Un café queer et yiddish de Glasgow ferme après des menaces antisémites ?
Le Pink Peacock, qui fonctionnait selon le principe du "pay-as-you-can", ferme ses portes après un "nombre étonnant de propos antisémites", selon les propriétaires
LONDRES (JTA) – Le Pink Peacock, un café de Glasgow où l’on parlait yiddish et qui accueillait les homosexuels, a fermé ses portes le 21 juin, ses propriétaires ayant déclaré avoir reçu « un nombre étonnant de propos antisémites » ces trois dernières années émanant de personnes se décrivant elles-mêmes comme des gauchistes.
Le café a fait savoir dans un communiqué publié sur son site Internet que les membres de son collectif, qui y travaillaient bénévolement, souffraient de « burn-out » en raison du stress lié à la « lutte contre le capitalisme et la kyriarchie« , à la « pandémie en cours » et à la « bataille constante pour se maintenir à flot financièrement ».
Les copropriétaires Morgan Holleb et Joe Isaac ont affirmé qu’ils avaient été victimes de « harcèlement » de la part du Socialist Workers Party, un petit parti politique trotskiste du Royaume-Uni, et d’autres personnes. Ils ont ajouté que plusieurs membres du collectif avaient déjà déménagé ou prévoyaient de le faire en raison de « l’isolement des Juifs, de l’antisémitisme débridé en Écosse et de l’impact de ce harcèlement ».
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« En plus de la réaction prévisible de la droite provenant des terfs [féministes radicales trans-exclusives] et des lèche-bottes, nous avons reçu un nombre franchement étonnant de propos antisémites ces trois dernières années de la part de personnes se décrivant comme des gauchistes qui nous ont doxxés, nous ont harcelés en ligne et hors ligne, et ont répandu des rumeurs selon lesquelles nous serions des ‘propriétaires’, des ‘patrons’ qui ’profitent de la Shoah’ », peut-on lire dans le communiqué.
Le café fonctionnait selon le principe du pay-as-you-can, selon lequel les clients devaient payer un prix pour les produits qu’ils consommaient s’ils en avaient la possibilité, mais qui leur permettait également de manger gratuitement. Les bilans financiers de mai 2022 montrent que le Pink Peacock devait 12 000 £ à ses créanciers, et ne disposait plus que de 5 764 £ en caisse.
Bien que le nombre d’incidents antisémites signalés en Écosse reste faible par rapport aux normes nationales, les cas enregistrés ont augmenté ces dernières années, selon le Community Security Trust (CST), une organisation qui assure la sécurité de la communauté juive britannique et qui suit l’antisémitisme en Grande-Bretagne depuis le début des années 1980. En 2022, le CST a enregistré 34 incidents antisémites en Écosse, contre 30 en 2020.
Holleb et Isaac ont confié à la Jewish Telegraphic Agency lors de l’ouverture en 2020 que leur but était de créer « un espace juif où vous pouvez être ouvertement queer » et « un espace pour apprendre le yiddish. » Ils souhaitaient également ressusciter le dialecte écossais-yiddish qui s’était développé parmi les immigrants juifs d’Europe de l’Est à Glasgow à la fin du 19e siècle.
Le café a suscité la controverse parmi les voisins et a fait l’objet d’une attention nationale en Écosse à plusieurs reprises pour son activisme. En juin 2021, la police de Scotland a accusé Holleb de trouble à l’ordre public suite à une plainte concernant un sac fourre-tout exposé et vendu dans l’établissement sur lequel était inscrit « F**k the Police » en anglais et en yiddish. Le sac a ensuite été épuisé.
En septembre de la même année, le Pink Peacock a vendu des clés de menottes en prévision d’une manifestation prévue lors du sommet COP26 des Nations unies à Glasgow, une initiative qui a suscité des critiques. La police écossaise a déclaré que toute personne utilisant une clé de menottes lors de son arrestation serait « probablement accusée de résistance, d’obstruction ou d’entrave » à un policier, en plus de l’infraction pour laquelle elle serait arrêtée.
Alors que de nombreux Juifs vivaient autrefois à Govanhill, le quartier ou se situe le café, connu pour ses populations immigrées, il n’en reste aujourd’hui que très peu. La communauté juive écossaise, estimée à moins de 5 000 personnes, vit principalement dans d’autres quartiers de Glasgow. Les relations entre les institutions publiques et le Pink Peacock, qui se voulait un lieu plus ouvert et plus accueillant que les institutions écossaises souvent conservatrices, étaient tendues.
Un membre de la communauté juive locale a déclaré à la JTA que si certains juifs ayant des « liens idéologiques » ont peut-être fréquenté le café, il comptait peu d’autres membres de la communauté parmi ses clients.
Le Pink Peacock n’a pas répondu à une demande de commentaire sur cet article. En 2020, Holleb et Isaac avaient déclaré à la JTA qu’ils considéraient leurs relations avec la communauté juive de Glasgow comme « mixtes ».
Paul Edlin, ancien président du Conseil représentatif juif de Glasgow et conseiller du Parti conservateur, a déclaré à la JTA qu’il était « ravi » que le Pink Peacock ait fermé ses portes. Il a affirmé que « tout ce qu’ils ont fait, c’est susciter l’embarras et causer des problèmes à la communauté » et a qualifié de « négatives » les relations entre le café et la communauté juive de Glasgow.
« La communauté aurait été ravie de les soutenir s’ils avaient été traditionnels et s’ils avaient adhéré de quelque manière que ce soit aux valeurs juives », a affirmé Edlin. « Ils vont à l’encontre de tout ce que la plupart des gens considèrent comme normal », a-t-il ajouté, soulignant les positions anti-sionistes et anti-policières du café.
Il a ajouté : « Bon débarras de ces mauvaises herbes ».
Selon Edlin, les membres du collectif Pink Peacock auraient déjà essayé d’assister aux offices à Garnethill, une synagogue orthodoxe située dans le centre-ville de Glasgow, mais ils ont dû être « chassés » à la suite d’une querelle avec les responsables de la congrégation.
Le café a publié divers documents sur les caractéristiques démographiques du collectif dans le cadre de ce qu’il a décrit comme un effort pour « rendre des comptes à nos communautés ». Une feuille de « contrôle de la diversité » montre que l’association comptait 29 membres lors du dernier recensement, mais que seuls deux d’entre eux ont déclaré parler le yiddish et que seuls cinq membres se sont déclarés juifs.
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