Trêve à Gaza entre Israël et le Jihad islamique depuis 5h30 du matin
La trêve est entrée en vigueur après trois heures d'accalmie tendue et une frappe attribuée à Israël qui aurait tué huit membres d'une même famille et des roquettes nocturnes
L’Egypte a négocié un cessez-le-feu entre Israël et le groupe terroriste du Jihad islamique palestinien pour mettre fin à deux jours d’intenses combats à Gaza, au cours desquels des centaines de roquettes ont été tirées sur Israël et 32 Palestiniens ont été tués dans des frappes israéliennes, selon les autorités palestiniennes et égyptiennes jeudi matin.
La trêve est entrée en vigueur à 5 heures du matin, après trois heures d’accalmie tendue, après une frappe attribuée à Israël qui aurait tué huit membres d’une même famille au centre de Gaza et que les salves de roquettes ont ciblé le sud d’Israël.
Cet « accord de cessez-le-feu est le résultat des efforts de l’Egypte » et a reçu le soutien « des factions palestiniennes, y compris le Jihad islamique », a déclaré un haut-responsable égyptien.
Musab al-Berim, porte-parole du groupe terroriste du Jihad islamique, a déclaré que le cessez-le-feu était basé sur une liste d’exigences soumises par son groupe armé mercredi, notamment la fin des frappes ciblées par Israël visant des chefs du groupe.
La radio israélienne a relayé les propos d’un responsable égyptien, qui a déclaré que le Jihad islamique avait accepté d’arrêter les tirs de roquettes et s’assurera que les manifestations frontalières à Gaza restent pacifiques.
Israël a accepté de mettre fin aux frappes aériennes et aux assassinats ciblés et s’est engagé à ne pas tirer sur les manifestants à la frontière, a déclaré le reportage.
Israël n’a pas confirmé le cessez-le-feu, mais s’est régulièrement abstenu, par le passé, de confirmer les trêves avec les groupes terroristes de Gaza, pour éviter de donner l’impression qu’il négocie avec les terroristes.
Moins d’une heure après l’entrée en vigueur de la trêve, les sirènes avertissant de l’arrivée imminente de roquettes ont retenti dans les communautés israéliennes au nord de Gaza. L’armée a indiqué qu’elle enquêtait sur l’incident.
La trêve vient conclure une nuit de violents affrontements.
Les responsables palestiniens ont déclaré que huit membres d’une même famille ont été tués et 12 autres blessés dans une apparente frappe aérienne sur leur maison de Deir al-Balah, à Gaza City, jeudi matin.
L’armée israélienne n’a pas commenté ces informations.
Le ministère de la Santé à Gaza, contrôlé par le groupe terroriste du Hamas, a indiqué qu’une femme et un enfant se trouvaient parmi les victimes, qui était toutes des civils. Il s’agit de l’incident le plus mortel de l’actuel cycle de violences et fait grimper à 32 le bilan côté palestinien.
Israël affirme que la majeure partie des tués étaient des terroristes.
Après minuit, les Palestiniens ont continué à tirer des roquettes sur Israël jusqu’à 2h30 du matin, sur les villes et communautés du adjacentes à Gaza. Le Dôme de Fer a intercepté plusieurs roquettes et aucun blessé israélien n’a été signalé.
Ce cycle de violences a débuté après qu’Israël a éliminé Bah Abu al-Ata, un chef terroriste de la branche armée du Jihad islamique, dans un raid mardi à l’aube. Les autorités israéliennes affirment qu’Abu al-Ata préparaient de multiples attaques terroristes contre des Israéliens.
Le groupe a réagi en lançant au moins 360 roquettes sur des villes israéliennes, selon les chiffres communiqués mercredi soir par Israël. L’armée a répondu par des séries de frappes aériennes visant des installations du groupe terroriste et des cellules de terroristes préparant des tirs de roquettes. Le ministère de la Santé à Gaza a déclaré que 26 Gazaouis sont morts dans les frappes, dont au moins 13 combattants terroristes. Israël affirme que l’écrasante majorité des tués étaient des combattants.
