Un thérapeute de « réorientation sexuelle » inculpé d’abus sexuels sur ses clients
Reuven Velcher a abusé de mineurs qui souhaitaient étouffer leur homosexualité en leur faisant croire que les agressions sexuelles qu'ils subissaient faisaient partie du traitement
Un tribunal de Jérusalem a mis en examen dimanche un thérapeute de « conversion sexuelle » israélien pour avoir abusé pendant plusieurs années de garçons qu’il « soignait ». Néanmoins, il ne devrait pas passer par la case prison grâce à une négociation de peine conclue en amont du procès.
Le ministère de la Santé déconseille les soi-disant « conversions sexuelles » ou « thérapies réparatrices », les qualifiant de douteuses scientifiquement et de potentiellement dangereuses, bien qu’aucune loi ne les interdise. Leurs partisans affirment qu’elles ne « convertissent » pas les clients, mais qu’elles dynamisent l’estime de soi et la masculinité, ce qui réduirait l’homosexualité d’après eux.
En Israël, les praticiens prétendent connaître une forte demande, principalement de la part de Juifs orthodoxes qui souhaitent réduire leur attirance pour les hommes afin de pouvoir épouser des femmes et fonder une famille traditionnelle en conformité avec leurs valeurs religieuses conservatrices.
Reuven Velcher, 45 ans, a abusé de la confiance de deux garçons en leur faisant croire que les actes indécents qu’il leur faisait subir faisaient partie de la thérapie, d’après le chef d’inculpation enregistré à la Cour de magistrats de Jérusalem en septembre 2017. Crédules, les garçons avaient consenti à ces actes.
L’inculpation rapporte que l’un des plaignants a rencontré Velcher des dizaines de fois entre 2007 et 2012, y compris lorsqu’il était mineur. L’accusé aurait rendu le plaignant dépendant de lui et aurait abusé de lui lors de ces entrevues.
Dans le cadre de la « thérapie », Velcher demandait, par exemple, au jeune garçon d’écrire 40 choses qui faisaient de lui un homme. Lorsqu’il n’était pas satisfait des réponses ou résultats, Velcher hurlait, l’humiliait et le menacer de mettre un terme à la « thérapie ».
L’accusé a reconnu les faits dans le cadre d’un accord de négociation de peine, selon lequel l’accusation plaidera pour des services d’intérêt général plutôt que pour une peine d’emprisonnement. Néanmoins, Velcher devra d’abord subir une évaluation pour déterminer s’il présente un danger pour la société.
D’après le procureur Or Gabbay, Velcher « a abusé de la détresse des clients qui ont fait appel à son aide. On parle ici de relations abusives qui ont duré pendant des années, ainsi que de crimes sexuels commis à plusieurs occasions lors de ces séances thérapeutiques, dans des hôtels et dans la clinique domiciliée chez Velcher. »
Gabbay indique que l’accord a été conclu en prenant en compte l’avis des victimes.
On estime à entre 20 et 30 le nombre de psychologues et travailleurs sociaux agréés et à 50 celui de thérapeutes non-agréés qui pratiqueraient ce type de « thérapie », a rapporté le rabbin Ron Yosef, directeur de l’organisation LGBT orthodoxe HOD qui appelle à légiférer contre de telles pratiques.
Certains états américains interdisent ce genre de « thérapies » pour les mineurs. Jews Offering New Alternatives for Healing, un groupe juif orthodoxe prétendant aider les hommes gays à devenir hétérosexuels, a été dissoute pour avoir violé la loi du New Jersey sur la Fraude à la Consommation en affirmant qu’elle « guérissait » de l’homosexualité.
Des organismes médicaux américains reconnus expliquent qu’il n’y a aucune preuve que les tentatives de réorientation sexuelle sont efficaces et que ces « thérapies » renforcent la haine de soi, la dépression et l’auto-mutilation.
En 2011, l’Association israélienne de psychologie était parvenue à des conclusions similaires, que le ministère de la Santé israélien n’a reconnues qu’en 2014.