Un magasin appartenant à un Arabe israélien qui avait aidé les évacués juifs incendié
Alaa Amara a reçu plus de 550 000 shekels de dons après l'incendie volontaire qui a dévasté son magasin de vélos - il avait donné 50 bicyclettes à des enfants juifs évacués après le carnage du Hamas
Pendant que son magasin de bicyclettes, dans la ville arabe israélienne de Taibe, au centre du pays, était pillé et incendié aux premières heures de la journée de samedi, son propriétaire, Alaa Amara, dormait, son téléphone coupé. Cela n’est que quelques heures plus tard qu’il a appris ce qui s’était passé – mais il n’avait pas été complètement surpris, fait-il remarquer.
Quelques jours auparavant, le 12 octobre, il avait offert une cinquantaine de vélos pour enfant aux familles évacuées des communautés adjacentes à la bande de Gaza à la ville de Tzur Yitzhak, près de Taibe.
Depuis que le Hamas a lancé un assaut terroriste barbare, le 7 octobre, au cours duquel il a tué 1300 personnes et fait environ 200 otages – des civils en majorité – les populations israéliennes qui vivent à côté de Gaza (et même sur la frontière avec le Liban, au nord, cible de bombardements transfrontaliers du Hezbollah) ont quitté leurs habitations pour trouver un refuge dans d’autres régions du pays, alors que la violence fait rage et que l’État juif semble être à la veille d’une incursion terrestre dans la bande.
Recevez gratuitement notre édition quotidienne par mail pour ne rien manquer du meilleur de l’info Inscription gratuite !
Amara, un Arabe israélien qui vit à Tzur Yitzhak, déclare au Times of Israel que « mes amis, dans le coin, leur ont donné des choses, de la nourriture, pour qu’ils aient ce dont ils ont besoin… Mais il y avait beaucoup d’enfants là-bas, ils n’avaient rien à faire, il n’y avait plus d’école ».
Amara a donc donné 50 vélos qui se trouvaient dans son magasin. « Je l’ai fait pour que les enfants en profitent. Ils ne connaissent pas la guerre », a-t-il dit.
Les images de ces dons ont d’abord été partagées sur les réseaux sociaux avant que le sujet ne soit évoqué par Yoseph Haddad, un commentateur arabe israélien très présent dans les médias, qui est pro-israélien et qui reste donc une personnalité controversée dans la communauté arabe israélienne.
Selon Amara, les problèmes ont commencé avec les publications de Haddad. Dans de nombreux cas, les arabes et palestiniens au sens large considèrent les membres de la communauté qui travaillent avec les Israéliens comme des « collaborateurs », ce qui donne parfois lieu à de violentes répercussions.
« On avait peur d’éventuels dégâts, d’une riposte », dit Amara, même si ce n’était pas à un tel point. Il savait que si certains, à Taibe, apprenaient qu’il avait apporté du soutien aux réfugiés juifs de la guerre contre le Hamas, il aurait des ennuis.
La réponse avait été rapide. « A deux heures du matin, des gens sont venus au magasin, ils ont tout volé et ils y ont mis le feu, il est totalement incendié », a confié l’épouse d’Amara au site d’information Walla. « Ils étaient armés et ils ont tiré dans les caméras de surveillance. Certains portaient des masques… Les dégâts sont estimés à des centaines de milliers de shekels. »
Amara a ultérieurement appris que les incendiaires avaient, à l’évidence, essayé de l’appeler pendant leurs méfaits pour l’attirer au magasin. « Ils voulaient me lyncher », s’exclame-t-il. Une vidéo qui a été envoyée au Times of Israel – son contenu n’a pas pu être vérifié – montre un groupe d’hommes masqués charger leur véhicule d’articles variés. Des obscénités ont aussi été écrites en arabe sur le magasin.
Cet incendie volontaire n’a pas fait de blessés. Il a été signalé à la police et aux services de sécurité, qui n’ont pas répondu à une demande de commentaire du Times of Israel sur l’incident.
