Tsahal enquête sur des soldats ayant tiré sur un suspect palestinien déjà neutralisé
La police militaire examine si des "tirs illégaux ont été effectués", après que B'Tselem a publié une vidéo montrant des soldats en Cisjordanie tirant a bout portant sur 2 Palestiniens
La police militaire a ouvert vendredi une enquête après qu’une ONG controversée a publié des images de caméras de sécurité montrant des soldats en Cisjordanie en train de tirer sur deux Palestiniens à courte distance.
Dans la vidéo diffusée par B’Tselem, qui a été filmée dans le camp de réfugiés d’al-Faraa dans la vallée du Jourdain le 8 décembre, l’armée est engagée dans une course-poursuite après un groupe d’hommes palestiniens que l’on voit tenter de fuir les lieux à l’arrivée d’une jeep de l’armée israélienne.
Les soldats tirent alors depuis la jeep, touchant Rami Jundob, 25 ans, qui semble tenir un engin explosif. Jundob tombe, et la jeep se rapproche de lui avant que l’un des soldats à l’intérieur ne tire à nouveau sur lui.
Jundob est alors vu en train de lever les mains en l’air avant que les soldats ne recommencent à lui tirer dessus à maintes reprises à bout portant. Après une courte pause dans la vidéo, le soldat conduisant la jeep sort brièvement du véhicule pour photographier Jundob, qui, selon B’Tselem, a succombé à ses blessures le lendemain.
Thaar Shahin, un Palestinien de 36 ans, est ensuite vu en train de jeter un coup d’œil depuis une voiture derrière laquelle il se cachait, à plusieurs mètres de Jundob.
Les soldats semblent ensuite tirer sur Shahin après s’être arrêtés à côté de lui, avant de faire marche arrière.
Shahin et Jundob ont tous deux été évacués d’urgence vers un hôpital voisin, où leur décès a été prononcé, selon B’Tselem.
Original security camera footage obtained by B'Tselem captures two short-range executions of Palestinians in al-Far'ah R.C. on 8 December 2023. pic.twitter.com/gyDztMXIww
— B'Tselem בצלם بتسيلم (@btselem) December 15, 2023
Interrogé sur ces faits, Tsahal a déclaré dans un communiqué que la police militaire a ouvert une enquête « parce qu’elle soupçonne que des tirs illégaux ont été effectués au cours de cet incident ».
« À la fin de l’enquête, les conclusions seront soumises à l’avocat général des armées pour examen », a indiqué le communiqué.
L’incident s’inscrit dans le contexte d’une flambée de violence en Cisjordanie depuis le 7 octobre, date à laquelle des milliers de terroristes palestiniens du Hamas ont fait irruption en Israël depuis la terre, l’air et la mer dans un assaut choc au cours duquel ils ont massacré 1 200 personnes et pris au moins 240 otages, pour la plupart des civils. Des familles entières ont été massacrées dans leurs maisons et plus de 360 personnes ont été fauchées lors d’un festival de musique en plein air.
En réponse à cette attaque, la plus meurtrière de l’histoire du pays et la pire contre des Juifs depuis la Shoah, Israël a juré d’anéantir le Hamas de Gaza et de mettre fin à son règne de 16 ans, et a lancé une opération aérienne suivie d’une incursion terrestre.
Parallèlement à un certain nombre d’attaques terroristes meurtrières contre des Israéliens en Cisjordanie et en Israël depuis le 7 octobre, des groupes de défense des droits de l’Homme en Israël et à l’étranger ont noté qu’il y avait également une recrudescence des attaques violentes contre les Palestiniens en Cisjordanie.
Selon le ministère de la Santé de l’Autorité palestinienne, quelque 200 Palestiniens de Cisjordanie ont été tués par l’armée israélienne et, dans quelques cas, par des résidents d’implantations.
D’après les estimations de l’armée, la grande majorité des 200 Palestiniens tués depuis le 7 octobre ont été abattus au cours d’affrontements sur fond de raids d’arrestations. Environ 60 % d’entre eux, selon les données consultées par le Times of Israel, étaient munis d’une arme à feu ou d’un engin explosif.
Tsahal a connaissance d’au moins trois cas de Palestiniens non impliqués tués par les troupes au cours des dernières semaines, et d’une poignée de cas de résidents d’implantations ayant tué des Palestiniens, et qui font toujours l’objet d’une enquête.
https://twitter.com/nirhasson/status/1735628086102671416
Vendredi également, plusieurs agents de la police des frontières ont été filmés en train de battre un photojournaliste palestinien à Jérusalem-Est.
Mustafa Haruf, que le quotidien Haaretz décrit comme « un photographe bien connu dans la ville qui a également documenté les conséquences du massacre du Hamas dans les communautés frontalières de Gaza », a déclaré qu’il avait été attaqué sans raison après avoir quitté une prière dispersée par les forces de sécurité israéliennes dans le quartier de Wadi Joz.
Les images montrent un policier des frontières s’approchant de Haruf et le frappant avec le canon de son arme. Il est ensuite jeté au sol par un officier et reçoit des coups de pied à la tête et au corps à plusieurs reprises alors qu’il se trouve au sol, sans défense, hurlant de douleur. Il a été évacué à l’hôpital pour des blessures à la tête et au visage.
La police des frontières a annoncé plus tard avoir suspendu les deux agents impliqués dans l’incident et que le Département des enquêtes internes de la police avait ouvert une enquête sur cette affaire. Un communiqué antérieur de la police avait indiqué que des journalistes avaient cherché à interférer avec les opérations dans la zone et avaient refusé l’ordre de quitter les lieux.