Tsahal dément avoir mis le feu à l’hôpital Kamal Adwan, au nord de Gaza
Contrairement aux affirmations du Hamas, l'armée nie tout lien avec "l'incendie du bâtiment vide" ; des États arabes ont condamné l'incident présumé ; le directeur de l'hôpital aurait été arrêté
L’armée israélienne a démenti samedi les allégations du groupe terroriste palestinien du Hamas selon lesquelles les troupes israéliennes auraient mis le feu à l’hôpital Kamal Adwan, situé à Beit Lahiya, dans le nord de la bande de Gaza. L’incident a néanmoins suscité une vive condamnation de la part des États arabes.
Le lieutenant-colonel Nadav Shoshani, porte-parole de Tsahal, a réfuté la version du Hamas. « Alors que les troupes de Tsahal ne se trouvaient pas dans l’hôpital, un petit incendie s’est déclaré dans un bâtiment vide de l’hôpital, un incendie qui est sous contrôle », a-t-il déclaré, ajoutant qu’une enquête préliminaire n’avait trouvé « aucun lien » entre les activités militaires et le feu.
« La publication d’informations non fondées sur la cause de l’incendie n’est rien d’autre qu’une preuve d’intégrité journalistique douteuse », a déclaré Shoshani.
Le ministère de la Santé de Gaza, dirigé par le Hamas, a accusé les troupes israéliennes d’avoir allumé des incendies dans plusieurs parties de l’hôpital, y compris dans le laboratoire et dans le service de chirurgie. Il a ajouté que 25 patients et 60 membres du personnel s’y trouvaient toujours.
Le ministère a également déclaré que les troupes israéliennes étaient entrées dans l’hôpital, qu’elles en avaient fait sortir le personnel et les patients et que ces derniers avaient ensuite été forcés à se déshabiller par un temps hivernal. Une vidéo non vérifiée circulant sur les réseaux sociaux prétend montrer des malades et des employés de l’hôpital dehors, devant des chars de l’armée israélienne.
Plus tard dans la journée de samedi, des responsables du ministère de la Santé de Gaza, dirigé par le groupe terroriste palestinien, ont dit que les troupes israéliennes avaient arrêté le directeur de l’hôpital.
BREAKING: The Israeli occupation military has stormed Kamal Adwan Hospital in northern Gaza, forcing doctors and patients to walk on foot to the southern part of the region. pic.twitter.com/HCLLXAHx1N
— Quds News Network (@QudsNen) December 27, 2024
« Les forces d’occupation [la présence israélienne] ont emmené des dizaines de membres du personnel soignant de l’hôpital Kamal Adwan dans un centre de détention pour les interroger et notamment le directeur, Hussam Abu Safiya », a affirmé le ministère dans un communiqué.
L’agence de défense civile de Gaza a également indiqué qu’Abu Safiya avait été arrêté, ajoutant que le directeur de l’agence pour le nord de l’enclave, Ahmed Hassan al-Kahlout, faisait partie des personnes détenues.
Les informations fournies par le ministère du Hamas n’a pas pu être confirmées de manière indépendante, et les tentatives entreprises pour joindre le personnel de l’hôpital ont été infructueuses.
Cependant, un message publié sur le compte Instagram d’Abu Safiya a indiqué qu’il n’avait pas été arrêté.
« Tout ce qui circule à propos de l’arrestation du Dr. Hussam Abu Safiya est mensonger », peut-on lire dans le communiqué publié sur son compte Instagram.
« Dieu merci, il va bien, mais les communications et le réseau sont très mauvais », ajoute le message, qui semble avoir été écrit par quelqu’un d’autre et non par Abu Safiya.
Bien qu’elle ait déclaré plus tôt mener des opérations contre les infrastructures et contre les terroristes du Hamas dans la région et avoir ordonné à des personnes de quitter l’hôpital, l’armée israélienne n’a pas encore fait de commentaire. Toutefois, Tsahal a nié être entré dans le complexe Kamal Adwan depuis vendredi soir.
