Un couple néo-zélandais disparu en Iran a pu quitter le pays « sain et sauf »
Les autorités iraniennes ont affirmé que le couple n'a été ni détenu ni arrêté et le gouvernement néo-zélandais a pris soin de ne pas sous-entendre une quelconque captivité
Deux blogueurs de voyage originaires de Nouvelle-Zélande, dont la trace avait été perdue pendant quatre mois après leur arrivée en Iran, ont quitté le pays en sécurité suite à des discussions secrètes entre les deux gouvernements, a annoncé mercredi Wellington.
Bridget Thackwray et son époux Topher Richwhite, fils d’un des hommes les plus riches de l’archipel, étaient arrivés début juillet en Iran depuis la Turquie.
Très vite, les jeunes mariés sont devenus muets sur les réseaux sociaux qu’ils avaient pour habitude d’alimenter d’images de leurs voyages.
Pendant des mois, leurs quelque 30 000 fans, de plus en plus angoissés à leur sujet, leur ont envoyés des messages, restés lettre morte. Dans le même temps, le gouvernement néo-zélandais a préféré garder le silence à leur sujet.
Mercredi, la Première ministre de l’Etat insulaire Jacinda Ardern a annoncé que le gouvernement a « oeuvré ardemment » au cours de cette période pour « garantir (le départ) en toute sécurité » du couple qui a traversé « une période difficile ».
Les circonstances de leur séjour dans la République islamique demeurent floues. Les autorités iraniennes ont affirmé à l’AFP que le couple n’a été ni détenu ni arrêté et le gouvernement néo-zélandais a pris soin de ne pas sous-entendre une quelconque captivité.
Des Occidentaux sont très fréquemment détenus par le gouvernement iranien. De nombreuses libérations sont intervenues en échange de concessions de la part des gouvernements sur des dossiers sensibles en cours, Téhéran étant largement accusé de se livrer à une « diplomatie des otages ».
La plupart des pays déconseillent à leurs ressortissants de se rendre en Iran.
Christopher Richwhite, âgé d’une trentaine d’années et fils de l’un des banquiers les plus riches de Nouvelle-Zélande, y avait effectué un périple avec des amis avant que le couple ne commence son tour du monde.
Son épouse, Bridget, âgée d’une vingtaine d’années, a créé un site de mode en 2017, un an avant qu’ils ne commencent à voyager.
« Quelque chose n’allait pas »
C’est à bord d’une Jeep 4×4 qu’ils ont parcouru la planète.
Dans une vidéo publiée en juillet, qui a ensuite été retirée des réseaux sociaux, M. Richwhite expliquait qu’ils avaient été arrêtés à la frontière iranienne, où leur véhicule a été contrôlé. Il y racontait avoir reçu des instructions sur la façon de s’habiller et de se comporter.
Un de leurs fans, Chris Los, un enseignant à la retraite qui vit au Canada, a déclaré que le traceur GPS du couple est ensuite resté au même endroit pendant plusieurs jours.
« Ils ne restent jamais au même endroit, au milieu de nulle part, pendant aussi longtemps », a déclaré Los à l’AFP. « Parce qu’ils partagent si souvent des photos et des vidéos, il était évident pour moi que quelque chose n’allait pas ».
Mme Ardern n’a pas donné de détails sur la nature des négociations mais a insisté sur le fait qu’elle n’a pas hésité à critiquer la répression sanglante en Iran des manifestations qui, depuis plus d’un mois, ont fait au moins 141 morts, dont des enfants, selon un bilan de l’Iran Human Rights (IHR), une ONG basée à Oslo.
Cette disparition fait écho à la détention par l’Iran, pendant plusieurs mois en 2019, d’un couple de blogueurs britannico-australiens, notamment soupçonné d’espionnage. Le jour où ils ont été libérés, Téhéran annonçait le retour dans le pays d’un étudiant iranien détenu en Australie depuis plus d’un an.
Celui-ci, Reza Dehbashi, doctorant à l’Université du Queensland près de Brisbane, avait été arrêté en Australie pour « tentative d’achat et de transfert en Iran via Dubaï d’un équipement militaire américain de pointe », en violation des sanctions américaines.
Le gouvernement néo-zélandais entretient des liens diplomatiques avec l’Iran et dispose d’une ambassade à Téhéran depuis 1975. L’Iran a accusé à plusieurs reprises des puissances extérieures d’attiser les manifestations.
Téhéran a annoncé fin septembre l’arrestation de neuf ressortissants étrangers, notamment de France, d’Allemagne, d’Italie, de Pologne et des Pays-Bas.