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Interview

Un père d’otage lutte pour retrouver l’usage de la parole et ramener son fils au pays

Tal Kupershtein, qui se remet d'un AVC consécutif à un grave accident de voiture, se bat pour faire tout ce qui est en son pouvoir afin que son fils Bar, détenu à Gaza, soit relâché

Jessica Steinberg est responsable notre rubrique « Culture & Art de vivre »

Tal Kupershtein (au centre), père de l'otage Bar Kupershtein, avec son aide Anel D'souza (à gauche) et le cousin de Bar (à droite). (Crédit : Autorisation)
Tal Kupershtein (au centre), père de l'otage Bar Kupershtein, avec son aide Anel D'souza (à gauche) et le cousin de Bar (à droite). (Crédit : Autorisation)

Après Pessah, Tal Kupershtein, père de l’otage Bar Kupershtein, assis sur son fauteuil roulant à la frontière israélienne avec Gaza, non loin du kibboutz Nir Oz, a hurlé, tremblant d’émotion : « Bar ! Je reparle ! Tu peux revenir. »

Le message de Tal était clair : s’il parvenait à réapprendre à parler après son accident vasculaire cérébral (AVC), Bar pourrait d’une manière ou d’une autre rentrer à la maison.

Tal a perdu l’usage de la parole il y a cinq ans. Il a été victime d’un AVC lors d’une opération chirurgicale à la suite d’un accident de voiture alors qu’il était ambulancier bénévole au sein de l’organisation United Hatzalah.

Il se bat aujourd’hui pour retrouver l’usage de ses jambes et de la parole, après que son fils aîné, Bar, a été pris en otage lors du festival de musique Nova, le 7 octobre 2023, alors qu’il travaillait comme agent de sécurité pendant la rave-party.

« Je ne sais pas d’où j’ai trouvé la force », a déclaré Tal, dont le discours était parfois hésitant, mais dont la détermination était sans faille.

Il s’est forcé à parler à nouveau, a expliqué Ora Rubinstein, la tante de Bar, une infirmière très présente aux côtés de son frère.

Tal Kupershtein (à gauche) et Ora Rubinstein, père et tante de l’otage Bar Kupershtein, le 29 avril 2025. (Crédit : Jessica Steinberg/Times of Israel)

« Un mois après l’enlèvement de Bar, Tal a décidé qu’il ferait tout son possible pour se battre et ramener Bar », a raconté Rubinstein.

« Et de toutes les manières possibles, petit à petit, avec l’aide de toutes les personnes bienveillantes qu’il rencontre sur son chemin. Il participe aux manifestations à Holon, qu’il pleuve ou qu’il fasse beau, il rencontre des gens et accepte leur aide. »

Rubinstein a expliqué que son frère avait besoin d’être à l’aise pour oser parler, même si cela était plus facile de demander à sa sœur de parler à sa place.

« Je sens qu’il rentrera à la maison si je lui parle », a déclaré Tal, assis à côté de sa sœur. Son aide, Anel D’Souza, un travailleur étranger originaire d’Inde, est toujours à ses côtés.

Le samedi 7 octobre, Bar travaillait au festival Nova avec son meilleur ami Din Tesler, au sein d’une équipe d’agents de sécurité.

Tesler et Bar étaient arrivés au festival dans le désert de Reïm dès jeudi.

« C’était ma première fois en tant qu’agent de sécurité », a déclaré Tesler au Times of Israel.

« Bar avait déjà travaillé pour cette entreprise à plusieurs reprises. »

Lorsque le groupe terroriste palestinien du Hamas a commencé à tirer des roquettes depuis Gaza à 6 h 29, Bar et Tesler ainsi que les autres agents de sécurité ont ouvert une issue de secours et ont aidé à soigner les blessés.

C’est à ce moment-là que la grand-mère de Bar a appelé son petit-fils, sachant qu’il travaillait comme agent de sécurité lors d’une fête organisée en plein air. Il lui a dit qu’il allait bien et qu’il rentrerait à la maison dès qu’ils auraient fait évacuer les festivaliers.