Après que le Hamas a accusé Israël d’avoir pris d’assaut et incendié Kamal Adwan, des États arabes ont immédiatement dénoncé les opérations israéliennes.
Le ministère jordanien des Affaires étrangères a déclaré qu’Amman « condamne avec la plus grande fermeté l’incendie de l’hôpital Kamal Adwan, dans le nord de la bande de Gaza, par les forces d’occupation israéliennes, et le fait que les patients et le personnel soignant aient été contraints d’évacuer l’établissement ».
La déclaration a ajouté que les actions militaires israéliennes signalées constituaient « une violation flagrante du droit international et du droit humanitaire international ».
La déclaration du ministère des Affaires étrangères des Émirats arabes unis a fait écho à celle de la Jordanie, soulignant le « rejet catégorique d’Abou Dhabi de cet acte odieux qui viole le droit humanitaire international et le rejet de la destruction systématique et répréhensible du système de santé qui subsiste dans la bande de Gaza ».
L’Arabie saoudite a également publié une déclaration dénonçant les opérations israéliennes, qu’elle a qualifiées de violation du « droit international, du droit humanitaire international et des normes humanitaires et éthiques les plus fondamentales ».
Le Hamas a combattu depuis les hôpitaux tout au long de la guerre et y a même périodiquement caché certains des otages israéliens enlevés lors du pogrom du 7 octobre 2023. Le droit international interdit de cibler les hôpitaux en temps de guerre, mais cette protection peut être levée s’ils sont utilisés à des fins militaires.
L’armée israélienne, qui avait mené sa dernière opération contre le Hamas à Kamal Adwan en octobre, a déclaré vendredi que l’hôpital était « redevenu un bastion clé pour les groupes terroristes et qu’il continuait d’être utilisé comme refuge par des terroristes ».
Tsahal a également indiqué avoir « facilité l’évacuation sécurisée des civils, des patients et du personnel soignant avant l’opération » afin de minimiser les atteintes aux civils.
Depuis octobre, Israël a intensifié ses opérations terrestres et aériennes dans le nord de la bande de Gaza, déclarant que son objectif est d’empêcher le Hamas de se reconstituer dans la région.
Israël avait ordonné aux civils d’évacuer la zone alors qu’il se préparait à envahir Gaza en réponse à l’assaut du Hamas le 7 octobre 2023, date à laquelle quelque 6 000 Gazaouis dont 3 800 terroristes dirigés par le Hamas ont pris d’assaut le sud d’Israël, tué plus de 1 200 personnes, principalement des civils, et qu’ils ont enlevé 251 otages de tous âges – commettant de nombreuses atrocités et perpétrant des violences sexuelles à grande échelle.
On estime que 96 des 251 otages enlevés par le Hamas le 7 octobre 2023 se trouvent toujours à Gaza, y compris les corps de 34 otages dont le décès a été confirmé par l’armée israélienne.
Fin novembre 2023, le Hamas avait relâché 105 civils lors d’une trêve d’une semaine. Quatre otages avaient été remises en liberté précédemment. Huit otages vivants ont été secourus par les soldats et les dépouilles de 38 otages ont été récupérées, notamment celles de trois Israéliens qui ont été tués accidentellement par Tsahal.
Le groupe terroriste palestinien détient également deux civils israéliens entrés dans la bande de Gaza en 2014 et 2015, ainsi que les corps de deux soldats tués en 2014.
Selon le ministère de la Santé du Hamas, plus de 45 000 personnes seraient mortes à Gaza depuis le début de la guerre. Les chiffres publiés par le groupe terroriste sont invérifiables et incluraient ses propres terroristes, tués en Israël et à Gaza, ainsi que les civils tués par les centaines de roquettes tirées par les groupes terroristes depuis l’intérieur de la bande de Gaza.
Israël affirme avoir tué 18 000 terroristes au combat, et un millier d’autres terroristes à l’intérieur du pays le 7 octobre 2023.