Un cargo américain touché par un missile tiré par les Houthis au large du Yémen
Les Houthis ont revendiqué l'attaque, affirmant "avoir visé un navire américain dans le golfe d'Aden avec un certain nombre de missiles navals appropriés, le touchant de façon précise et directe"
Un cargo américain a été touché lundi par un missile tiré par les Houthis au large de la ville yéménite d’Aden, au lendemain d’une attaque ayant ciblé un destroyer américain en mer Rouge, imputée par Washington aux rebelles du Yémen.
A environ 16H00 (13H00 GMT), des « Houthis soutenus par l’Iran ont tiré un missile balistique antinavire (…) et ont touché le M/V Gibraltar Eagle, un cargo battant pavillon des Îles Marshall », appartenant à un armateur américain, a indiqué le Commandement militaire américain au Moyen-Orient (Centcom) en précisant qu’il n’y a pas eu de blessés « ni de dommages significatifs ».
L’incident avait été rapporté plus tôt par l’agence de sécurité maritime britannique (UKMTO), qui avait fait état d’un navire « touché depuis le haut par un missile » au sud-est de la ville d’Aden, dans le sud du Yémen.
Les rebelles Houthis, qui contrôlent de larges pan du Yémen, ont revendiqué l’attaque, affirmant « avoir visé un navire américain dans le golfe d’Aden avec un certain nombre de missiles navals appropriés, le touchant de façon précise et directe ».
Cette attaque s’inscrit dans le cadre de « la réponse » aux frappes américano-britanniques contre le Yémen, a déclaré leur porte-parole militaire, Yehya Saree.
Il a ajouté que son mouvement considérait « tous les navires et navires de guerre américains et britanniques participant à l’agression contre (le) pays comme des cibles hostiles ».
#Breaking: The Eagle Gibraltar, owned by Eagle Bulk in Connecticut, (not Israeli owned) was hit by a Houthi-fired missile off Yemen's coast, causing a fire onboard but no casualties. pic.twitter.com/WrxlH82Gx7
— Open Source Intel (@Osint613) January 15, 2024
Les forces américaines et britanniques ont mené vendredi et samedi des frappes sur le Yémen visant des positions des Houthis, en réponse à la multiplication ces dernières semaines des attaques des rebelles yéménites en mer Rouge.
Ces attaques ont perturbé le trafic maritime dans cette zone stratégique, où les Houthis disent viser les navires qu’ils soupçonnent d’être liés à Israël, affirmant agir en solidarité avec les Palestiniens de la bande de Gaza.
D’après la société britannique de risques maritimes Ambrey, le cargo visé lundi se dirigeait vers le canal de Suez, et n’était pas lié à Israël. Il a été ciblé en raison de son appartenance à un groupe américain, estime Ambrey.
Nouvelle stratégie?
Dimanche, les médias des Houthis ont fait état de nouvelles frappes, mais ces informations ont été démenties par Washington qui a dit en revanche avoir abattu un missile de croisière ciblant un destroyer américain dans le sud de la mer Rouge.
Lundi, « trois missiles ont été tirés » de différentes régions du centre et du sud du Yémen, a affirmé à l’AFP une source militaire des Houthis, sans se prononcer sur les cibles.
L’armée américaine a de son côté dit avoir abattu « un missile balistique antinavire tiré en direction des voies de navigation du sud de la mer Rouge », tombé sur le territoire yéménite.
Dans ce contexte, le département des Transports à Washington a réitéré sa mise en garde aux navires américains, soulignant le « haut degré de risques dans le sud de la mer Rouge ».
Pour Mohamed Albasha, du cabinet de conseil américain Navanti, l’attaque au large d’Aden pourrait toutefois être le signe d’un changement de stratégie de la part des Houthis.
« Les navires de guerre des marines américaine et britannique étant concentrés essentiellement sur la mer Rouge », à l’ouest du Yémen, les Houthis pourraient « rediriger leur attention vers les navires dans le golfe d’Aden (sud) et dans la mer d’Arabie (est) », a-t-il souligné.
Environ 12 % du commerce mondial transite par la mer Rouge, mais depuis la mi-novembre, les attaques Houthis ont contraint de nombreuses compagnies maritimes à éviter la zone, et emprunter la route la plus longue autour de la pointe de l’Afrique, au prix d’un surcoût du transport et de délais plus longs d’acheminement.