Tsahal rapproche les unités de surveillance de la frontière libanaise ; des parents protestent
Craignant une attaque du Hezbollah similaire à celle du Hamas le 7 octobre, une mère dit préférer que sa fille soit dans une prison militaire plutôt que morte

Selon les médias israéliens, des parents de soldats affectés à la surveillance, dans le nord du pays, ont fait savoir que leurs enfants refuseraient de travailler depuis un nouveau poste temporaire plus proche de la frontière avec le Liban, ajoutant préférer que leurs enfants fassent de la prison militaire pour désobéissance plutôt que de les voir inutilement exposés.
La chaîne publique Kan a rapporté lundi que les soldats avaient informé leurs supérieurs de leur inquiétude, en raison de leur manque d’équipements et de formation, à la proximité de la frontière, où Tsahal et le Hezbollah se livrent à des échanges de tirs quasi quotidiens depuis le début de la guerre à Gaza le 7 octobre dernier.
Le traitement réservé par l’armée israélienne aux soldats de surveillance, dont la grande majorité sont des femmes, est très critiqué depuis le début de la guerre, lorsque le Hamas a lancé une attaque surprise sans précédent contre Israël depuis la bande de Gaza, qui a coûté la vie à 1 200 personnes, essentiellement des civils, et fait 253 otages.
Le jour de l’attaque, les soldats chargés de la surveillance au niveau de la frontière de Gaza n’étaient pas armés et ne bénéficiaient pas d’une protection suffisante contre les terroristes qui ont envahi la base de Nahal Oz, où 66 soldats ont perdu la vie et six ont été kidnappés. Quinze soldates de surveillance ont été assassinées par les terroristes et d’autres ont été enlevées et sont séquestrées à Gaza.
Selon les informations de Kan, les inquiétudes des soldats stationnés dans le nord n’ont pas été prises au sérieux lors de la réunion, et le commandant du bataillon a même demandé aux soldats de calmer leurs parents, qui, selon ses dires, le « harcelaient » quotidiennement à ce sujet.
La mère de l’un de ces soldats, qui représente les autres parents et se fait connaitre sous le nom d’Emily, a dit à Kan qu’elle ne laisserait pas sa fille se rendre dans ce nouveau poste, même si cela lui valait de la prison militaire.
« Mieux vaut pour ma fille être en prison, mais en vie, avec trois repas par jour ».

« Ma fille est partie faire son service à un poste de non combattant : je me sens responsable de ce qui peut lui arriver », ajoute-t-elle. « Je ne veux pas parler de ma fille au passé. »
« Ma fille n’appartient ni à l’État d’Israël ni à l’armée, elle n’appartient qu’à moi », conclut Emily.
Les parents ont dit à Kan que les soldats de surveillance pouvaient parfaitement faire leur travail depuis l’emplacement actuel, situé à une distance plus importante de la frontière.
« Comment l’armée peut-elle imaginer qu’ils fassent leur travail quand ils ont peur ? » interroge Emily, estimant que le transfert des soldats près de la frontière serait préjudiciable à l’armée en raison du refus de servir des soldats.
L’armée israélienne a fait savoir que des soldats de surveillance avaient d’ores et déjà rejoint le poste temporaire et qu’il y avait déjà eu des soldats à cet endroit par le passé.
« Au regard des considérations opérationnelles, il a été décidé de réorganiser les bataillons de surveillance dans le nord et de déplacer certains soldats dans un poste temporaire », indique le communiqué.

Stationnés le long des frontières d’Israël, les soldats de surveillance sont souvent décrits comme les « yeux de l’armée » car ils fournissent aux soldats sur le terrain des renseignement recueillis en temps réel depuis les postes d’observation, 24 heures sur 24, sept jours sur sept.
Dans le sillage de l’attaque du 7 octobre, les soldats de surveillance affectés à la frontière avec Gaza ont fait savoir qu’ils avaient alerté leurs supérieurs de l’existence d’activités suspectes plusieurs jours avant le drame.
Les soldats ont expliqué avoir vu des terroristes du Hamas s’entraîner pour l’attaque qui finira par avoir lieu, sans toutefois que leur hiérarchie ne les prenne au sérieux.
L’une des soldates kidnappées, la caporale Ori Megidish, a été secourue par les soldats israéliens le 30 octobre. Elle a repris du service ce lundi.
En janvier dernier, Kan avait indiqué que même après l’attaque du 7 octobre, Tsahal avait décidé de ne pas armer les soldats de surveillance. L’armée avait fait savoir que la question était toujours à l’étude et qu’en attendant, les soldats pouvaient demander des armes à titre individuel.
Sachant que l’unité d’élite Radwan du Hezbollah est prête et active à la frontière avec Israël, les autorités de sécurité israéliennes ont exprimé la crainte que l’organisation terroriste ne mène une attaque comparable à celle du 7 octobre, cette fois dans le nord du pays.
Israël a fait savoir à plusieurs reprises que si la diplomatie ne permettait pas de repousser Radwan loin de la frontière, comme le commande la résolution 1701 de l’ONU qui a mis fin à la guerre de 2006 entre Israël et le Hezbollah, il se verrait obligé de déclarer la guerre à l’organisation terroriste soutenue par l’Iran.