La ville de Taibe, à majorité musulmane, est directement adjacente à la Cisjordanie – à deux pas de Tulkarem, une localité palestinienne qui se trouve de l’autre côté de la barrière de sécurité. Au fil des années, il y a eu, à Taibe, de multiples incidents de violences liés aux relations complexes qu’entretiennent Juifs et Arabes. En 2021, pendant une période d’agitations et d’émeutes de la part de la population arabe, un habitant de Taibe avait été agressé par des Juifs aux abords d’une mosquée de Herzliya.
Au début de la même année, un garde assurant la sécurité du maire Shuaa Masarwa Mansour avait été tué par balle par des hommes armés, dans un contexte de vague criminelle meurtrière qui gangrène le secteur arabe.
Après l’incendie, des vidéos et des images du magasin pillé sont devenues virales sur les réseaux sociaux israéliens. Une publication écrite par l’activiste Tom Wegner, partagée par des milliers de personnes, a affirmé que la question du magasin de vélo marquait « un tournant historique » parce qu’elle donnait au public israélien, à un moment critique, une chance de montrer aux citoyens arabes qu’ils bénéficient d’un large soutien. La majorité des Arabes israéliens ne soutiennent pas le Hamas ou les autres extrémistes mais ils craignent d’éventuelles représailles, a-t-il écrit.
Haddad a été interviewé par la Treizième chaîne au sujet de cet incident. « Pourquoi est-ce que cela a été viral ? Parce que la nation juive commence à voir que ceux qui aiment profondément Israël ne se tairont pas », a-t-il déclaré. Il a ajouté que les autorités devaient arrêter les incendiaires si l’État veut aider les populations arabes à ne plus avoir peur des extrémistes qui se trouvent en leur sein.
Il n’a pas été possible de joindre Haddad, qui a noté que son organisation ferait un don à Amara, lors d’une demande de réaction à cet article.
L’assurance d’Amara, pour son magasin, ne couvrait pas le risque incendie. Il a estimé que les dégâts, dans leur totalité, atteignent une somme de 800 000 shekels. Mais le buzz autour de son histoire sur Internet lui a été favorable et les dons affluent. Un ami a créé un compte Paypal pour les dons en provenance de l’étranger. Une campagne de financement participatif, pour sa part, a permis de réunir plus de 550 000 shekels.
Au vu des coûts élevés en Israël, Amara n’a pas de certitude pour la suite. « C’était un magasin vraiment grand, l’argent qui a été collecté n’est pas suffisant… Si j’ouvre un autre magasin de vélos, je le ferai à Kfar Saba ou à Hod Hasharon. J’ai peur de rester à Taibe maintenant », a-t-il expliqué.
... alors c’est le moment d'agir. Le Times of Israel est attaché à l’existence d’un Israël juif et démocratique, et le journalisme indépendant est l’une des meilleures garanties de ces valeurs démocratiques. Si, pour vous aussi, ces valeurs ont de l’importance, alors aidez-nous en rejoignant la communauté du Times of Israël.
Nous sommes ravis que vous ayez lu X articles du Times of Israël le mois dernier.
C'est pour cette raison que nous avons créé le Times of Israel, il y a de cela onze ans (neuf ans pour la version française) : offrir à des lecteurs avertis comme vous une information unique sur Israël et le monde juif.
Nous avons aujourd’hui une faveur à vous demander. Contrairement à d'autres organes de presse, notre site Internet est accessible à tous. Mais le travail de journalisme que nous faisons a un prix, aussi nous demandons aux lecteurs attachés à notre travail de nous soutenir en rejoignant la communauté du ToI.
Avec le montant de votre choix, vous pouvez nous aider à fournir un journalisme de qualité tout en bénéficiant d’une lecture du Times of Israël sans publicités.
Merci à vous,
David Horovitz, rédacteur en chef et fondateur du Times of Israel