Un cheikh saoudien récompensé pour ses efforts contre l’antisémitisme
Mohammed al-Issa a souligné dans un entretien que sa visite du camp Auschwitz en janvier avait marqué un "tournant" pour lui
« Combattre l’antisémitisme est une obligation morale et religieuse », a affirmé dans un entretien à l’AFP le cheikh saoudien Mohammed al-Issa, secrétaire général de la Ligue islamique mondiale (LIM), après avoir été récompensé cette semaine pour ses efforts pour promouvoir la tolérance inter-religieuse.
Ancien ministre saoudien de la Justice, Mohammed al-Issa a reçu mardi lors d’une cérémonie en visioconférence un prix de la part du « Combat Antisemitism Movement » et de la Fédération juive séfarade américaine, attribué à des dirigeants musulmans pour leur engagement dans la lutte contre l’antisémitisme et le racisme.
Mohammed al-Issa s’était rendu en janvier dans le camp d’extermination nazi d’Auschwitz, en Pologne, à l’occasion des commémorations du 75e anniversaire de sa libération. Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu avait alors salué « un autre signe de changement dans l’attitude des acteurs islamiques et, bien sûr, des Etats arabes envers la Shoah et le peuple juif ».
« Nous sommes allés à Auschwitz pour dire au monde que nous sommes contre les crimes » qui y ont été commis, a-t-il affirmé mercredi à l’AFP par visioconférence, soulignant que sa visite du camp, où ont été assassinées plus d’un million de personnes entre 1940 et 1945, avait marqué un « tournant » pour lui.
Il a par ailleurs regretté que des « institutions extrémistes », juives comme musulmanes, se soient « éloignées des vraies valeurs portées par leur religion », « dont le rôle est de diffuser la paix ».
« Les points de vue politiques peuvent changer avec le temps, mais les valeurs ne doivent jamais changer », a-t-il jugé.
Son organisation, la Ligue islamique mondiale (LIM), est souvent considérée comme le bras diplomatique du royaume saoudien, ainsi que comme un instrument de diffusion du wahhabisme, version saoudienne et très rigoriste de l’islam.
Ryad n’entretient pas de relations diplomatiques officielles avec Israël mais les deux pays ont récemment noué des liens en raison notamment de leur ennemi commun, l’Iran, qui cherche à étendre son influence dans la région et à se doter de l’arme nucléaire.
Les pays arabes ont historiquement fait du règlement de la question palestinienne la condition d’une normalisation des liens avec Israël.
Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et des membres de l’administration du président américain Donald Trump, proche allié d’Israël, défendent une autre approche selon laquelle une normalisation des relations avec les pays arabes favoriserait la paix avec les Palestiniens.
"There will never be peace in our world with racism and hatred, and that's why we will constantly cooperate in countering these evils." -HE Dr. #MohammadAlissa upon accepting the Combat Anti-Semitism Award from @AmericanSephard & @CombatASemitism pic.twitter.com/5AJnp5wH2G
— Muslim World League (@MWLOrg_en) June 9, 2020