Tamir Hyman : la rue arabe définira la réaction du Moyen-Orient au plan de paix
Le chef du renseignement militaire a refusé de prédire les ramifications du projet ; un ancien général affirme qu'Israël a obtenu tout ce qu'il souhaitait en matière de sécurité
Judah Ari Gross est le correspondant du Times of Israël pour les sujets religieux et les affaires de la Diaspora.
Le chef du renseignement militaire israélien a déclaré mardi que les réactions au plan de paix du président américain pour résoudre le conflit israélo palestinien dans les grandes villes du Moyen-Orient dépendront de la façon dont il sera reçu dans la rue.
Le général de division Tamir Hayman, qui s’est exprimé à Tel Aviv simultanément à l’annonce du plan à Washington, a déclaré que ce ne serait « pas professionnel » de sa part de prédire les effets du plan avant qu’il n’ait l’occasion de l’étudier en profondeur.
« ‘L’Accord du Siècle’ est en cours de publication actuellement et il ne serait pas professionnel de discuter de ses conséquences », a déclaré Hayman durant la cérémonie d’ouverture de la conférence annuelle du think tank Institut national des Etudes de Sécurité (INSS).
« La question sera sûrement traitée par l’armée et sur les réseaux sociaux, et elle aura un impact sur le public en général, à la fois auprès des Palestiniens et dans le monde arabe, ce qui influera sur la politique de ces pays », a-t-il dit.
« Nous tenterons d’en tirer des leçons et d’évaluer les pistes que cela ouvre. »
Alors qu’il prononçait son discours, les Palestiniens à Ramallah et à Gaza ont organisé des manifestations pour protester contre ce plan, qui a déjà été rejeté par les Palestiniens.
Le chef de la Ligue arabe Ahmed Aboul-Gheit a déclaré que la réaction palestinienne définirait la réponse arabe au plan de paix de Trump. Il s’est exprimé après un entretien avec un responsable palestinien, Gibreel al-Ragoub au siège de la Ligue arabe au Caire.
Plus tôt dans la journée, l’armée israélienne a annoncé avoir renforcé sa présence dans la vallée du Jourdain, zone stratégique de la Cisjordanie, peu avant l’annonce du projet de paix américain pour le Moyen-Orient. Un bataillon d’infanterie supplémentaire a ainsi été déployé.
« A la suite d’une évaluation de la situation par les forces armées israéliennes, il a été décidé de déployer des renforts dans la vallée du Jourdain avec des troupes d’infanterie », a indiqué l’armée dans un communiqué.
Le très-attendu plan de paix de Trump a été perçu comme penchant largement en faveur d’Israël. L’Etat juif recevait la quasi-totalité de ses exigences en matière de sécurité.
Amos Yadlin, ancien chef du renseignement militaire, a qualifié le plan de paix américain de « parfait » pour Israël en terme de demandes sécuritaires.
« Sur la sécurité, Israël a tout obtenu », a déclaré Yadlin, qui dirige actuellement le think-tank INSS.
La proposition du président américain prévoit la création d’un État palestinien composé de multiples enclaves, reliées par des routes qui contournent les implantations israéliennes, ce qui garantirait leur maintien. En vertu de ce plan, l’État palestinien aurait sa capitale dans les quartiers arabes de Jérusalem-Est, de l’autre côté de la barrière de sécurité. Le reste de Jérusalem resterait la capitale d’Israël.
Le ministre de la Défense Naftali Bennett a donné ordre mardi à l’armée israélienne de se mettre en état d’alerte en Cisjordanie à l’approche de l’annonce du plan de paix de Donald Trump et en amont des menaces de l’Autorité palestinienne de ne pas contenir ni disperser les émeutiers en Cisjordanie.
« Le ministre a ordonné aux troupes de se préparer à l’éventualité d’une escalade immédiate [de violence] à la lumière de l’annonce du plan et de l’agitation dans la rue, sans la coopération de l’Autorité palestinienne », a indiqué son bureau.
Selon les médias, le président de l’AP aurait donné l’ordre aux forces de sécurité palestiniennes de ne pas arrêter les manifestants qui affronteraient les forces israéliennes en Cisjordanie, à l’annonce du plan de paix américain.
Selon le site Ynet, Abbas aurait déclaré : « nous devons mobiliser tous les jeunes. Restez dans la rue. Nous serons sur le pied de guerre dans les jours à venir… Des jours difficiles nous attendent, et nous devrons assumer les conséquences du refus de l’accord. »
Une centaine de soldats déployés dans la division militaire de la vallée du Jourdain ont suivi des entraînements et proviennent de la brigade Golani.
Bennett s’est rendu dans la journée en Cisjordanie et a rencontré le chef d’état-major Aviv Kohavi, le chef du commandement du Centre, le général de division Nadav Padan, et le commandant de la division de Judée et Samarie, le général Yaniv Alaluf.
« L’armée et les soldats sur le terrain sont préparés à toute éventualité. Nous sommes à l’aube de jours qui verront la définition des fron;tières et l’application de la souveraineté », a déclaré Bennett en Cisjordanie
« Les menaces des Palestiniens ne nous dissuaderons pas », a-t-il ajouté.
L’AFP a contribué à cet article.