Un survivant de la Shoah demande réparation à la compagnie ferroviaire allemande
Milo Muller a déjà obtenu un dédommagement de la Nederlandse Spoorwegen

À 87 ans, Milo Muller, survivant de la Shoah, reste un activiste déterminé de la mémoire. Cet octogénaire néerlandais est connu pour avoir obtenu, en 2019, de la Nederlandse Spoorwegen, la société ferroviaire néerlandaise, un dédommagement de 50 millions d’euros pour les survivants de la Shoah.
Aujourd’hui, il se tourne vers la Deutsche Bahn pour obtenir, cette fois aussi, un dédommagement, comme il l’explique à Arte : « La Deutsche Reichsbahn a transporté des milliers de Juifs vers Auschwitz, dont mon père et ma mère. Ils ont été tués là-bas, gazés. La Deutsche Reichsbahn le savait et en a profité. L’argent doit être rendu. »
Dans une lettre ouverte adressée à la compagnie ferroviaire et au ministre des Transports allemand, Milo Muller demande une indemnisation pour les victimes néerlandaises de la Shoah encore en vie. Alors que l’Europe connaît une résurgence de l’antisémitisme, il espère voir sa demande aboutir : « L’antisémitisme ne s’arrête jamais. Il rouvre toujours les plaies et, en ces temps troublés, j’attends un peu d’empathie de l’État allemand et de la Deutsche Bahn. »
Son avocat, maître Martin Klingner, s’inquiète, au micro d’Arte, de l’absence de réponse de la Deutsche Bahn : « Le silence est regrettable. C’est d’autant plus préoccupant que la Deutsche Bahn a toujours publiquement affirmé avoir connaissance des crimes de la Deutsche Reichsbahn. »
En 2019, Muller, ancien soignant du club de football de l’Ajax Amsterdam, avait mené une campagne avec des familles, conduisant la compagnie nationale hollandaise de chemin de fer à accepter de payer des dizaines de millions d’euros de compensation pour avoir transporté des Juifs vers les camps de la mort nazis pendant la Seconde Guerre mondiale.
Le paiement par la Nederlandse Spoorwegen, pour ce que l’entreprise a qualifié de « page sombre dans l’histoire de la compagnie », était destiné aux survivants transportés dans les camps, ainsi qu’aux proches de ceux qui ont été tués.
La compagnie avait gagné l’équivalent de millions d’euros pour les missions confiées par les forces nazies, consistant à transporter les familles juives vers des camps d’extermination.
Les trains hollandais ont transporté des Juifs, des Roms et d’autres minorités vers des gares de transit, notamment Westerbork, Vught et Amersfoort, avant qu’ils ne soient envoyés vers des camps de la mort dans d’autres pays.
Parmi les Juifs transportés à Westerbork figurait notamment l’adolescente Anne Frank, qui y transita en août 1944 après avoir été trahie et arrêtée avec d’autres membres de son groupe par la Gestapo.
Environ 107 000 des 140 000 Juifs néerlandais furent internés à Westerbork avant d’être envoyés vers des camps de la mort tels qu’Auschwitz, Sobibor et Bergen-Belsen à l’est.