Israël en guerre - Jour 566

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Tsahal admet avoir affirmé à tort que les ambulances de Gaza n’avaient pas de gyrophares

Au moins six des quinze secouristes tués avaient été immédiatement identifiés par les responsables des services de renseignement comme étant des terroristes du Hamas

Emanuel Fabian est le correspondant militaire du Times of Israël.

Des véhicules d'urgence balisés et avec les gyrophares allumés, dans une vidéo publiée par le Croissant-Rouge palestinien le 5 avril 2025 et qui aurait été filmée par un secouriste de Gaza quelques minutes avant que lui et 14 de ses collègues ne soient tués par les troupes israéliennes dans le sud de Gaza le 23 mars 2025. (Crédit : Capture d'écran/Croissant-Rouge palestinien)
Des véhicules d'urgence balisés et avec les gyrophares allumés, dans une vidéo publiée par le Croissant-Rouge palestinien le 5 avril 2025 et qui aurait été filmée par un secouriste de Gaza quelques minutes avant que lui et 14 de ses collègues ne soient tués par les troupes israéliennes dans le sud de Gaza le 23 mars 2025. (Crédit : Capture d'écran/Croissant-Rouge palestinien)

L’armée israélienne a détaillé samedi les premières conclusions de son enquête sur la mort de quinze secouristes dans le sud de Rafah, dans la bande de Gaza, il y a deux semaines. Des soldats avaient alors ouvert le feu sur un convoi d’ambulances après l’avoir identifié par erreur comme une menace, puis enterré leurs corps.

Les faits survenus dans le quartier de Tel Sultan à Rafah font l’objet d’une nouvelle enquête « approfondie » menée par le chef du Commandement du Sud de l’armée israélienne, le général de division Yaniv Asor, et seront présentés dimanche au chef d’état-major de Tsahal, le lieutenant-général Eyal Zamir.

Selon les informations dont dispose actuellement l’armée, les faits se sont déroulés le 23 mars, alors que les combats reprenaient à Gaza et qu’une nouvelle opération était lancée dans le quartier de Tel Sultan.

Les soldats de la Brigade Golani, qui opéraient sous le commandement de la 14ᵉ brigade du Corps Blindé Mécanisé, avaient tendu une embuscade sur une route de Tel Sultan vers 16 heures. À ce moment-là, plusieurs ambulances et des civils sont passés sans incident.

Vers 16 h 30, un véhicule de police du groupe terroriste palestinien du Hamas a traversé la zone et les soldats de la Brigade Golani ont échangé des coups de feu avec les terroristes, tuant l’un d’entre eux et en arrêtant deux autres. Le véhicule du groupe terroriste est resté sur le bord de la route.

Vers 18 heures, le convoi d’ambulances est arrivé dans la zone et les soldats ont ouvert le feu, pensant qu’il s’agissait d’une menace. Les opérateurs de drones qui pilotaient un drone avaient signalé aux soldats de la Brigade Golani que les véhicules se dirigeaient dans leur direction de manière suspecte.

Selon l’enquête initiale, les soldats ont été surpris par l’arrêt du convoi sur la route, à côté du véhicule abandonné du Hamas, ainsi que par la sortie rapide de plusieurs suspects qui se sont mis à courir. Les soldats ignoraient toutefois que les suspects étaient en réalité des ambulanciers non armés.

L’armée a reconnu que sa déclaration selon laquelle les ambulances avaient leurs gyrophares éteints était incorrecte et reposait sur le témoignage des soldats impliqués dans cette affaire. Une vidéo publiée par le New York Times samedi montre clairement que les ambulances étaient identifiables et que leurs gyrophares étaient allumés.

L’enquête se penche actuellement sur cette incohérence.

Tsahal a également découvert qu’au moins six des quinze secouristes tués avaient été immédiatement identifiés par les responsables des services de renseignement comme étant des terroristes du Hamas.

Selon l’enquête initiale, les tirs avaient été effectués à distance et les soldats n’avaient tué personne.

