenariat politique », a dénoncé Litzman dans une déclaration faite mercredi. « Le Likud doit décider s’il sait comment gérer une coalition ou s’il commet un suicide politique ».

Le numéro 2 de Litzman, Moshe Gafni, a déclaré que le parti « réfléchissait à ses options ».

L’autre parti ultra-orthodoxe, le Shas, a décidé de boycotter tous les autres votes de l’assemblée plénière et a appelé le Likud à « revenir à la raison ».

Le député du Shas Moshe Abutbul à la Knesset, le 25 septembre 2019 (Crédit : Yonatan Sindel/Flash90)

En 2013, pendant son mandat de maire de Beit Shemesh, le député du Shas Moshe Abutbul avait déclaré qu’il n’y avait pas d’homosexuels dans sa ville « sainte pure » et suggéré qu’il était de la responsabilité du ministère de la Santé et de la police de « s’occuper d’eux ».

L’année dernière, Netanyahu a fait entrer Ohana, ouvertement homosexuel, au cabinet – c’est une première dans toute l’histoire d’Israël.

Michael Bachner et l’équipe du Times of Israel ont contribué à cet article.

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