Trump appelle Israël à ne pas frapper l’Iran tant qu’il y a des chances d’un accord sur le nucléaire
Des médias américains ont rapporté qu'Israël, proche allié des Etats-Unis, semblait préparer une attaque imminente contre l'Iran ; Un 6e cycle de négociations est prévu dimanche à Oman

Le président américain Donald Trump a appelé jeudi son allié Israël à ne pas frapper l’Iran, affirmant qu’un accord sur le programme nucléaire iranien était « assez proche » à condition que Téhéran fasse des concessions.
« Nous sommes assez proches d’un bon accord », a déclaré M. Trump à la presse, ajoutant à propos d’Israël: « Je ne veux pas qu’ils interviennent, parce que je pense que cela ferait tout capoter ».
Il a encore prévenu contre le risque d’un « conflit massif » au Moyen-Orient, alors que Washington a réduit ses effectifs diplomatiques en Irak notamment.
Interrogé pour savoir si une frappe israélienne était imminente, le président Trump a répondu : « Je ne veux pas dire que c’est imminent, mais il semble que c’est quelque chose qui pourrait très bien se produire ».
Des médias américains, dont le New York Times et NBC News, ont rapporté qu’Israël, proche allié des Etats-Unis, semblait préparer une attaque imminente contre l’Iran.
« J’aimerais éviter le conflit. L’Iran va devoir négocier un peu plus durement, c’est-à-dire qu’il va devoir nous donner certaines choses qu’il n’est pas prêt à nous donner pour l’instant », a-t-il cependant ajouté.
Un sixième cycle de négociations entre l’Iran et les Etats-Unis est prévu dimanche via une médiation du sultanat d’Oman.
L’Iran avait annoncé plus tôt dans la journée la prochaine construction d’un nouveau site d’enrichissement et une augmentation « significative » de sa production d’uranium enrichi, exacerbant les tensions sur son programme nucléaire avant des pourparlers avec les Etats-Unis.
Peu avant ces annonces, l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) avait adopté une résolution condamnant l’Iran pour « non-respect » de ses obligations en matière nucléaire.

Le ministre iranien des Affaires étrangères, Abbas Araghchi, a affirmé jeudi que cette résolution « ajoutait à la complexité des discussions » avec Washington, dont un sixième cycle est prévu dimanche via une médiation du sultanat d’Oman.
« Nous serons à Mascate pour défendre les droits du peuple iranien », a-t-il déclaré.
L’enrichissement d’uranium est la principale pierre d’achoppement dans ces discussions visant à encadrer le programme nucléaire iranien en échange d’une levée des lourdes sanctions imposées à l’Iran.
Les Etats-Unis exigent que l’Iran renonce totalement à l’enrichissement, ce que Téhéran refuse.
L’Iran est le seul Etat non doté d’armes nucléaires à enrichir de l’uranium au niveau élevé de 60%, selon l’AIEA. Pour fabriquer une bombe atomique, l’enrichissement doit être poussé jusqu’à 90%.
Les Occidentaux et Israël accusent l’Iran de chercher à se doter de l’arme atomique. Téhéran dément en défendant un droit au nucléaire civil en vertu du Traité de non-prolifération (TNP) dont il est signataire.
Jeudi, les Affaires étrangères iraniennes et l’Organisation iranienne de l’énergie atomique (OIEA) ont annoncé que « les ordres nécessaires » avaient été donnés « pour lancer un nouveau centre d’enrichissement dans un endroit sécurisé ».
« Nous remplaçons toutes (les) machines de première génération par des machines avancées de sixième génération » à l’usine d’enrichissement de Fordo, au sud de Téhéran, a déclaré Behrouz Kamalvandi, porte-parole de l’OIEA, ajoutant que la production « de matière enrichie augmentera de manière significative ».

