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Un maire palestinien admet travailler pour des Israéliens, fureur du BDS

Les réseaux sociaux submergés par les condamnations et les moqueries envers Nicola Khamis de Beit Jala pour sa révélation, il travaille aussi comme représentant des ventes de Tnuva

Khaled Abu Toameh est le correspondant aux Affaires arabes du Times of Israël

Le maire de Beit Jala, Nicola Khamis. (Capture d'écran : YouTube)
Le maire de Beit Jala, Nicola Khamis. (Capture d'écran : YouTube)

Le maire de la ville chrétienne de Beit Jala, en Cisjordanie, près de Bethléem, a lâché une bombe mercredi en admettant qu’il travaille également comme représentant commercial pour Tnuva, la coopérative israélienne de transformation alimentaire spécialisée dans le lait et les produits laitiers.

Nicola Khamis a reconnu les faits lors d’un entretien avec la chaîne palestinienne Wattan TV.

La révélation du maire a suscité de vives condamnations et de nombreuses remarques satiriques de la part d’un grand nombre de Palestiniens sur les réseaux sociaux.

De nombreux Palestiniens ont souligné que la révélation du maire a porté un coup sévère au mouvement Boycott, désinvestissement et sanctions (BDS), qui mène depuis longtemps une campagne mondiale pour promouvoir diverses formes de boycott contre Israël.

Photo illustrative des produits laitiers de Tnuva (Nati Shohat/Flash90)

« Certains disent que la raison du récent déclin de votre popularité est attribuée au fait qu’en plus de votre poste de maire, vous êtes également le représentant de la compagnie israélienne Tnuva dans la région [Bethléem]. Quelle est votre réponse à cette revendication ? » a-t-on demandé à Khamis.

Le maire a répondu : « Je suis heureux que vous ayez posé cette question. Je suis un représentant de la compagnie Tnuva », a-t-il dit, ajoutant qu’il l’était depuis un certain temps. « Je suis comme n’importe quel citoyen palestinien, comme n’importe quel Palestinien qui va travailler dans les colonies [sic]. Nous avons construit leurs colonies, nous avons construit leurs maisons, nous avons pavé leurs routes, nous avons travaillé dans leurs maisons. C’est la réalité. Tout le monde cherche à gagner sa vie. »

Une usine Tnuva près de Jérusalem, en mai 2015. Illustration. (Crédit : Miriam Alster/Flash90)

Khamis a dit que si le gouvernement de l’Autorité palestinienne prend la décision de ne pas travailler en Israël et avec les Israéliens et de ne pas acheter de produits israéliens, il sera le premier à s’y conformer.

Il a fait remarquer que lorsque l’AP a pris l’année dernière une décision interdisant aux produits israéliens d’entrer dans les territoires sous son contrôle, il a respecté l’ordre pendant la totalité des 19 jours et n’a pas commercialisé de produits israéliens.

« Je travaille conformément à la loi et aux règlements palestiniens », a ajouté le maire de Beit Jala. « La loi palestinienne n’interdit pas aux Palestiniens de travailler avec Israël, notamment en ce qui concerne l’achat et la vente. »

Il a dit qu’il serait prêt à quitter son emploi de représentant de Tnuva si la loi venait à changer. « Mais je ne vais pas arrêter de travailler [avec Tnuva] si quelqu’un vient me voir et me demande d’arrêter pendant que d’autres font la même chose ».

Khamis a également souligné que les Palestiniens continuaient d’acheter du ciment et du fer à Israël. « Nous importons beaucoup de choses d’Israël, et je suis comme tout le monde », a-t-il dit. « En fin de compte, je travaille conformément à la loi, et j’ai une licence du ministère [PA] de l`Économie, du ministère de la Santé, du ministère de l`Agriculture et de tous les ministères. Je paie toutes les taxes. »

Interrogé sur l’embarras causé aux Palestiniens, surtout à la suite de campagnes appelant au boycott des produits israéliens, Khamis a répondu : « Je suis un représentant de produits israéliens et étrangers. Je ne suis pas différent des autres. »

Le maire a noté que même l’AP avait des institutions et des représentants travaillant avec des entreprises israéliennes. « Si c’est quelque chose qui nous fait honte, arrêtons tous », a-t-il dit. « Mais il n’y a pas de honte, nous voulons juste travailler. Nous sommes un État assiégé ; nous n’avons pas de frontières et l’importation est très difficile. Quand il y aura une décision d’arrêter, on s’arrêtera comme tous les autres. »

Ouvriers palestiniens dans une usine de ciment, pendant les quelques heures par jour d’électricité, au camp de réfugiés de Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, le 24 septembre 2017. (Crédit : Said Khatib/AFP)

De nombreux Palestiniens se sont rendus sur Facebook pour exprimer leur indignation face aux propos du maire. « Pourquoi blâmer un maire de travailler comme vendeur pour une entreprise israélienne alors que notre leader [le président de l’AP Mahmoud Abbas] et ses employés travaillent comme surveillants pour Israël ? » a commenté Mohammed Ameerah sur Facebook. « Au moins, le maire n’arrête pas son propre peuple. »

Hazem Ahmed a commenté : « Le problème est que BDS meurt d’envie de trouver quelqu’un pour boycotter Israël, et voici un maire qui dit qu’il travaille pour une entreprise israélienne. Si le BDS m’appartenait, je ferais la promotion d’un boycott de l’Autorité palestinienne, et non de l’occupation, parce qu’ils [l’AP] sont pires ».

Un troisième utilisateur de Facebook, Hamza Khader, a fait remarquer : « Le boycott [d’Israël] est une décision personnelle et n’a pas besoin d’une décision gouvernementale. En tant que maire, vous êtes tenu d’initier le boycott et de mener la campagne. »

D’autres Palestiniens, cependant, ont défendu le maire de Beit Jala, arguant que les Palestiniens n’avaient pas d’autre choix que de travailler avec Israël et d’acheter des produits israéliens. Ils ont fait remarquer que ceux qui attaquaient le maire faisaient preuve d’hypocrisie.

« Ceux qui prétendent être des gens honorables et patriotiques devraient également boycotter l’électricité, le ciment, le carburant et le shekel israéliens », a déclaré un Palestinien dans un commentaire qui a été repris par d’autres en réponse aux critiques féroces du maire.

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