Tous ces bénévoles qui cuisinent pour les soldats et les nécessiteux en temps de guerre
Il y a cet atelier de cuisine de Tel Aviv, partenaire du World Central Kitchen, l'Institut culinaire Asif et même Rob, le roi du BBQ, qui fume de la viande pour les soldats
Le 7 octobre, Aliya Fastman était en deuil. Le 8, elle se portait volontaire et le 9, elle commençait à cuisiner.
L’assaut meurtrier du Hamas a plongé Israël dans un état de guerre et fait surgir le besoin de loger et nourrir les dizaines de milliers de personnes évacuées des communautés limitrophes de Gaza, fournir des repas pour remonter le moral des soldats au front et, plus généralement, aider ceux qui sont en détresse et qui en ont besoin.
Près de 10 000 repas plus tard, l’entreprise de Fastman à Tel Aviv, Citrus & Salt, s’est associée à World Central Kitchen, organisation mondiale créée par le chef José Andrés suite au tremblement de terre dévastateur de 2010 en Haïti. World Central apporte son aide en matière de financement et de logistique : il s’occupe de répertorier les bénéficiaires de la générosité du travail de Citrus & Salt et préconise les quantités de protéines souhaitables dans chaque repas par rapport aux glucides et aux légumes. De leur côté, les bénévoles de Citrus & Salt cuisinent et apportent les plats à destination, que ce soit à Sderot, Beer Sheva ou sur le plateau du Golan, comme le font la vingtaine d’autres restaurants et les huit entreprises de restauration partenaires de World Central en Israël. (World Central fournit également de la nourriture aux habitants du sud du Liban et de Gaza, en collaboration avec des organisations alimentaires non israéliennes.)
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« Nous avions la place et le réseau et nous pouvions cuisiner, ce qui explique l’engouement dès le début », explique Fastman. « Des bénévoles sont venus, je leur confiais ma carte de crédit et ils m’apportaient des reçus. Il était très clair qu’il fallait pouvoir s’appuyer sur les compétences de chacun. »
Fastman, qui a grandi avec des parents rabbins à Berkeley, en Californie, a fondé le studio de cuisine de Tel Aviv en 2016 pour apprendre aux touristes le b.a.-ba de la cuisine et de la culture israéliennes. Sa partenaire n’est autre que sa sœur, Shaendl Davis.
Lorsqu’un ami a suggéré de s’associer à World Central Kitchen, l’idée a immédiatement séduit Fastman, dans la mesure où cette organisation soutient les zones sinistrées et facilite l’accomplissement de la mission.
World Central n’assume que les coûts des plats préparés pour les civils, de sorte que tout ce qui est préparé pour les soldats est gérée par Citrus & Salt, qui a collecté des fonds pour financer l’achat des ingrédients, des emballages et l’entretien de la cuisine.
Fastman est arrivée en Israël en qualité de soldate seule, aussi cuisiner pour les soldats est-il prioritaire pour elle.
« Nous avons l’intention de continuer jusqu’à la fin de la guerre », assure-t-elle. « Cela n’a pas de sens pour moi qu’une partie de notre communauté risque sa vie et que l’autre vive comme si de rien n’était. »
Il en va de même pour Rob (Eisenberg), roi autoproclamé du barbecue, qui achemine 80 kilos de viande fumée et de paleron rôti pour 700 soldats à l’orée de Gaza, ce dimanche.
Il vient de chez lui, à Petah Tivka, avec 700 pains pita coupés en deux, prêts à être farcis de la viande qu’il a patiemment fumée dans son cuiseur à charbon de bois en céramique Big Green Egg ou de l’entrecôte qu’il va faire griller sur place.
« Les soldats en sont fous », assure Eisenberg. « Je leur apporte de l’énergie, je les encourage et après ils m’envoient des petits mots, comme si c’était moi le héros. »
Eisenberg est arrivé de Philadelphie en 2011, a brièvement étudié dans une yeshiva et s’est inscrit à un MBA de l’Université de Tel Aviv.
Après ses longues journées passées dans une entreprise du secteur de la Tech, il aimait recevoir ses amis à la maison, qu’il régalait d’entrecôtes marinées dans du Jack Daniels ou fumées dans son gros œuf vert, comme il appelle sa cuisinière. Ces soirées ont fini par se transformer en événements privés à la maison et ailleurs.
Lorsque la guerre a éclaté, Eisenberg a commencé par nourrir des soldats lors d’un événement financé sur fonds propres avant de se lancer dans la collecte de fonds via Instagram et Facebook.
« Tous ceux que je connais depuis l’école primaire ont fait des dons : quelqu’un de riche a même parrainé toute une unité », explique-t-il.
Les événements se sont enchainés depuis et il en est aujourd’hui à 15, dont un pour une unité de l’armée de l’air et un autre pour une équipe du Dôme de fer.
L’Institut culinaire Asif de Tel Aviv s’est lui aussi inspiré des milliers de repas que ses cuisines ont préparés pour les populations évacuées, ces dernières semaines, pour créer Chefs in Shifts – Food for the Frontlines, qui prépare des repas équilibrés et nourrissants pour les soldats en position de combat.
« Aller sur les bases militaires et voir les soldats recevoir un repas chaud et une chaleureuse accolade de la part de nos bénévoles et employés m’a ému aux larmes », confie Chico Menashe, PDG d’Asif.
Les repas faits maison remontent le moral des soldats dans les zones de rassemblement et les bases militaires du sud, où il n’y a pas d’infrastructure pour cuisiner. Les soldats mangent généralement des rations de combat, souvent pendant des jours ou des semaines.
Restaurants et chefs se sont joints à l’initiative d’Asif, utilisant une cuisine centrale pour préparer les repas des soldats, qui sont ensuite acheminés vers des bases militaires du sud.
Cette initiative permet aux restaurants de contribuer à l’effort de guerre tout en conservant leur main-d’œuvre à un moment où de nombreux restaurants ne sont pas ouverts à leur clientèle habituelle.
Fastman, de Citrus & Salt, envisage de donner une petite rémunération à certains de ses bénévoles réguliers. Elle compte près de 900 personnes dans son groupe, dont une quarantaine travaille quotidiennement.
Membre de la communauté locale d’olim anglophones, elle veut proposer un endroit pour se réunir, plutôt que « de rester à la maison et laisser faire les choses », explique-t-elle.
Elle organise également des sessions avec des thérapeutes et des dîners de Shabbat dans un bar de Tel Aviv, le Hamashbir, qui est devenu le point de ralliement des Israéliens de souche et des olim.
« Je suis une sioniste profondément attachée à Israël et je trouve que la seule façon de faire face à l’atroce réalité est de faire le maximum », ajoute-t-elle. « Le bénévolat m’aide. »
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