Le chef de l’OIEA, Mohammad Eslami, a lui jugé « illégale » la résolution de l’AIEA, l’imputant à « l’influence » israélienne.
M. Eslami a souligné que son pays avait respecté ses engagements envers l’AIEA mais qu’il s’était affranchi de certaines obligations liées à l’accord nucléaire conclu avec les grandes puissances en 2015, après le retrait unilatéral américain en 2018.
Selon lui, l’enrichissement sur le nouveau site débutera « dès l’installation des machines ».
L’accord de 2015 fixait la limite de l’enrichissement à 3,67%.
Menaces d’attaques
Israël a aussitôt appelé la communauté internationale à « une réponse décisive » contre l’Iran, dont les actes constituent selon lui « une menace imminente pour la sécurité et la stabilité » internationales.
Israël a maintes fois menacé d’attaquer les sites nucléaires iraniens.
L’Iran a averti qu’il répondrait à toute frappe israélienne en ciblant les « installations nucléaires secrètes » d’Israël.
Mercredi, il a aussi menacé de frapper les bases militaires américaines au Moyen-Orient en cas de conflit consécutif à un éventuel échec des négociations.
Dans la foulée, un responsable américain a déclaré que les effectifs de l’ambassade des Etats-Unis à Bagdad avaient été réduits pour raisons de sécurité et Washington a décidé de restreindre les déplacements en Israël des employés du gouvernement américain et de leurs familles.
Les Etats-Unis ont notamment décidé jeudi de restreindre les déplacements sur le territoire israélien des employés du gouvernement américain et de leur famille en raison de l’instabilité régionale.

« Du fait de l’augmentation des tensions régionales, les employés du gouvernement américain et les membres de leur famille ne peuvent pas voyager en dehors de l’agglomération de Tel Aviv (…), de Jérusalem et des régions de Beer Sheva jusqu’à nouvel ordre », selon un communiqué de l’ambassade américaine à Jérusalem, alors que plusieurs médias américains affirment qu’Israël semble préparer une attaque contre l’Iran.
« Le transit entre ces trois zones, y compris à destination et en provenance de l’aéroport Ben Gourion, est autorisé », précise le communiqué.
Par ailleurs, « l’ambassade des Etats-Unis rappelle aux citoyens américains la nécessité de continuer à faire preuve de prudence (…), notamment de connaître l’emplacement de l’abri le plus proche en cas d’alerte rouge », car les attaques, « y compris les tirs de mortier, de roquettes et de missiles, et les intrusions de drones, se produisent souvent sans aucun avertissement. L’environnement de sécurité est complexe et peut changer rapidement ».
Mises en garde
A Vienne, la résolution adoptée par l’AIEA appelle l’Iran à « remédier d’urgence au non-respect » des engagements pris en vertu du TNP. En l’état, l’AIEA, une instance onusienne, « n’est pas en mesure de garantir que le programme nucléaire iranien est exclusivement pacifique ».
L’Union européenne a appelé l’Iran à « éviter toute mesure qui contribuerait à une escalade ». La France a dénoncé « la poursuite assumée de l’escalade nucléaire de l’Iran » et l’Allemagne a appelé Téhéran à renoncer « de manière crédible » à tout projet d’armement nucléaire.
Washington et Téhéran, qui n’ont plus de relations diplomatiques depuis 1980, tentent depuis avril de s’entendre sur un accord après le retrait des Etats-Unis de celui de 2015, sous le premier mandat de Donald Trump, et le rétablissement des sanctions américaines.
Dans un podcast du New York Post, enregistré lundi, M. Trump a dit être « beaucoup moins confiant (qu’auparavant) de parvenir à un accord ».
La France a « condamné fermement » les annonces de Téhéran sur la prochaine construction d’un nouveau site d’enrichissement et une augmentation « significative » de sa production d’uranium enrichi, dénonçant « le signe de la poursuite assumée de l’escalade nucléaire de l’Iran ».
Selon le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Paris a « pris note avec beaucoup de préoccupations des déclarations de l’Iran » et l’exhorte à « revenir dans le cadre des négociations ».
Le chef de la diplomatie allemande a déclaré, après les annonces de Téhéran sur la prochaine construction d’un nouveau site d’enrichissement, que Berlin attend de l’Iran qu’il renonce « de manière crédible » à tout projet d’armement nucléaire.
« Nous attendons de l’Iran qu’il prenne de manière crédible ses distances avec tout plan visant à se doter d’armes nucléaires », a déclaré Johann Wadephul lors d’une réunion à Rome, à quelques jours d’un nouveau cycle de pourparlers sur le dossier. « Nous ne resterons pas les bras croisés pendant que l’Iran se dote de l’arme nucléaire », a-t-il ajouté.
Wadephul se rendra au Moyen-Orient ce soir et sera en Israël dimanche, où la question de l’Iran sera à l’ordre du jour, a-t-il indiqué.