Un proche conseiller de Netanyahu recommande de ne pas « jouer avec les c*** du lion »
Natan Eshel dit aux journalistes qu’ils sous-estiment l’emprise du Premier ministre sur le gouvernement, malgré les menaces et les désaccords liés au budget de l'Etat
Un proche collaborateur du Premier ministre Benjamin Netanyahu a adressé jeudi un message singulier aux journalistes, leur signalant qu’ils sous-estimaient le pouvoir du Premier ministre, qui est en plein conflit avec ses partenaires de la coalition.
Des membres du gouvernement auraient menacé Netanyahu, jeudi, de quitter le gouvernement en raison d’un différend sur l’allocation des fonds dans le prochain budget de l’État. Les divisions internes ont suscité des interrogations dans les médias sur la capacité du chef du Likud à contrôler ses alliés et sur la stabilité de la coalition, qui n’en est qu’à son cinquième mois de mandat.
« Une suggestion pour tout le monde », a écrit Natan Eshel dans un groupe WhatsApp avec des journalistes. « Celui qui pense que le lion est fatigué et faible se trompe. Il est au sommet de sa puissance. Vous vous trompez lorsque vous pensez que ce sont des jeux d’enfants. Vous jouez avec les c*** du lion, et il n’aime pas ça ».
Il a ajouté que « le coup viendra », sans donner plus de détails.
Eshel, un proche confident de Netanyahu, a servi dans le bureau du Premier ministre entre 2009 et 2012. Il a démissionné dans le cadre d’un accord de peine concernant des allégations d’inconduite sexuelle ; il a été accusé d’avoir placé en cachette une caméra de manière à pouvoir filmer sous la jupe d’une collègue. Il a également été accusé d’avoir accédé à ses courriels privés.
Il serait resté en contact étroit avec Netanyahu.
L’ancien fonctionnaire a toujours tenu des propos scandaleux. Lors de la pandémie de COVID en juillet 2020, il a accusé la population, et non le gouvernement, d’être à l’origine d’une nouvelle vague du virus. À l’approche des élections de mars 2020, il a été enregistré en train de dire que « la haine est ce qui unit » le camp de droite dirigé par le Likud et que les campagnes négatives marchent bien auprès des « électeurs non ashkénazes. »
Les tensions au sein de la coalition sont vives en raison de l’adoption du prochain budget de l’État. Un total de 13,7 milliards de shekels en financement discrétionnaire a été réparti entre les partis dans le prochain budget. Le parti Otzma Yehudit a déploré que le parti d’extrême droite HaTzionout HaDatit – dirigé par le ministre des Finances Bezalel Smotrich – se soit vu attribuer plus d’un milliard de shekels pour les ministères gérés par le parti et que les partis ultra-orthodoxes aient reçu un coup de pouce de 3,7 milliards de shekels pour les étudiants des yeshivas, l’une de leurs principales préoccupations.
Mercredi, le ministre de la Sécurité nationale, Itamar Ben Gvir, a ordonné aux législateurs d’Otzma Yehudit de boycotter les votes de la Knesset afin de faire pression sur les partis alliés pour qu’ils consacrent davantage de fonds à leurs priorités dans le budget de l’État 2023-2024 – en particulier le ministère du Neguev et de la Galilée, détenu par la faction.
Une des factions de Yahadout HaTorah a, en outre, menacé de ne pas soutenir le budget s’il ne recevait pas 600 millions de shekels supplémentaires pour financer à temps plein les érudits religieux.
Selon la chaîne publique Kan, Smotrich aurait menacé Netanyahu de démissionner jeudi, si les partis haredi recevaient les fonds qu’ils réclament. Cette information a été démentie par Smotrich.
La faction Agudat Yisrael, qui fait partie du parti ultra-orthodoxe Yahadout HaTorah aurait menacé de se retirer de la coalition si elle ne recevait pas les fonds supplémentaires demandés. Degel HaTorah, la deuxième faction de Yahadout HaTorah, n’a pas encore fait savoir si elle se joignait à la manifestation et n’a pas répondu à notre demande de commentaire.
Si le budget peut encore être adopté par la coalition de 64 membres sans les trois voix d’Agudat Yisrael à la Knesset (120 membres), ce ne sera plus le cas si Degel HaTorah décidait de se montrer solidaire de son partenaire et refusait également de voter.
Les fonds discrétionnaires ne représentent qu’une partie du budget biennal d’un billion de shekels qui devrait être approuvé à la fin du mois de mai, mais ils sont passés de 1,2 milliard de shekels dans le dernier budget à leur montant actuel en raison des pressions politiques ; Otzma Yehudit souhaiterait apparemment recevoir une plus grande part du gâteau.
Ben Gvir est considéré comme le maillon le plus instable de la chaîne du gouvernement de Netanyahu et a organisé plusieurs boycotts et manifestations publiques contre son gouvernement depuis qu’il a prêté serment à la fin de l’année dernière.
Le gouvernement doit adopter un budget avant la date butoir du 29 mai, faute de quoi une dissolution automatique du parlement et des élections anticipées seraient déclenchées.
Carrie Keller-Lynn a contribué à cet article.