Les termes du cessez-le-feu sont similaires aux conditions posées mercredi soir par le secrétaire-général du Jihad islamique Ziad Nakhala, basé à Damas.
Dans une interview publiée mercredi soir par Al-Mayadeen, la chaîne télévisée libanaise pro-Hezbollah, Nakhala a déclaré que le groupe terroriste avait posé des conditions durant des négociations en Egypte, qu’Israël devait accepter pour permettre l’entrée en vigueur du cessez-le-feu. Les groupes terroristes libanais et palestinien du Hezbollah et du Jihad islamique sont tous deux soutenus par l’Iran.
« Nous avons donné des conditions spécifiques pour un cessez-le-feu. Si Israël les accepte, nous accepterons le cessez-le-feu », a-t-il dit. « Si Israël ne les accepte pas, nous continuerons à combattre pour une période indéfinie. »
Ces conditions « sont simples et modestes. Premièrement, nous parlons de stopper les assassinats dans la bande de Gaza et en Cisjordanie », a-t-il dit, avant qu’un apparent problème technique sur Al-Mayadeen a rendu le reste de phrase inaudible.
« Deuxièmement, nous demandons la fin des tirs sur les civils innocents à la Marche du Retour. Troisièmement, qu’Israël se plie aux accords conclus au Caire qui sont liées aux mesures [inaudibles] dans la bande de Gaza », a-t-il poursuivi.
Nakhala était apparemment interviewé depuis Le Caire, où il a atterri mercredi pour prendre part aux négociations menées par l’Egypte.
Un responsable diplomatique israélien a semblé confirmer mercredi soir qu’Israël s’approchait d’un cessez-le-feu avec le groupe terroriste, affirmant que le groupe terroriste commençait à comprendre que ses tirs de roquettes avaient échoué.
« Le calme entraîne le calme, et ce qui se passe sur le terrain sera le facteur déterminant », a déclaré le responsable.
La branche armée du Jihad islamique, les Brigades al-Qods, a déclaré que ses attaques de roquettes avaient causé d’importants dégâts sur le front intérieur israélien.
« Si l’ennemi révèle [ce qu’ils ont fait], Netanyahu sera la risée de tous sur la rue sioniste », a tweeté le porte-parole Abu Hamza.
De hauts-responsables israéliens ont assuré qu’ils n’étaient pas intéressés à poursuivre les combats, mais qu’ils étaient prêts à prendre les mesures nécessaires pour mettre fin aux tirs de roquettes.
Un responsable du Hamas avait déclaré peu avant qu’ils rejoindraient le Jihad islamique dans les combats si l’armée israélienne continuait à frapper Gaza.
Mercredi, Israël a menacé de poursuivre les éliminations ciblées contre des chefs terroristes à Gaza, mais n’a pas explicitement menacé le Hamas. Cette prise de position marque une rupture avec le dernier cycle de violences, où Israël tenait le Hamas pour responsable de toute violence émanant de l’enclave palestinienne.
Mercredi soir, le Commandement du Front intérieur a levé certaines restrictions imposées aux régions plus éloignées de la bande de Gaza.
Désormais, les résidents des régions du Neguev central et de Lachish sont autorisés à reprendre leurs activités professionnelles, à condition qu’ils se trouvent à proximité d’un abri anti-bombes. Cependant, les écoles restent fermées pour le troisième jour consécutif.
Les cours reprendront dans la région de Shfela jeudi et l’armée a également levé les restrictions sur les rassemblements en intérieur dans la région de Tel Aviv, de Yarkon et de Shfela. Les rassemblements en extérieur restent limités à 300 personnes.
Toutes les restrictions resteront en place dans les régions près de la bande Gaza. Les écoles sont fermées dimanche, les commerces non-essentiels seront fermés et tous les rassemblements de plus de 100 personnes sont interdits.
Adam Rasgon a contribué à cet article.