Tel-Aviv : manifestation pour la fin des exemptions militaires des ultra-orthodoxes
Une autre manifestation a plaidé en faveur d’un accord pour la libération des otages sur fond de pressions permanentes sur le gouvernement Netanyahu

Des milliers de personnes sont descendues dans les rues de Tel-Aviv, jeudi, pour prendre part à deux manifestations en faveur de la libération immédiate des otages de Gaza et de l’appel sous les drapeaux des hommes juifs ultra-orthodoxes.
Ces deux manifestations, dont l’une a brièvement interrompu la circulation dans l’une des rues principales, ont souligné l’approfondissement des clivages et le regain des pressions sur le gouvernement, cinq mois après le début de la guerre contre le Hamas.
Près de 10 000 personnes se sont retrouvées place Habima, dans le centre de Tel-Aviv, pour manifester contre le gouvernement, et surtout sur le soutien qu’il apporte au maintien des exemptions militaires aux membres de la communauté ultra-orthodoxe.
Le gouvernement doit respecter la date butoir fixée par les tribunaux pour adopter une nouvelle loi en matière d’exemptions militaires, au moment où les projets de prorogation de ces dispositions ravivent la colère contre les avantages accordés aux Juifs haredim en raison des tensions sur la disponibilité des effectifs militaires du fait de la guerre à Gaza et des combats dans le nord du pays.
Les manifestants ont brandi des pancartes appelant au « partage équitable de la charge » et rappelant l’identité de sort entre Israéliens de toutes croyances, ainsi que des affiches demandant la dissolution du gouvernement et l’organisation de nouvelles élections.
« Il ne s’agit plus d’un débat sur les idéaux ou les valeurs, nous parlons d’un besoin bien réel », a expliqué à la Douzième chaîne de télévision, en marge de la manifestation, le chef de l’opposition Yaïr Lapid. « L’armée israélienne est sollicitée à l’extrême mais il n’y a pas assez de soldats, alors que 66 000 jeunes en bonne santé de la communauté haredi, en âge de servir, restent en dehors. »
Le maintien de coalition de Netanyahu dépend du soutien des partis ultra-orthodoxes Shas et Yahadout HaTorah, qui s’opposent tous deux avec véhémence à l’idée de l’enrôlement obligatoire des hommes haredi en lieu et place de l’étude des textes juifs au sein d’une yeshiva.
L’ex-général Noam Tibon, l’un des principaux organisateurs de la manifestation, a demandé à Benny Gantz et Gadi Eizenkot, du parti Kakhol lavan, de cesser de prendre part à la coalition, à laquelle ils se sont joints pour soutenir l’effort de guerre suite au massacre du 7 octobre.

« Nous ne laisserons pas le gouvernement passer sous silence le besoin d’appeler les Haredim sous les drapeaux », a-t-il déclaré lors de la manifestation, en s’adressant à Gantz et Eisenkot. « Nous vous soutiendrons. [Mais] si vous laissez le pays adopter une loi sur l’exemption, vous serez tenus comptables des dégâts. »
En 2018, la Cour suprême a invalidé la loi sur la conscription des hommes ultra-orthodoxes, au motif de la nécessité de partager la charge du service militaire au sein de toute la société israélienne. Faute pour la Knesset d’être parvenue à trouver de nouvel accord, l’exemption automatique des ultra-orthodoxes décidée par le gouvernement expire ce mois-ci.
Le ministre de la Défense, Yoav Gallant, a fait savoir qu’il apporterait son soutien à une loi voulue par l’ensemble de la coalition, y compris par Gantz et Eisenkot, tous deux favorables à la fin des exemptions pour les membres de la communauté haredi.
Non loin de là, des centaines de personnes s’étaient rassemblées pour manifester en faveur de la libération des otages de Gaza, en défilant entre la place Dizengoff, à Tel Aviv, et le quartier général militaire de Kirya, avec à bout de bras des pancartes à l’effigie de photos de femmes otages à Gaza.

Une délégation, essentiellement composée de femmes, a bloqué la rue Kaplan, devant Kirya, et certains ont brièvement réussi à bloquer la circulation sur l’autoroute Ayalon avant d’être évacués par la police.
« Leur retour, le plus tôt possible, sera la seule image de victoire de cette maudite guerre », a crié une femme dans un mégaphone, tandis que
d’autres scandaient : « Trouvez un accord, maintenant ! »
Hier, les négociateurs israéliens et du Hamas semblaient sur le point de conclure enfin un accord de cessez-le-feu et de libération des otages en échange de prisonniers palestiniens.

Netanyahu a déclaré aux représentants des familles d’otages à Gaza que le Qatar faisait pression sur le Hamas pour qu’il accepte un accord. Son cabinet a ensuite publié une déclaration expliquant que le Hamas n’avait finalement pas assoupli ses exigences « grotesques », douchant ainsi les espoirs d’un accord rapide.
On estime à une centaine le nombre d’otages encore à Gaza, auxquels s’ajoutent les corps de 32 otages décédés.
La guerre a éclaté le 7 octobre lorsque le Hamas a envoyé des milliers de terroristes de Gaza dans le sud d’Israël, pour y perpétrer un carnage sans précédent qui a coûté la vie à près de 1 200 personnes, majoritairement des civils, et fait 253 otages.