Tsahal frappe Sanaa et met « hors service » l’aéroport, contrôlé par les Houthis
Les frappes, qui auraient fait trois morts, ont aussi ciblé des centrales électriques et une cimenterie, en réponse au missile du groupe soutenu par l’Iran qui a touché l’aéroport Ben Gurion dimanche
L’armée de l’air israélienne a mené mardi après-midi une série de frappes au Yémen, affirmant avoir « totalement mis hors service » l’aéroport international de Sanaa, situé dans la capitale yéménite contrôlée par les Houthis, ainsi que d’autres cibles.
Trois personnes ont été tuées et 38 ont été blessées, ont rapporté des médias des insurgés.
« Trois des sept avions appartenant à la compagnie nationale Yemenia ont été détruits à l’aéroport de Sanaa, et l’aéroport international a été complètement détruit », a déclaré à l’AFP un responsable aéroportuaire.
Il s’agissait du deuxième jour consécutif de frappes, menées en réponse aux attaques répétées de missiles et de drones lancés par ce groupe soutenu par l’Iran contre Israël, notamment le tir, dimanche, d’un missile qui a touché l’enceinte de l’aéroport Ben Gurion, a indiqué Tsahal.
Des dizaines d’avions de combat, ravitailleurs et appareils de reconnaissance de l’armée de l’air israélienne ont pris part aux frappes menées mardi au Yémen.
L’aéroport international de Sanaa, déjà visé par l’armée israélienne par le passé, a été cette fois « complètement mis hors service », selon Tsahal, après des frappes ayant ciblé ses pistes, ses avions et ses infrastructures.
Le ministre israélien de la Défense, Israel Katz, a jugé mardi l’Iran « directement responsable » des attaques des Houthis contre Israël et averti que Téhéran en subirait « toutes les conséquences ».
« Ceci est (…) un message d’avertissement adressé à la tête de la pieuvre iranienne : vous êtes directement responsable de toute attaque menée par la tentacule houthie de la pieuvre contre l’Etat d’Israël – et vous en assumerez toutes les conséquences », a dit M. Katz dans un enregistrement vidéo avec le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu.
Tsahal affirme que l’aéroport était utilisé par les Houthis « pour le transfert d’armes et d’agents », et qu’il est « régulièrement exploité par le régime houthi à des fins terroristes ».
بدء القصف على مطار صنعاء الدولي الأن ????
حسبنا الله ونعم الوكيل pic.twitter.com/gvjLKDaqLf— صالح العسولي ???????? (@S_Al_Asouli) May 6, 2025
Une heure avant la frappe, l’armée israélienne a diffusé un avertissement qualifié d’ « urgent » et sans précédent à destination des civils. Dans une publication sur X, le porte-parole de Tsahal en langue arabe, le colonel Avichay Adraee, a écrit : « Nous vous demandons d’évacuer immédiatement la zone de l’aéroport et d’avertir tous ceux qui vous entourent que cette zone doit être évacuée sur-le-champ ».
#عاجل ‼️ انذار عاجل إلى جميع المتواجدين في منطقة مطار صنعاء الدولي وفق ما يعرض في الخارطة المرفقة.
⭕️ندعوكم إلى اخلاء منطقة المطار – مطار صنعاء الدولي – بشكل فوري وتحذير كل من يتواجد بجواركم عن ضرورة اخلاء هذه المنطقة فورًا
⭕️عدم الاخلاء والابتعاد عن المكان يعرضكم للخطر pic.twitter.com/5qXw5x4SBD— افيخاي ادرعي (@AvichayAdraee) May 6, 2025
Tsahal a également annoncé avoir frappé plusieurs centrales électriques situées dans le centre du pays, près de Sanaa, qu’elle accuse d’être utilisées par les Houthis, ainsi qu’une cimenterie dans la ville d’Amran, au nord de la capitale, utilisée selon l’armée pour la construction de tunnels et d’infrastructures militaires.
« La frappe sur l’usine de béton porte un coup à l’économie du régime et à ses capacités de renforcement militaire », a déclaré l’armée israélienne.
La veille, l’armée de l’air israélienne avait déjà visé une autre cimenterie utilisée par les Houthis, ainsi que des infrastructures situées dans le port de Hodeida, sur la mer Rouge.

La frappe de ce mardi constitue la septième opération israélienne au Yémen depuis le début de la guerre. Tsahal avait suspendu ses ripostes aux tirs de missiles et de drones des Houthis après le lancement, en mars, d’une vaste campagne aérienne américaine contre le groupe soutenu par l’Iran. L’armée israélienne a toutefois repris ses frappes lundi, à la suite de l’attaque houthie contre l’aéroport Ben Gurion.
L’armée de l’air israélienne avait déjà visé l’aéroport international de Sanaa en décembre dernier, affirmant avoir ciblé des « infrastructures utilisées par le régime terroriste houthi pour ses activités militaires ». Un employé du Service aérien humanitaire des Nations unies avait été blessé dans cette frappe, survenue alors que le directeur général de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), Tedros Adhanom Ghebreyesus, se trouvait dans l’aéroport, en attente d’un vol.
Des responsables israéliens ont précisé que toutes les frappes au Yémen étaient coordonnées avec les États-Unis, tout en insistant sur le fait qu’il ne s’agissait pas d’opérations conjointes.

Dimanche, un missile houthi a, pour la première fois, atteint le périmètre de l’aéroport Ben Gurion, près de Tel Aviv. Il a frappé un bosquet d’arbres bordant une route d’accès, à quelques centaines de mètres du Terminal 3 et de la tour de contrôle.
L’explosion a provoqué un large cratère près d’un parking et a blessé légèrement six personnes, incitant la majorité des compagnies aériennes internationales à suspendre temporairement leurs vols vers Israël.
Dans un communiqué, les Houthis ont revendiqué l’attaque et promis de « viser à plusieurs reprises les aéroports israéliens, en particulier Ben Gurion, pour imposer un blocus aérien complet à l’ennemi ».
Ce groupe pro-iranien, dont le slogan officiel appelle à « la mort de l’Amérique, la mort d’Israël et la malédiction des Juifs », a commencé ses attaques contre Israël et le trafic maritime international en novembre 2023, un mois après le pogrom perpétré par le groupe terroriste palestinien du Hamas le 7 octobre 2023.

Les Houthis ont suspendu leurs tirs lorsqu’un cessez-le-feu a été conclu entre Israël et le Hamas en janvier 2025. À ce moment-là, ils avaient déjà lancé plus de 40 missiles balistiques, ainsi que des dizaines de drones d’attaque et de missiles de croisière en direction d’Israël. L’un de ces missiles avait causé la mort d’un civil et blessé plusieurs autres personnes à Tel Aviv en juillet, ce qui avait entraîné la première frappe israélienne contre le Yémen.
Depuis le 18 mars, date à laquelle Tsahal a repris son offensive contre le Hamas dans la bande de Gaza, les Houthis ont tiré environ 27 missiles balistiques et lancé plusieurs drones supplémentaires contre Israël.
Les alertes aux missiles forcent des centaines de milliers d’Israéliens à se réfugier dans les abris à toute heure du jour et de la nuit, entraînant des chutes, des blessures, voire des décès, en raison des bousculades, mais aussi des débris tombant après interception, qui provoquent régulièrement des dégâts matériels et font parfois des victimes.
L’AFP et Lazar Berman ont contribué à cet article.