Un étudiant de Cornell intente une action en justice contre l’expulsion d’activistes anti-Israël
Momodou Taal, diplômé gambien-britannique, qui a été suspendu pour avoir mené des manifestations l'année dernière, fait valoir que Betar US a demandé son expulsion du pays

Un étudiant diplômé de l’université Cornell a intenté une action en justice contre les efforts déployés par l’administration Trump pour expulser les étudiants pro-palestiniens qui ont manifesté sur le campus. Il affirme, dans sa plainte que cette pression représente une atteinte illégale à la liberté d’expression.
Momodou Taal, un ressortissant gambien-britannique, a été l’un des leaders des manifestations sur le campus de l’université, dans l’État de New York. Cornell l’a brièvement suspendu en avril 2024 et en septembre 2024, à la suite de manifestations sur son campus qui, selon les administrateurs, contrevenaient aux règles de l’université.
Taal a également été la cible de groupes pro-israéliens qui ont cherché à identifier les étudiants susceptibles d’être expulsés en vertu du décret exécutif du président américain Donald Trump visant ceux qui soutiennent le terrorisme ou l’antisémitisme sur les campus universitaires.
Selon une fiche d’information sur le décret, celui-ci vise à « lutter contre l’explosion de l’antisémitisme sur nos campus et dans nos rues depuis le 7 octobre 2023 », date à laquelle le groupe terroriste palestinien Hamas a envahi le sud d’Israël, tué 1 200 personnes et enlevé des centaines d’otages, une attaque qui a déclenché la guerre qui s’en est suivie dans la bande de Gaza.
Les détracteurs de cette mesure affirment qu’elle vise plus largement les manifestants pro-palestiniens sur les campus, tandis que les groupes de défense des droits civiques et les juristes estiment qu’elle porterait atteinte à la liberté d’expression garantie par la Constitution et qu’elle serait susceptible de faire l’objet de contestations judiciaires.
Le procès, intenté vendredi au nom de Taal et de deux autres membres de Cornell par l’American-Arab Anti-Discrimination Committee, invoque le fait qu’il est pris pour cible par un groupe pro-israélien, Betar US, ce qui justifierait que Taal bénéficie d’une mesure de protection :
« M. Taal a également été directement pris pour cible par des groupes sionistes qui prônent son expulsion des États-Unis. En novembre 2024, le Betar US (« Betar ») a dressé une liste d’étudiants étrangers pro-palestiniens qu’il souhaitait faire expulser, citant M. Taal comme seule personne identifiée. Le directeur du Betar, Ross Glick, a remis cette liste au sénateur John Fetterman et à des collaborateurs des bureaux des sénateurs Ted Cruz et James Lankford, avant de déclarer au New York Post : ‘Ils m’ont tous donné leur feu vert.’ Il a ajouté que le Betar était en communication avec des personnes susceptibles d’être nommées par l’administration Trump au département de la Justice en ce qui concerne les mesures d’exécution à l’encontre des personnes figurant sur la liste. […] »
Deport alert:
Momodou Taal
Affiliation: Cornell University
Role: Graduate student
Countries of Origin: Gambia and the United Kingdom
Taal, who disclosed his F-1 visa status in an October interview with Inside Higher Ed, has repeatedly advocated for "armed resistance" and…— Betar Worldwide (@Betar_USA) March 13, 2025
Dans cette alerte, publiée sur les réseaux sociaux, le Betar US a fait référence aux messages publiés par Taal sur les réseaux sociaux et à ses discours lors de rassemblements pour faire valoir qu’il avait exprimé son soutien à la « résistance armée » au nom de la cause palestinienne. Ils notent qu’il a révélé son statut de non-citoyen dans une interview accordée à Inside Higher Ed l’automne dernier, dans laquelle Taal a déclaré qu’il craignait d’être effectivement confronté à une expulsion en raison de sa suspension.
Le Betar US, qui a adopté une approche militante des manifestations anti-israéliennes, a dressé une liste d’étudiants manifestants qui, selon elle, ne sont pas citoyens et l’a transmise à l’administration Trump, dans le but de les expulser. On ne sait pas exactement comment l’administration utilise cette liste, mais des groupes juifs pro-israéliens ont attiré l’attention sur Mahmoud Khalil dans les jours qui ont précédé l’arrestation de l’étudiant diplômé de l’université de Columbia par des agents fédéraux la semaine dernière et ont salué cette arrestation.
« La crainte croissante de M. Taal d’être la cible d’une opération d’expulsion par agence de contrôle de l’immigration américaine est fondée sur une tendance à l’escalade de l’attention, à la coordination entre des acteurs politiques de haut rang et des acteurs privés influents, et aux menaces publiques de personnalités ayant le pouvoir d’influencer les décisions en matière d’immigration », indique la plainte.
L’action en justice note également que Taal et certains de ses camarades manifestants ont cessé de se réunir publiquement pour discuter de leurs activités, craignant que toute communication ne soit perçue comme un soutien au Hamas.
« Cette action en justice vise à inverser le climat de peur et à donner aux gens la confiance nécessaire pour se défendre », a déclaré Taal dans un communiqué dimanche. « Je me bats pour nos droits du Premier Amendement et notre capacité à protester contre le génocide, et à être solidaires du peuple palestinien. Lorsque nous sommes attaqués pour nos discours, nous devons en faire encore plus. »
????Momodou Taal IS NOT AN AMERICAN CITIZEN. So WHY is he still here?????
This America-hating Hamas-supporter is BLATANTLY violating his visa @ICEgov @DHSgov
Would you like to help notify authorities?
It's as simple as liking/reposting & dropping a comment! pic.twitter.com/wH4ax3GkNS
— Jews Fight Back ???????????????? (@JewsFightBack) March 16, 2025
Dans des commentaires publiés par le passé sur les réseaux sociaux, Taal a décrit l’envie de « casser quelque chose » comme la « partie sexy de l’organisation [de manifestations] » et a déclaré que les États-Unis « comme le sionisme, ont une soif de sang insatiable ».
Lors de sa première suspension en avril 2024, à la suite du démantèlement du campement pro-palestinien de Cornell, Taal s’est adressé à ses partisans sur le campus.
« Avant d’aller me coucher, je me dis : ‘Si je vis jusqu’à mes quatre-vingts ans, est-ce que je regretterai d’avoir autant lutté pour la Palestine ?’ Et je ne le regretterai pas », a-t-il déclaré, s’exprimant dans un mégaphone, selon une vidéo partagée par le journal étudiant Cornell Daily Sun. « Alors, même si j’apprécie tout le soutien et la solidarité de la faculté, de mes camarades, de mes pairs, s’il vous plaît, évitons que cela ne devienne une affaire personnelle. »
L’attaque du Hamas et la campagne militaire israélienne qui a suivi pour éliminer l’organisation terroriste ont entraîné des mois de manifestations pro-palestiniennes et anti-israéliennes qui ont ébranlé les campus universitaires américains. Plusieurs responsables d’universités prestigieuses ont démissionné à la suite des critiques concernant leur réaction face à l’antisémitisme dans leurs établissements.
De nombreux manifestants hostiles à Israël ont nié soutenir le Hamas ou se livrer à des actes antisémites et ont assuré qu’ils manifestaient contre l’offensive militaire israélienne à Gaza, où les autorités sanitaires du Hamas affirment que plus de 47 000 personnes ont été tuées, un chiffre non vérifié qui ne fait pas la distinction entre les civils et les terroristes.