Alors que les terroristes du Hamas commençaient à approcher depuis les environs du kibboutz Beeri, Bar a ordonné à Tesler de retourner sur le site du festival tandis qu’il restait sur la route principale avec les policiers pour s’occuper des blessés.

« C’est la dernière fois que je l’ai vu », a dit Tesler, qui voyage à travers les États-Unis depuis que Bar a été capturé, pour parler de ce qui s’est passé le 7 octobre.

Din Tesler (à gauche) et son meilleur ami, Bar Kupershtein, avant que ce dernier ne soit pris en otage le 7 octobre 2023. (Crédit : Autorisation)

Ils ont appris plus tard que Bar était retourné plusieurs fois sur les lieux de la fête pour porter secours aux blessés.

Tesler s’est enfui dans les bois, d’abord avec d’autres festivaliers qui ont finalement été abattus par des terroristes. Il s’est caché dans un buisson de cactus jusqu’à ce qu’il soit secouru par des soldats de l’armée israélienne dans la soirée.

C’est alors que Tesler a compris que Bar avait été pris en otage.

Lorsqu’il a rechargé son téléphone, il a vu que le frère de Bar lui avait envoyé une vidéo Telegram sur laquelle on voyait Bar et cinq autres personnes en captivité.

La vidéo et les photos choquantes montrant Bar ligoté au sol avaient été prises et mises en ligne par les terroristes du Hamas.

« J’ai eu ma première crise de panique. Je pouvais à peine respirer quand j’ai réalisé que mon meilleur ami était pris en otage », a déclaré Tesler.

« J’avais envoyé un dernier SMS à Bar vers 9 heures du matin, et il m’avait répondu : ‘Prends soin de ma famille s’il m’arrive quelque chose’ », a raconté Tesler.

La famille Kupershtein élargie, les parents de Bar, Tal et Julie, ses quatre frères et sœurs, ses grands-parents, sa tante, son oncle et ses cousins, qui vivent tous à Holon, à quelques minutes à pied les uns des autres, ont tous eu les mêmes réactions.

Les membres de la famille de l’otage Bar Kupershtein et des Israéliens marquant sa 2ᵉ année de captivité dans les geôles du Hamas, sur la Place des Otages, à Tel Aviv, le 1ᵉʳ avril 2025. (Crédit : Avshalom Sassoni/Flash90)

« Nous avons crié, hurlé, puis nous nous sommes demandé ce que nous devions faire », a expliqué Rubinstein.

« Nous avons eu la chance de savoir qu’il était retenu captif, non pas parce qu’un responsable nous l’avait dit, mais parce que nous l’avions vu dans cette vidéo Telegram », a-t-elle déclaré, faisant référence à l’incertitude qui plane sur le sort de nombreuses autres personnes disparues lors de l’assaut.

Tesler a raconté qu’au cours des deux jours qui ont suivi, il a appris que beaucoup de ses amis avaient été tués ou pris en otage, notamment ses collègues agents de sécurité Eitan Mor et Rom Braslavski, toujours détenus à Gaza ainsi que l’ex-otage Andrey Kozlov.

Kozlov a été secouru en juin, tandis que Mor et Braslavski sont toujours retenus en otage, tout comme Bar.

Maxim Herkin enlevé sur le site du Festival Supernova des terroristes du Hamas le 7 octobre 2023. (Crédit : Autorisation)

Le 5 avril, le groupe terroriste palestinien du Hamas a diffusé une vidéo de propagande mettant en scène Bar et Maxim Herkin, un festivalier de Nova, premier signe de vie des deux otages depuis leur enlèvement.

La famille a pu s’entretenir avec d’anciens otages, dont Ohad Ben Ami, relâché en février, qui a été détenu avec Bar pendant un certain temps dans les tunnels de Gaza.

