Un candidat à la mairie de NYC avait déclaré être antisioniste lors d’une manifestation en 2021
Une vidéo montre Zohran Mamdani, à la 2e place avant les primaires, répondant à des questions concernant sa position sur le droit d’Israël à exister et rejetant l’idée de souveraineté juive dans le pays, insistant sur le fait qu’être antisioniste n’est pas antisémite
Luke Tress est le vidéojournaliste et spécialiste des technologies du Times of Israël

NEW YORK – Zohran Mamdani, membre de l’Assemblée de l’État de New York et l’un des candidats en tête dans la course à la mairie de New York, avait déclaré devant une foule en 2021 qu’il était antisioniste, selon des vidéos qui ont récemment refait surface.
Mamdani est actuellement en 2e position dans les sondages avant les primaires démocrates pour la mairie, qui auront lieu le mois prochain. Le résultat de ce scrutin déterminera probablement l’identité du prochain maire de cette ville à majorité démocrate. L’élection aura lieu en novembre. Les questions de l’antisémitisme et d’Israël sont centrales dans la course à la mairie. Ces dernières semaines, les opinions de Mamdani concernant l’existence d’Israël en tant qu’État juif se sont retrouvées au cœur du débat.
Au cours d’un rassemblement organisé en 2021 à Brooklyn par l’organisation antisioniste Jewish Voice for Peace, Mamdani avait déclaré que l’activisme pro-palestinien était au cœur de sa politique, comme le montrent des images inédites.
« C’est la Palestine qui m’a poussé à me lancer, et c’est pour elle que je poursuivrai toujours », avait expliqué Mamdani, en rappelant qu’il avait co-fondé une section de l’organisation Students for Justice in Palestine dans son université. Mamdani, 33 ans, a fréquenté l’université Bowdoin, dans le Maine.
« L’antisionisme n’est pas de l’antisémitisme. L’antisémitisme n’a pas sa place au sein du mouvement antisioniste auquel je crois et auquel j’appartiens », avait-il jugé bon de préciser.
« Si votre âme est emplie de haine, alors vous n’y avez pas votre place », avait-il ajouté.
Il avait affirmé se battre pour la « justice » dans les territoires palestiniens de Cisjordanie et de Gaza ainsi qu’à Haïfa, qui se trouve dans les frontières indiscutées de l’État d’Israël.
Élu au début de l’année 2021 comme représentant du quartier d’Astoria, dans le Queens, Mamdani siège toujours à l’Assemblée de l’État de New York.
Au moment de la manifestation, Israël luttait contre les terroristes de Gaza, dans le cadre de l’opération Gardien des murs.
L’antisionisme consiste à rejeter l’idée de la souveraineté juive en Israël. Selon la définition contestée de l’antisémitisme par l’IHRA, nier au peuple juif son droit à l’autodétermination relève de l’antisémitisme.
C’est dans un contexte d’interrogations sur le soutien de Mamdani au droit d’Israël à exister que la vidéo a refait surface.
Au début du mois de mai, le site d’information Politico a rapporté que Mamdani avait refusé de signer les résolutions condamnant la Shoah et reconnaissant l’indépendance Israël, ce qu’il a ensuite nié.
Lors d’une conférence de presse, après cette controverse, Mamdani avait fait savoir qu’il soutenait le « droit d’Israël à exister en tant qu’État ».
Cette déclaration a suscité une levée de boucliers chez les activistes anti-israéliens de la ville. Nerdeen Kiswani, responsable du groupe d’activistes anti-israéliens le plus important de New York, Within Our Lifetime, a accusé Mamdani « de soutenir un mouvement colonial sur fond d’extermination diffusée en direct », mais a ajouté qu’il restait néanmoins « le meilleur candidat ».
Un autre activiste, durant une réunion de campagne, s’est adressé en criant à Mamdani : « Je vous entends dire ‘Free Palestine’, mais vous dites aussi ‘Israël a le droit d’exister’. Ne soyez pas si hypocrite. »
Politicians like @ZohranKMamdani who seek our votes must be held accountable. Recently, he’s made the media rounds, repeatedly reaffirming “Israel’s right to exist” — a phrase long used to justify the ongoing genocide, ethnic cleansing, and dehumanization of Palestinians. No… pic.twitter.com/l2f52yVtsj
— Anas Saleh انس صالح (@AnasSaleh_NYC) May 21, 2025
La semaine dernière, lors d’un forum destiné aux candidats à la mairie organisé par l’UJA-Federation of New York et le Jewish Community Relations Council of New York, Mamdani avait été sommé de donner son opinion sur le droit d’Israël à exister spécifiquement en tant qu’État juif.
« Je pense qu’Israël a le droit d’exister, avec une égalité des droits pour tous », a-t-il déclaré, sans mentionner le caractère juif d’Israël.
