Un chandelier juif qui brillait face aux nazis allumé en Allemagne
Ce chandelier est l'un des rares objets emportés par le rabbin Akiva Posner et sa famille lorsqu'ils ont fui l'Allemagne en 1933, année de l'arrivée d'Hitler au pouvoir
Des bougies allumées lundi à Berlin pour la veillée de Hanoukka ont lui d’un reflet particulier pour les descendants de la famille Posner : ils ont ramené en Allemagne un candélabre qui, photographié en 1931, est devenu symbole de la montée des périls pour les Juifs d’Europe.
La femme d’un rabbin, Rachel Posner, avait pris en photo cette hanoukkia, candélabre juif à neuf branches, posée devant sa fenêtre à Kiel, ville portuaire dans le nord du pays.
En face de l’appartement familial se trouvait le siège régional du parti nazi, paré d’un immense et menaçant drapeau à croix gammé qui domine l’arrière-plan de la photo.
Au dos du cliché en noir et blanc, Rachel avait noté : « Le drapeau dit ‘mort au judaïsme’, la lumière dit ‘le judaïsme vivra pour toujours' ».
La photo superposant les deux motifs est devenue emblématique, symbolisant la montée des périls pour les Juifs d’Europe, dont six millions ont péri pendant la Shoah durant la Seconde Guerre mondiale.
Le même candélabre s’est illuminé lundi soir au château de Bellevue, la résidence du chef de l’État allemand, pour la veillée de Hanoukka, la fête annuelle des lumières célébrée par les Juifs depuis dimanche.
Ce chandelier est l’un des rares objets emportés par le rabbin Akiva Posner, sa femme et leurs trois enfants lorsqu’ils ont fui l’Allemagne en 1933, année de l’arrivée d’Hitler au pouvoir, pour gagner la Palestine.
Le candélabre en laiton est précieusement conservé par les descendants de la famille dont certains avaient fait le voyage à Berlin pour cette cérémonie hors du commun.
« Cette lumière est un symbole fort contre la haine », a déclaré le président Frank-Walter Steinmeier, qualifiant de « miracle » la renaissance, après la Shoah, de la vie juive en Allemagne où des chandeliers brillent désormais à « des dizaines de milliers de fenêtres ».
Yehuda Mansbach, un petit-fils du couple, n’a pas caché ses larmes lorsque les bougies ont été allumées.
« C’est compliqué (d’être en Allemagne) », a confié à l’AFP Nava Gilo, 68 ans, une petite-fille des Posner, ajoutant : « Nous sommes venus parce que c’est une mission éducative pour nous. »
La communauté juive d’Allemagne, troisième plus importante d’Europe selon le gouvernement allemand, compte quelque 200 000 membres.
L’Allemagne a enregistré en 2021 une hausse de 29 % des infractions antisémites, établies à 3 027, dont la grande majorité – 2 552 – attribuées à la mouvance d’extrême droite.