Un rabbin est le principal suspect dans une affaire de trafic de bébés
La cour a levé l'embargo et identifié Shmuel Peretz comme étant à la tête d'un réseau consistant à enlever des nouveaux-nés pour les faire adopter par des couples ultra-orthodoxes
La cour du district de Nazareth a levé partiellement jeudi un embargo sur l’identité d’un suspect, au terme de deux ans d’enquête sur un réseau de trafic de bébés dans la communauté ultra-orthodoxe.
Le rabbin Shmuel Peretz, 44 ans, est un homme d’affaires qui vit entre New York et Jérusalem. Il est soupçonné d’avoir négocié un accord en vertu duquel des Israéliennes enceintes étaient amenées à New York, leurs bébés leur étaient retirés de force et donnés à l’adoption à des couples sans enfants en Israël.
La mère, identifiée dans les documents légaux par le prénom « Yaël« , était à l’époque sous la tutelle légale de l’épouse d’un autre rabbin, Rivka Segal, qui est également suspecte.
De nombreux détails de l’affaire restent encore sous embargo.
Peretz a été arrêté au début de l’année avec d’autres suspects, notamment Segal, l’avocat des parents adoptifs et les parents eux-mêmes, qui élèvent le petit garçon.
Depuis, les suspects ont tous bénéficié d’une libération conditionnelle.
Segal nie avoir planifié le voyage de Yaël à New York, et toute implication dans l’adoption de l’enfant. La semaine dernière, le tribunal des affaires familiales de Nazareth a ordonné à Segal de verser un demi-million de shekels de dommages et intérêts à Yaël, selon un reportage de la Treizième chaîne.
Peretz est également suspecté d’être impliqué dans une autre affaire de trafic de bébés, selon le site Walla. Dans cette affaire, des petites jumelles auraient été enlevées à leur mère, qui a déjà trois enfants, dans des circonstances similaires à celles de Yaël.
Les deux femmes assurent que leurs enfants leur ont été enlevées et mis en adoption par des moyens trompeurs et des pressions psychologiques, selon Walla.
Yaël a raconté à la police en 2016 que lorsqu’elle était enceinte de 8 mois, la femme du rabbin l’a persuadée de se rendre à New York pour une procédure médicale.
En arrivant à un hôpital – non spécifié – lié à la communauté ultra-orthodoxe, Yael a déclaré que son bébé est né par césarienne, et qu’elle a ensuite été pressée de signer des documents qu’elle ne comprenait pas.
Elle a ajouté que son fils lui avait été enlevé à l’hôpital et confié à un couple ultra-orthodoxe sans enfants, qui est ensuite rentré en Israël. Elle dit n’avoir pas vu son fils depuis.
Après la naissance, a-t-elle raconté, elle a été retenue à New York pendant plusieurs mois, privée de son passeport et de ses papiers. Elle a fini par réussir à contacter son conjoint en Israël et à regagner le pays.
Yediot Ahronoth avait rapporté en 2017 que les trafiquants de Yaël avaient facturé entre 100 et 150 000 dollars de « frais de gestion » pour chaque adoption qu’ils organisaient.
La police pense que le réseau de trafic humain sévit dans la communauté ultra-orthodoxe israélienne depuis quelques temps.