Une autre vidéo publiée début 2021 montre Mamdani lançant des slogans « BDS », faisant référence au mouvement anti-israélien « Boycott, désinvestissement et sanctions », au cours d’une manifestation devant le consulat israélien.
Le soutien apporté par Mamdani au BDS n’a rien de récent ni de surprenant. De plus, il appartient aux socialistes démocrates d’Amérique, parti d’extrême gauche engagé dans l’activisme anti-israélien.
Cette manifestation était toutefois importante. Elle était placée sous l’égide du groupe Within Our Lifetime, qui milite pour la destruction violente d’Israël. Le groupe suivait déjà cette ligne avant l’attaque du Hamas en octobre 2023. On peut l’entendre crier « Écrasez l’État sioniste colonisateur » et appeler à une intifada.
Une partie de la vidéo de cette manifestation a fait surface au début du mois de mai. Sur des images inédites, on peut voir des activistes réunis autour de Mamdani. Dans la vidéo, Mamdani se tient à côté de Kiswani, qui affiche son soutien au Hamas depuis le 7 octobre. Le groupe Within Our Lifetime avait en effet cautionné l’invasion du Hamas. Depuis, il a organisé des manifestations, provoquant des troubles dans toute la ville de New York, ciblant des hôpitaux, des monuments aux morts, des bibliothèques, des musées et des célébrations de jours fériés.
Raja Abdulhaq, cofondateur de l’agence Palestinian Quds News Network, avait succédé à Mamdani à la tribune, exprimant son soutien à la « résistance » à Gaza avant et depuis le 7 octobre.
Sur les images, on peut voir dans la foule des activistes du réseau Samidoun, identifié l’an dernier comme entité terroriste par les États-Unis et le Canada, ainsi que des pancartes « Il n’y a qu’une seule solution, la révolution de l’intifada » et « Résistance, retour et réparation ».
Une semaine après la manifestation, des activistes liés au groupe Within Our Lifetime avaient agressé un Juif dans le centre de Manhattan. Ils ont écopé d’une peine de prison pour crime de haine.
L’équipe de campagne de Mamdani n’a pas donné suite aux demandes de commentaires.
Mamdani a également été critiqué pour avoir participé à un podcast aux côtés du streamer Hasan Piker connu pour ses antécédents d’antisémitisme, ainsi que pour avoir assuré que, s’il était élu, il arrêterait le Premier ministre Benjamin Netanyahu si celui-ci venait à New York, au regard du mandat d’arrêt émis par la Cour pénale internationale à l’encontre du Premier ministre israélien. La Cour n’a toutefois aucune compétence aux États-Unis, et la loi fédérale interdit aux gouvernements locaux de coopérer avec elle.
Il avait mené des opérations de sensibilisation auprès des communautés juives, en obtenant l’approbation du groupe Jewish Voice for Peace et de l’organisation Jews for Economic and Racial Justice via la section électorale du groupe, le Jewish Vote. Il a condamné sans équivoque le meurtre des 2 employés de l’ambassade israélienne à Washington, DC, la semaine dernière. Une partie des socialistes démocrates avait soutenu les meurtres.

Les sondages avant la primaire révèlent que Mamdani se trouve derrière l’ancien gouverneur de l’État de New York, Andrew Cuomo, qui a déclaré que la lutte contre l’antisémitisme était une priorité. Au cours de sa campagne, il a exprimé à plusieurs reprises son soutien à Israël et à la communauté juive, et a attaqué les socialistes démocrates et leur « plate-forme anti-israélienne ».
Le mode de scrutin en vigueur dans la ville place Cuomo en tête parmi les électeurs juifs et le grand public, selon un sondage publié par Marist au début du mois. D’après ce sondage, Cuomo représente le premier choix de candidat pour 26 % des Juifs.
Les soutiens les plus importants de Mamdani sont les libéraux blancs, jeunes et diplômés, attirés par ses propositions progressistes malgré quelques doutes sur le financement et la mise en œuvre des mesures envisagées. Mamdani occupe la 3e place dans les sondages parmi les électeurs juifs. Il représente le premier choix de 14 % d’entre eux.
D’après un sondage plus récent publié cette semaine par Emerson College, Mamdani est le premier choix de 22 % des votants, contre 35 % pour Cuomo.
Selon le sondage de Marist, Brad Lander, contrôleur de la ville de New York, Juif sioniste progressiste, était en 2e position pour les électeurs juifs, avec 17 %.
Selon le système de scrutin à choix classé en vigueur dans la ville, un candidat peut remporter la primaire sans bénéficier d’une majorité de votes de premier choix.
La communauté juive représente environ 16 % des votants de la primaire, d’après le sondage. La primaire aura lieu le 24 juin, et les votes anticipés débuteront le 14 juin.