Un média ukrainien puni pour avoir qualifié un groupe extrémiste de « néo-nazi »
Le mouvement nationaliste C14 a obtenu 113 euros de dédommagement après avoir remporté son procès pour diffamation contre une chaîne de télévision locale
![Des milliers de nationalistes ukrainiens défilent avec des torches à travers Kiev en l'honneur de Stephan Bandera, un rebelle anti-soviétique de la Deuxième Guerre mondiale, le 1er janvier 2015. (Crédit photo: AFP/Genya Savilov) Des milliers de nationalistes ukrainiens défilent avec des torches à travers Kiev en l'honneur de Stephan Bandera, un rebelle anti-soviétique de la Deuxième Guerre mondiale, le 1er janvier 2015. (Crédit photo: AFP/Genya Savilov)](https://static-cdn.toi-media.com/fr/uploads/2019/04/aukes-640x400.jpg)
Un mouvement nationaliste d’extrême droite a remporté son procès pour diffamation qu’il avait intenté à un média ukrainien qui l’avait décrit comme « néo-nazi », suscitant l’inquiétude quant au statut de la liberté d’expression dans ce pays post-communiste.
Un juge de Kiev a ordonné au média en ligne Hromadske de verser 113 euros à C14 et de publier le jugement rendu, que l’avocat de la défense a qualifié « [d’]incorrect et d’illégal », d’après The Kyiv Post.
C14 est un groupe extrémiste né du parti antisémite Svoboda dont le leader, Yevhen Karas, a classé les Russes, les Juifs et les Polonais comme des ennemis.
C14 nie être une organisation néo-nazie, alors que ses comptes de réseaux sociaux présentent une forte symbolique suprémaciste blanche et nazie. Ses membres ont également été impliqués dans une série d’agressions, décrites par certains comme des pogroms, contre la minorité rom d’Ukraine.
« D’autres organisations comme Reuters et le Washington Post, ainsi que des entités gouvernementales, telles que le Parlement britannique, ont fait référence à C14 en des termes similaires », a rapporté Hromadske dans un article sur le procès. « Des organisations des droits humains, tels que Kharkiv, ont présenté C14 comme ‘néo-nazi’ également. »
Mais l’organisation se défend d’être néo-nazie et a clamé devant le tribunal qu’être qualifiée ainsi ternissait sa réputation.
« La position de C14 est qu’il n’est pas un groupe néo-nazi par leurs activités ou la nature de leurs activités », a affirmé l’avocat Victor Moroz, cité par Hromadske TV. « Il s’agit d’un groupe nationaliste, mais il n’est d’aucune façon néo-nazi ».
Il affirme que décrire C14 ainsi nuisait à la « réputation professionnelle » de l’organisation.
L’avocate de Hromadske, Oksana Tchaikovska, a fustigé la décision du juge.
« Cette décision est erronée et illégale, elle introduit une disposition scandaleuse qui réduit la liberté d’expression. Nous ferons appel », a-t-elle été citée par le Kyiv Post.
La rédactrice en chef de la chaîne de télé, Angelina Karyakina, a déclaré au quotidien ukrainien qu’elle était « surprise par cette décision ».
Harlem Désir, le représentant pour la Liberté des médias de l’Organisation pour la Sécurité et la Coopération en Europe (OSCE), a fait part de son « inquiétude » après cette décision, déplorant qu’elle allait « à l’encontre de la #libertédesmédias et pourrait décourager les journalistes à faire leur travail ».
Dans le même temps, le journaliste Michael Colborne, expert de l’extrême droite ukrainienne, a tweeté « Étrange que les néonazis de C14 ne tentent pas de me poursuivre en justice ou tout autre média les ayant qualifiés de néonazis, ou ce tweet ici qui les décrit comme néonazis, ou l’article que j’écris actuellement où je les qualifierai de néonazis, une fois de plus ».