Après la fusillade meurtrière, un commandant de bataillon adjoint de l’armée, accompagné de ses troupes, a rassemblé les corps en un seul endroit, les a recouverts de sable et a marqué l’emplacement des sépultures.

Tsahal a déclaré que l’enterrement des corps était une pratique approuvée et régulière pendant les combats à Gaza pour empêcher les chiens errants et autres animaux de manger les cadavres.

L’armée a ensuite informé l’ONU de l’emplacement des corps afin qu’elle vienne les récupérer. Le lendemain, l’ONU n’a pas pu trouver l’endroit et les troupes étaient mobilisées sur une autre tâche.

L’ONU a alors été appelée à revenir plusieurs jours plus tard pour récupérer les corps qui ont finalement été retrouvés en coordination avec l’armée.

Par ailleurs, un secouriste palestinien qui était présent lors de l’incident a affirmé avoir vu les troupes israéliennes tirer sur les véhicules d’urgence qui, selon lui, étaient tachés de sang après les coups de feu.

Munther Abed, bénévole auprès du Croissant-Rouge palestinien, a raconté qu’il répondait à un appel en compagnie de deux de ses collègues à proximité de Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, le 23 mars, lorsqu’il avait été arrêté par les soldats israéliens – peu avant que ces derniers ne tirent sur d’autres véhicules d’urgence.

Il a expliqué ne pas avoir pu exactement voir ce qui s’est passé lorsque les soldats ont ouvert le feu.

Abed a raconté que lui et ses deux collègues avaient reçu un appel, à l’aube, qui leur demandait d’aller aider des blessés après une frappe aérienne qui avait pris pour cible le secteur d’Al-Hashasheen à Rafah, à proximité de la frontière avec l’Égypte.

« Nous sommes partis immédiatement, moi et deux autres collègues. Dès que nous sommes arrivés, nous avons essuyé des tirs et nous avons été arrêtés », a-t-il expliqué par téléphone à Reuters depuis son domicile de Khan Younès, faisant référence aux tirs des soldats israéliens.

Il a noté qu’après avoir été arrêté, il avait perdu de vue ses deux collègues.

Il a expliqué qu’alors qu’il se tenait près des soldats, il avait vu d’autres véhicules de secours s’approcher de la position des militaires.

« J’ai pu voir le véhicule des urgences civiles. Les soldats ont commencé à tirer sur les véhicules, ils ont tiré très fort », s’est-il souvenu. « Il faisait nuit et je ne pouvais pas voir ce qui était arrivé aux personnes présentes, mais ils [les soldats] ont tiré très fort. Ils m’ont demandé de me baisser et ils ont tiré très fort. J’ai eu l’impression d’être moi-même touché par les balles ».

Le député Gilad Kariv (Les Démocrates) a déclaré dimanche que l’incident, ainsi que ce qu’il a qualifié de tentative de dissimulation de l’incident, sont le résultat d’une culture créée par les hauts responsables du gouvernement et leurs partisans, qui affirment sans cesse qu’il n’y a pas de civils innocents à Gaza.

Cette déclaration est un exemple rare de la part d’un parlementaire juif qui s’exprime sur un crime de guerre présumé à Gaza.

« L’incident très grave de l’ambulance dans le sud de la bande de Gaza soulève des questions difficiles et poignantes. Il ne faut pas automatiquement se fier à toutes les affirmations des médias étrangers, mais il ne faut certainement pas fermer les yeux », a écrit Kariv sur le réseau social X.

« Lorsque des ministres du gouvernement, des membres de la Knesset, d’anciens commandants supérieurs et des rabbins influents utilisent des discours tels que ‘personne n’est innocent’ et parlent d’exercer le pouvoir sans aucune limite, ces messages s’infiltrent dans les rangs de Tsahal, entraînant des conséquences à la fois difficiles et insupportables et des tentatives de dissimulation », a estimé ce parlementaire de l’opposition.

« L’armée doit fournir des réponses sur ce qui s’est passé lors de cet incident, prendre les mesures nécessaires malgré les attaques et les campagnes attendues contre elle, et montrer de réelles mesures pour corriger les défaillances éthiques et opérationnelles », a-t-il ajouté.

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