Un groupe veut injecter de l’énergie – et des fonds – dans la presse israélienne
Le Center for Media and Democracy souhaite que les médias israéliens fassent du journalisme d'investigation et s'opposent aux "fausses nouvelles"
Une nouvelle organisation israélienne à but non lucratif bien gérée cherche à renforcer la démocratie israélienne en donnant aux journalistes et aux médias les moyens de mener de grandes enquêtes, comme peu de gens peuvent se le permettre aujourd’hui.
Cette nouvelle organisation a un double nom, Shomrim, ou « gardiens » en hébreu, et le Center for Media and Democracy [centre pour les médias et la démocratie].
Elle est dirigée par la PDG Alona Vinograd, ancienne directrice du Mouvement pour la liberté d’information, un groupe israélien de veille et de défense de la transparence, et par le rédacteur en chef Eyal Abrahami, ancien rédacteur en chef de G Magazine, publié par le journal économique Globes.
À une époque où les recettes publicitaires diminuent et où les médias doivent de plus en plus répondre aux demandes des propriétaires et des gestionnaires d’entreprises, la nouvelle organisation prévoit de financer des reportages approfondis sur des questions urgentes qui peuvent s’avérer trop coûteuses, financièrement ou politiquement, pour les médias grand public.
« Nous lancerons le type de projets que la plupart des organisations de presse ont du mal à suivre dans le quotidien et nous accueillerons favorablement la collaboration avec toutes les organisations de médias », a déclaré M. Abrahami dans un communiqué publié dimanche pour annoncer le lancement.
Son site web en hébreu explique que son objectif « n’est pas de concurrencer les médias existants, mais de coopérer avec eux afin d’améliorer leurs capacités d’investigation et les outils journalistiques dont ils disposent ».
Par ailleurs, nous nous engageons à « publier des enquêtes et des projets fondés sur des faits, fiables et impartiaux, afin de permettre à chacun d’entre nous d’être un citoyen conscient de lui-même dans une société démocratique transparente et égalitaire ».
Le groupe réunit des journalistes, des spécialistes en sciences sociales et des militants des médias et de la société civile israéliens, ainsi que des États-Unis.
Parmi ses fondateurs figurent les philanthropes californiens Laura et Gary Lauder, le rédacteur en chef de Bloomberg Ethan Bronner, le capital-risqueur et activiste social Oded Hermoni, le professeur Moshe Zviran, doyen de la Coller School of Management de l’université de Tel Aviv, Tamar Prizan-Litani, ancienne rédactrice en chef adjointe de Haaretz, la photojournaliste Vardi Kahana et Yoel Esteron, fondateur et éditeur de Calcalist.
Esteron jouera un rôle de premier plan à la tête de son comité exécutif, avec Hermoni et Laura Lauder comme membres associés.
L’objectif du groupe est ambitieux. Il déclare qu’il « suit avec inquiétude la croissance des « fausses nouvelles » et les attaques contre les journalistes et les médias, et qu’il s’efforcera de mettre un terme aux préjudices qui leur sont causés ainsi qu’à la démocratie israélienne » – via « la publication d’enquêtes approfondies, d’études complètes et de projets documentaires » qui offrent « des informations fiables et de qualité sur ce qui se passe dans la société israélienne et dans les institutions du pouvoir, et qui mettent en évidence la corruption et incitent à corriger les injustices ».
Il réunit également des journalistes israéliens de haut niveau au sein de son comité consultatif, en particulier ceux qui sont connus pour leur expérience du travail d’investigation de longue haleine. Ilana Dayan, Raviv Drucker, Amos Harel, Guy Zohar, Ghada Zoabi et David Horovitz (le rédacteur en chef fondateur du Times of Israel) en font partie.