« Il a dit que son état n’était pas bon, qu’il se trouvait dans les tunnels », a déclaré Rubinstein.

« J’ai vu les images de lui dans la vidéo. Il est triste, il a l’air abattu et pâle. »

Rubinstein a estimé que Bar semblait en meilleure forme dans la vidéo que Ben Ami ne l’avait décrit, son neveu ayant perdu plus de 50 % de sa masse corporelle.

« Il a l’air un peu mieux maintenant, car leurs geôliers du Hamas ont commencé à les nourrir, pensant qu’ils allaient être relâchés » a-t-elle expliqué.

« Il était un peu potelé avant, il ressemblait à son père », a-t-elle ajouté en désignant son frère.

La famille a appris d’autres détails sur les conditions de vie de Bar en captivité. Toujours habile de ses mains, il a réparé l’électricité dans les tunnels et aidé à installer un système de plomberie rudimentaire dans leurs cellules souterraines.

« Il adore faire des choses, il adore aider », a ajouté Rubinstein.

« MacGyver ! », s’est exclamé Tal, en référence à la série télévisée des années 1980 dans laquelle un agent secret accomplit des missions complexes grâce à ses connaissances scientifiques et à son couteau suisse.

C’est le surnom qu’il donne à son fils bien-aimé.

Bar a également appris quelques mots de russe grâce au temps passé en captivité aux côtés du citoyen russo-israélien Herkin, a déclaré Rubinstein.

Des ex-otages et des membres de leur famille, dont les grands-parents de l’otage Bar Kupershtein (3ᵉ et 4ᵉ à partir de la gauche) Faina et Michael Kupershtein, devant le crématorium d’Auschwitz, lors de la Marche des Vivants, le 24 avril 2025. (Crédit : Jessica Steinberg/Times of Israel)

C’est comme s’ils avaient bouclé la boucle de leur histoire familiale, a-t-elle ajouté.

Sa mère, Faina, la grand-mère de Bar, est née en Moldavie, tandis que son père, Michael, survivant de la Shoah, a échappé de justesse à la mort en 1941 lorsque sa mère a fui l’avancée nazie en Union soviétique et l’a caché à Tachkent, dans l’actuel Ouzbékistan, quelques mois seulement après sa naissance.

Le père de Bar, Tal, et sa tante Ora sont tous les deux nés en Ukraine, qui faisait alors partie de l’Union soviétique. La famille a immigré en Israël en 1972, alors qu’Ora avait 4 ans et Tal était encore un bébé.

« Nous n’avons pas la nationalité russe », a précisé Rubinstein, car aucune personne ayant fui l’Union soviétique entre les années 1970 et 1991 n’a obtenu la nationalité russe.

Malgré cela, la famille a demandé au gouvernement russe d’aider à obtenir la libération de Bar, comme Moscou l’avait fait en novembre 2023 pour les anciennes otages Elena Trupanov et sa mère Irena Tati.

Tal et son fils Dvir se joindront à une mission du Forum des otages à Washington la semaine prochaine, dans l’espoir d’obtenir l’aide du président américain Donald Trump. Ce voyage fait suite à un article d’opinion récemment publié par Tal sur le site médiatique conservateur américain The Daily Wire.

« Alors qu’Israël célèbre son 77ᵉ anniversaire et que le président Donald Trump achève ses 100 premiers jours au pouvoir, mon cœur est ailleurs : dans l’obscurité de Gaza, où mon fils Bar est toujours en captivité, fragile, effrayé et oublié par beaucoup trop de gens », a écrit Tal.

Dans sa lettre, il décrit son fils comme le pilier de la famille depuis son accident, il y a cinq ans.

« Nous faisons tout ce que nous pouvons », a déclaré Rubinstein.

« Quand on se tourne vers le monde, vers Trump, c’est la chose la plus importante. Il devrait lire la lettre de Tal et prêter attention à ses mots. Il demande à Trump de l’aider à ramener Bar à la maison. »

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