Un agent pénitentiaire dément avoir « prostitué » des soldates à des Palestiniens
Après la réouverture de l'enquête, un officier déclare que les accusations sont "inventées et absurdes", et que les soldates étaient des agents qui ont consenti à la mission
Un officier de renseignement de l’administration pénitentiaire s’est fermement élevé lundi contre les allégations selon lesquelles il aurait « prostitué » des soldates à des détenus terroristes palestiniens de la prison de Gilboa afin de satisfaire les prisonniers, estimant qu’elles étaient « inventées et absurdes ».
Ces commentaires sont intervenus quelques jours après que la police israélienne a annoncé qu’elle allait rouvrir une enquête sur ces allégations vieilles de plusieurs années, à la suite de déclarations fracassantes faites à ce sujet par l’actuel directeur de la prison de Gilboa, Freddy Ben Shitrit, lors de son témoignage devant une commission d’enquête sur une récente évasion de prisonniers palestiniens.
Ben Shitrit a déclaré dans son témoignage que les employés de la prison avaient « prostitué des soldates pour répondre à certains besoins, ni à des fins professionnelles ni à des fins opérationnelles ». Il a ajouté qu’il s’agissait d’un « immense incident ».
Des soldates avaient affirmé en 2018 avoir été placées en contact étroit avec certains détenus influents afin de les satisfaire, ce qui a conduit les femmes à être harcelées et abusées sexuellement. Une première enquête avait été close en raison d’un manque de preuves, ont rapporté mercredi soir les médias israéliens.
Les allégations de Ben Shitrit – qui n’était pas en poste à la prison au moment des faits présumés – ont suscité une large couverture médiatique et des appels à la réouverture de l’enquête. Ben Shitrit devrait être convoqué par la police pour être interrogé sur ses commentaires, ont rapporté les médias israéliens.
Dans une interview accordée à la Douzième chaîne et diffusée lundi soir, l’officier – qui n’a pas été identifié publiquement – a attaqué Ben Shitrit et l’a accusé d’essayer de détourner l’attention de son échec à empêcher l’évasion de la prison.
« Ses conseillers lui ont probablement dit : ‘Si tu veux détourner l’attention vers cette affaire, c’est le moment' », a-t-il déclaré à la chaîne.

Niant les allégations portées contre lui, il a déclaré qu’elles « ne sont pas vraies » et que les soldates étaient en fait des « agentes » chargées – avec leur plein consentement – de soutirer des informations aux détenus.
« Nous ne faisons pas une telle chose sans leur consentement. Elles ne sont littéralement que des agents », a-t-il soutenu.
« Les gardiennes de prison qui se plaignent savent que je n’ai envoyé aucune d’entre elles dans le quartier [de sécurité] », a-t-il dit, ajoutant que dans un cas, un condamné pour terrorisme a été rapidement transféré dans une autre prison, Hadarim, pour huit mois.
« C’est une honte. Tout ce qui a été dit est absurde », a-t-il dit, déplorant qu’il ne puisse pas discuter publiquement de tous les aspects de l’affaire pour éviter de divulguer des détails classifiés.
« J’ai les mains liées. Il y a des questions de renseignement dont je ne peux pas parler », a-t-il ajouté, affirmant que certains fonctionnaires cherchaient à nuire à la réputation de l’administration pénitentiaire en le ciblant.
L’agent a été suspendu après que les allégations ont fait surface, mais il a depuis réintégré l’administration pénitentiaire. Il a été convoqué à une audience en vue de son éventuel licenciement, mais n’a pas été renvoyé, a rapporté la Douzième chaîne jeudi.

La commission chargée d’enquêter sur l’évasion de six condamnés pour terrorisme de la prison de Gilboa a annoncé qu’elle n’enquêtera pas sur les allégations selon lesquelles les soldates qui effectuaient leur service en tant que gardiennes de la prison ont été « prostituées ».
« La commission d’enquête tient à préciser que ce sujet (…) n’est pas susceptible d’être sondé par ses soins », déclare le chef de la commission dans un communiqué, selon Walla news. « Nous comptons sur les autorités compétentes pour donner leur avis sur la question ».
L’une des soldates qui a déclaré avoir été agressée sexuellement lors de l’incident a demandé la réouverture de l’enquête.
La soldate, qui n’a pas été identifiée par son nom, a déclaré à Walla qu’elle et d’autres gardiennes avaient été agressés sexuellement par un terroriste palestinien nommé Muhammad Atallah. Les gardiens ont affirmé que la direction de la prison était au courant de ces abus et les a couverts jusqu’à ce que des reportages médiatiques de la Vingtième chaîne les révèlent en juin 2018.
Ces rapports alléguaient que l’officier de renseignement en plaçait des gardiennes dans l’aile de sécurité de l’établissement à la demande du terroriste.

La Douzième chaîne a déclaré que trois soldates étaient impliquées dans cette affaire.
La soldate qui a témoigné a déclaré avoir reçu l’ordre d’accompagner Atallah dans l’établissement, ce qui lui donnait l’occasion de l’agresser, notamment en lui tripotant les fesses, tandis que ses supérieurs fermaient les yeux.
En échange, Atallah, une figure puissante parmi les autres prisonniers, assurait la tranquillité de l’établissement pour le personnel de la prison, selon la Douzième chaîne.
« Ils m’ont envoyée faire des missions que je n’étais pas censée faire pour être un objet sexuel afin d’obtenir des renseignements », a déclaré l’une des victimes présumées à la Douzième chaîne. « L’un des prisonniers de la sécurité a agi comme il le voulait envers moi. Insultes, offenses sexuelles, agressions verbales. Chaque fois que je venais prendre mon service, j’étais déprimée. »
Elle a dit qu’elle était utilisée « comme un objet, comme une jolie fille, comme une tentatrice. Pour être juste un objet sexuel pour obtenir des informations d’eux ».
« Mes commandants ne se souciaient pas de ce que je ressentais ou de ce que je vivais », a-t-elle déclaré.