Un officiel d’Amman suggère d’échanger un détenu israélien contre 2 Jordaniens
Après avoir rappelé son ambassadeur pour protester contre la détention de deux de ses ressortissants, le royaume hachémite arrête un Israélien entré illégalement en Jordanie

Un haut responsable jordanien a suggéré, mardi en fin d’après-midi, d’utiliser un citoyen israélien arrêté après avoir traversé la frontière comme monnaie d’échange pour obtenir la libération de deux ressortissants du royaume hachémite actuellement incarcérés au sein de l’Etat juif.
Le ministre jordanien des Affaires étrangères Sufyan Qudah a en effet indiqué dans la journée que la Jordanie avait appréhendé un Israélien qui, selon lui, était entré « illégalement » dans le royaume.
Il a ajouté que les autorités jordaniennes interrogeaient l’homme, qui sera présenté devant « les autorités judiciaires concernées qui prendront les mesures nécessaires à son encontre ».
Aucun détail n’a été transmis sur son identité. L’armée israélienne a simplement confirmé qu’un citoyen avait traversé la frontière, ajoutant que l’incident faisait l’objet d’une enquête.
« Nous ne pouvons pas envisager au niveau politique l’idée d’un échange de prisonnier avec l’occupation », a commenté Nidal Taani, chef de la commission jordanienne des Affaires étrangères parlementaires, des propos rapportés par le site d’information Walla.

« Nous pouvons néanmoins garder cet Israélien sur le territoire jordanien pour l’utiliser comme monnaie d’échange pour exercer des pressions de manière à ce que l’occupation [Israël] libère les prisonniers al-Labadi et Miri », a-t-il dit, se référant à deux Jordaniens actuellement derrière les barreaux au sein de l’Etat juif.
Le royaume hachémite a annoncé, en début de soirée de mardi, qu’il rappelait son ambassadeur à Tel Aviv pour manifester son mécontentement concernant la détention continue de ses deux ressortissants.
« Au vu de l’incapacité d’Israël à répondre aux demandes de libération des citoyens jordaniens Hiba al-Labadi et Abdoul Rahman Miri que nous soumettons depuis des mois, au vu de leur détention continue, illégale et inhumaine, nous avons convoqué l’ambassadeur jordanien à Tel Aviv pour des consultations », a expliqué le ministre des Affaires étrangères Ayman Safadi sur Twitter.
« Nous tenons Israël comme pleinement responsable de la vie de nos citoyens et nous continuerons à prendre des mesures légales, diplomatiques et politiques pour garantir leur retour chez eux en toute sécurité », a-t-il continué. « Mettre en péril les vies de nos citoyens, dont l’état de santé se détériore, est un acte condamnable contre lequel le royaume s’insurge ».
La déclaration de Safadi est une indication supplémentaire des tensions qui caractérisent les relations entre l’Etat juif et la Jordanie, qui ont marqué le 25e anniversaire du traité de paix qui les unit, le week-end dernier.

L’ambassadeur jordanien en Israël, Ghassan Majali, est largement resté loin des projecteurs depuis son arrivée au mois d’octobre 2018.
Le ministère des Affaires étrangères a indiqué s’entretenir de l’annonce faite par le royaume hachémite avec les autorités à Amman.
Israël a arrêté Labadi, 32 ans, et Miri, 29 ans, au pont d’Allenby, dans la vallée du Jourdain, respectivement le 20 août et le 2 septembre derniers. La commission des Affaires des prisonniers de l’Autorité palestinienne a fait savoir qu’ils ont tous les deux été placés de détention administrative.
La détention administrative autorise Israël à incarcérer certains suspects pendant des mois – sans que des accusations ne soient officiellement formulées.
Au début du mois d’octobre, les services israéliens du Shin Bet avaient fait savoir que Labadi, qui est d’origine palestinienne, avait été arrêtée parce qu’elle aurait été impliquée dans « des infractions sécuritaires graves ».

La semaine dernière, son avocat Raslan Mahajna a déclaré à Haaretz que l’arrestation était liée à des rencontres de la jeune femme, au Liban, avec des personnes affiliées au groupe terroriste chiite libanais du Hezbollah. Mahajna a précisé que lorsqu’elle s’était rendue récemment chez sa sœur à Beyrouth, Al-Labadi s’était entretenue avec un présentateur de la station de radio Al-Nour, un média du Hezbollah.
Labadi a entamé une grève de la faim il y a 36 jours, d’après le Club des prisonniers palestiniens, un groupe de défense des prisonniers palestiniens. Sa santé s’est récemment détériorée, et elle a été hospitalisée à Haïfa à de multiples reprises au cours de la semaine passée, a fait savoir l’organisation mardi.
Miri souffre d’un cancer depuis 2010 et nécessite une surveillance médicale régulière, selon la Commission des Affaires des prisonniers de l’Autorité palestinienne.
Un tribunal militaire israélien a rejeté lundi un appel en faveur de sa libération.