Tel Aviv, familière du terrorisme, pleure avec Orlando
Des dizaines de personnes s’étaient rassemblées dans un bar gay populaire de Tel Aviv par solidarité avec les victimes du massacre de Floride
Environ 50 personnes s’étaient réunies mardi soir au bar gay Evita de Tel Aviv pour un rassemblement de solidarité avec les victimes du massacre du club d’Orlando, un évènement organisé par les militants des droits LGBT et la Ligue anti diffamation (ADL) en Israël.
« Parfois j’ai le sentiment que nous nous sommes habitués à ce genre d’évènements dans nos deux pays », a déclaré pendant l’évènement Keith Mines, vice-ambassadeur des Etats-Unis en Israël.
« La peur et la haine continuent à déchirer nos deux pays de l’intérieur, mais elles seront toujours confrontées à un esprit de compréhension, de respect, et de tolérance. C’est à nous de changer les mots, de promouvoir l’amour et non la colère, l’empathie et non le blâme, et de choisir la paix et non la haine. »
Le bar Evita est une institution gay célèbre de Tel Aviv, qui organise tous les mardis soirs une nuit des drag-queens.
« C’est étrange de parler de choses tellement tristes chez Evita », a déclaré Imri Kalman, l’un des directeurs d’Aguda, le groupe de travail LGBTQ national israélien.
« Mais je me souviens qu’à seulement deux rues d’ici, le 1er août 2009, un homme s’est réveillé, est sorti et a essayé de tuer autant de personnes que possible [au bar Noar, où deux personnes avaient été tuées et plus d’une dizaine blessées]. Et maintenant quelqu’un a fait la même chose à Orlando. D’où vient cette haine ? Le terme ‘homophobie’ vient du mot ‘phobie’, la peur, et c’est exactement ce qui cause ce genre de haine. »
La drag-queen Shewanna B Black a chanté « Greatest Love of All », de Whitney Houston, en hommage aux victimes.
« C’était dur de s’habiller aujourd’hui, parce que ce personnage est bonheur et amour, et aujourd’hui je ne ressens ni bonheur, ni amour, a-t-elle déclaré. Etre drag-queen c’est ne pas se prendre trop au sérieux, c’est presque comme être déconnectée », a déclaré Black après sa représentation, refusant de donner un autre nom que son nom de scène.
« Mais aujourd’hui je voulais être sérieuse. »
Sharon Sprinzak Rapoport, venue du moshav Netaiim, avait prévu depuis plus d’un mois de retrouver ses amies pour le spectacle de drag-queens hebdomadaires d’Evita.
Quand elles ont appris qu’il y avait une veillée pour les victimes d’Orlando, elles sont venues plus tôt que prévu.
« En tant qu’Israéliens, chaque attentat est terrible, et vous ressentez immédiatement un sentiment de solidarité », a-t-elle dit.
« Mais le terrorisme essaie d’arrêter la vie, et nous ne les laisserons pas faire, c’est pour ça que nous restons pour le spectacle », a dit son amie Debbie Edry Pozezinsky, de Ramat Gan.
Pour beaucoup de participants, il était particulièrement important d’exprimer sa solidarité avec les victimes de terrorisme d’Orlando, alors que Tel Aviv sort à peine d’un attentat terroriste qui a tué quatre personnes au marché Sarona la semaine dernière.
Robert Saferstein, fondateur de Eighteen22, un réseau international d’associations juives LGBTQ, est en visite en Israël pendant un mois depuis les Etats-Unis, et a déclaré qu’il était ravi de voir des veillées en l’honneur des victimes américaines à Tel Aviv.
Saferstein a déclaré que l’emplacement de la veillée dans un bar gay populaire était adapté, bien que le triste évènement se soit rapidement transformé en mardi soir normal du bar quelques instants après sa conclusion.
« Ces bars ne sont pas simplement des bars, ce sont des lieux de naissances de mouvements, ils sont des actes de protestation de personnes pour être ce qu’elles sont et pour le fêter avec les personnes qu’elles aiment, ce qui est exactement ce qu’elles faisaient à Orlando, a-t-il déclaré. Ces bars et ces clubs sont censés être un endroit sûr pour être qui nous sommes. »