Tor Wennesland appelle à l’arrêt « immédiat » de la violence après une attaque à Huwara
Une famille palestinienne décrit comment des ultra-nationalistes l'ont agressée dans sa voiture, à coups de pierres, de gaz poivré et de hache, avant de tirer des coups de feu

L’émissaire de l’ONU pour la paix au Proche-Orient a exhorté mercredi Israël et les Palestiniens à mettre « immédiatement » un terme à la montée de la violence en Cisjordanie, au lendemain d’un raid anti-terroriste israélien ayant fait six morts parmi les Palestiniens, dont le meurtrier des frères Hallel et Yaguel Yaniv, le 26 février et après de nouvelles attaques anti-palestiniennes dans la ville de Huwara, en Cisjordanie, et demandant à Israël de rendre des comptes.
« Nous sommes pris dans un cycle de violence qui doit être immédiatement stoppé », a déclaré Tor Wennesland dans un communiqué.
« Le Conseil de sécurité (des Nations unies) a parlé d’une seule voix pour demander aux parties de faire preuve de calme et de retenue, et de s’abstenir de tout acte de provocation et d’incitation à la violence, et de toute déclaration incendiaire », ajoute le diplomate, en reprenant les termes d’une déclaration de cette institution onusienne publiée le 20 février.
Ce nouvel appel survient au lendemain d’intenses combats lors d’un raid israélien dans la ville de Jénine, dans le nord de la Cisjordanie, au cours duquel six Palestiniens ont été tués, parmi lesquels Abdel Fatah Husseïn Khrouchah, membre de la branche armée du groupe terroriste islamiste du Hamas, accusé d’avoir abattu le 26 février deux jeunes israéliens.
Wennesland s’est dit « inquiet » par ces affrontements violents au cours desquels les forces israéliennes se sont heurtées à une vive résistance et ont eu recours à des lances-missiles portatifs contre un immeuble d’habitation où s’était retranché Khrouchah.
« Des engagements ont été pris à Aqaba, dans le Royaume hachémite de Jordanie, qui doivent être mis en œuvre si nous voulons trouver une solution », a-t-il déclaré en faisant référence à un sommet organisé le mois dernier entre Israël, la Jordanie et l’Autorité palestinienne dans le but d’apaiser les tensions.
Selon les autorités israéliennes, Khrouchah était l’auteur de l’attaque ayant coûté la vie le 26 février à deux frères habitant une implantation juive du nord de la Cisjordanie.
Qualifiant ce double meurtre d' »attentat terroriste » et condamnant les « attaques palestiniennes contre des Israéliens », Wennesland déclare aussi condamner « la violence des colons (israéliens) contre les Palestiniens ». « Tous les civils doivent être protégés de la violence », ajoute-t-il.
Après l’attentat du 26 février contre les deux frères, des centaines d’ultra-nationalistes israéliens avaient saccagé la ville palestinienne de Huwara et incendié de nombreux bâtiments et des véhicules.
« Je suis profondément choqué par la poursuite de la violence et consterné par (de nouvelles) attaques de colons israéliens contre des Palestiniens » survenues à Huwara le 6 mars, a encore déclaré M. Wennesland.
« Israël, en tant que puissance occupante, doit veiller à ce que la population civile soit protégée et que les auteurs (des violences) soient poursuivis », a-t-il déclaré.
Une famille palestinienne a décrit comment elle a été attaquée dans le village de Huwara, en Cisjordanie, dans la nuit de lundi à mardi. Elle affirme que des résidents d’implantation ont brisé les vitres de leur voiture, les ont aspergés de gaz poivré, puis les ont poursuivis lorsqu’ils ont tenté de s’enfuir, tirant des coups de feu sur leur véhicule dans lequel se trouvait une fillette de deux ans.
Adris Halifa, 69 ans, a été blessé à la tête par des pierres lancées sur la voiture.
Halifa et son fils, résidents d’Asira al-Qibliya, qui se trouve à proximité de Huwara, ont évoqué la récente agression dans un reportage Haartez publié mercredi.
Adris Halifa a déclaré que sa famille avait été attaquée alors qu’elle achetait des provisions dans un magasin de la rue principale de Huwara. Halifa était accompagné de sa femme, de son fils Amar et de ses deux petits-enfants.
Halifa a ajouté que la famille venait de regagner son véhicule lorsque « soudain, des colons sont arrivés et ont commencé à jeter des pierres et à frapper la voiture ».
Halifa a déclaré qu’il y avait environ dix personnes dans le groupe hostile, dont quatre qui ont attaqué la voiture.
Les assaillants israéliens ont brisé les vitres et ont aspergé les occupants de gaz poivré.
Une vidéo de l’attaque montre l’un des assaillants frappant la voiture à plusieurs reprises avec une hache.
La famille a réussi à s’enfuir à toute vitesse dans sa voiture endommagée, mais un véhicule blanc l’a poursuivie, l’a rattrapée au bout d’un kilomètre et l’a forcée à s’arrêter en bloquant la route, a indiqué Halifa.
Un homme est alors sorti du véhicule blanc. Halifa l’a identifié comme étant un garde de sécurité de l’une des implantations de la région. Il a exigé que les Halifa sortent de leur voiture.
« Il nous a crié dessus en hébreu et je ne comprends pas l’hébreu », a déclaré Amar, le fils de Halifa, qui conduisait leur voiture. « J’ai seulement compris qu’il s’agissait d’un colon armé. J’ai reculé et je suis retourné dans la rue principale [de Huwara], puis ils nous ont tiré dessus.
Les balles n’ont apparemment pas touché le véhicule.
5 Palestinians were injured last night, including an elderly Palestinian, and a child, in a new terror attack by Israeli settlers on the Palestinian town of Huwara in occupied West Bank. pic.twitter.com/5dSuuDnOZe
— Chris Hutchinson (@ChrisHu34451470) March 8, 2023
La famille pense que la personne qui leur a tiré dessus était le garde de sécurité, car il n’y avait personne d’autre aux alentours et les tirs provenaient de la direction de son véhicule. Amar a déclaré à Haaretz que les habitants de Huwara ont dit que l’homme était « Yackov le gardien », et il l’a décrit comme large avec une barbe et des cheveux brun-rouge.
Amar a déclaré qu’il s’était rendu dans un autre supermarché dans l’espoir d’y trouver de l’aide. Le prétendu agent de sécurité l’a suivi, est sorti de sa voiture et « a commencé à crier dans sa radio ». Amar a réussi à comprendre que l’homme lui avait également demandé d’arrêter sa propre voiture, mais c’est à ce moment-là que des habitants du quartier sont arrivés sur les lieux pour apporter leur aide.
« Mon père saignait de la tête à cause d’une pierre », raconte Amar. Les habitants ont emmené la famille dans une clinique pour la soigner. Le père a ensuite été transporté à l’hôpital où le personnel a soigné sa blessure.