Un chef d’Azaria : nous étions préoccupés par la possibilité d’une bombe
L’officier présent sur place a déclaré avoir sérieusement craint que l’attaquant blessé ne puisse faire exploser une ceinture
Stuart Winer est journaliste au Times of Israël
Le chef de section d’un soldat israélien jugé pour homicide après avoir tué un terroriste palestinien désarmé et grièvement blessé a témoigné lundi devant la Cour militaire de Jaffa. Il a affirmé qu’il y avait une réelle inquiétude que le Palestinien ne porte une ceinture d’explosifs.
L’officier, dont le nom a été interdit à la publication, a été appelé comme témoin de la défense pendant le procès d’Elor Azaria, qui a abattu le 24 mars Abed Fattah al-Sharif à Hébron, en Cisjordanie, presque 15 minutes, après que le Palestinien ait déjà été blessé par les soldats qu’il avait essayé de poignarder.
Azaria a été inculpé pour homicide. Sa défense principale est qu’il a tiré sur Sharif parce qu’il l’avait vu bouger et avait craint que le Palestinien ne porte une ceinture d’explosifs et ne tente de la déclencher, mettant en danger les soldats à proximité.
Sharif ne portait en fait pas d’explosifs, et le commandant de compagnie d’Azaria, Tom Naaman, avait témoigné ne pas avoir eu d’inquiétude sur le fait que Sharif ait une bombe.

Pendant son témoignage, l’officier a contredit Naaman, et déclaré qu’il était suspicieux parce que Sharif portait une veste pendant une journée chaude.
« Cela m’a semblé inhabituel et étrange, a-t-il déclaré. On nous dit sans cesse que le couteau n’est qu’un début, et qu’un jour, ils feront quelque chose de plus gros, un tir, une bombe, une plus grosse attaque terroriste. »
L’officier a ajouté qu’il avait entendu un civil présent sur la scène crier qu’il y avait une suspicion de bombe, le rendant encore plus méfiant.
« C’est devenu une suspicion plus que raisonnable », a-t-il déclaré. Il a affirmé qu’il avait informé Naaman du danger des explosifs.
« Vous pouvez dire qu’il a ignoré ce que j’ai dit, n’en a pas pris la responsabilité », a-t-il déclaré, avant de critiquer Naaman pour sa gestion générale de l’évènement.
L’incident a commencé quand Sharif et un autre Palestinien, Ramzi Aziz al-Qasrawi, ont attaqué deux soldats israéliens avec des couteaux et poignardé l’un d’entre eux. L’autre soldat a ouvert le feu, tuant al-Qasrawi et blessant grièvement Sharif.
« Quand il y a des terroristes vivant sur le terrain, le danger existe », a déclaré l’officier, qui a rappelé que comme Sharif bougeait un petit peu, il posait toujours un danger, et que pour cette raison il avait posté un soldat, qui n’était pas Azaria, pour qu’il le surveille.

Cependant, l’accusation a rappelé à l’officier que, pendant l’enquête de la police militaire qui avait suivi le tir, il n’avait pas mentionné avoir prévenu le commandant de compagnie, ni qu’il avait placé un soldat pour surveiller l’attaquant.
L’accusation l’a également interrogé sur le fait qu’il avait approché Sharif et l’avait retourné avec le pied, ce qui contredisait son affirmation d’avoir peur qu’il ne porte une ceinture d’explosifs.
Quand il lui a été demandé pourquoi il était si proche de l’attaquant, comme l’était le commandant de compagnie, s’il avait eu peur d’une bombe, l’officier a répondu que « sur le moment, vous ne voyez pas les choses comme ça. Ce n’est pas parce que je n’ai pas pensé à la menace posée à ma vie à ce moment qu’elle n’existait pas. »
« Vous pouvez dire que j’ai agi de manière non professionnelle, ou pas assez bien », a concédé l’officier.
Trois anciens généraux de l’armée soutiendront Azaria par leur témoignage, le général de brigade Shmuel Zakai, le général Dan Biton, et le général Uzi Dayan.
La mort de Sharif, qui a été filmée, a fait les gros titres de la presse internationale, et le procès d’Azaria a attisé les tensions politiques en Israël. Les partisans de l’extrême-droite et certains politiciens ont accusé l’establishment militaire d’abandonner l’un des siens.
L’équipe du Times of Israël a contribué à cet article.