UN Watch accuse l’AP et le Hamas de torturer régulièrement les détenus
L’enquête de l'ONG révèle que les traitements cruels, inhumains ou dégradants dans les prisons palestiniennes de Cisjordanie et de la bande de Gaza sont "systématiques"

UN Watch, une organisation indépendante de défense des droits humains basée à Genève, a publié jeudi un rapport d’enquête accusant l’Autorité palestinienne (AP) et le groupe terroriste du Hamas de torturer régulièrement leurs détenus.
Les militants des droits de l’homme, les femmes, les personnes de la communauté LGBT, les opposants politiques, les soi-disant « collaborateurs d’Israël » et les Palestiniens qui vendent des terres aux Juifs sont tous soumis à des châtiments cruels, a déclaré l’ONG basée à Genève dans un communiqué.
Le rapport d’enquête « Torturer les Palestiniens » a été publié peu avant une réunion prévue la semaine prochaine – qui durera deux jours – du Comité des Nations Unies contre la torture, qui examinera l’adhésion des Palestiniens à la Convention des Nations Unies contre la torture et autres peines cruelles.
UN Watch a déclaré que ses représentants présenteront le rapport d’enquête au comité de 10 membres lors d’une séance d’information privée aux côtés d’autres groupes de défense des droits humains, le 18 juillet, veille du jour où les Palestiniens seront appelés à répondre à des questions sur leur adhésion à la Convention des Nations Unies sur la torture, que l’AP a signée en 2014.
Le rapport d’enquête a également été publié sur le site du Haut-Commissariat de l’ONU aux droits de l’homme.
La torture « routinière » de l’AP comprend des coups, l’isolement, des coups de fouet aux pieds, des menaces et railleries, et le fait de forcer les détenus à se mettre dans diverses positions douloureuses pendant de longues périodes, a été indiqué dans le communiqué.
Les personnes accusées par l’AP ou le Hamas de « collaborer » avec Israël se font passer à tabac, éteindre des cigarettes sur le corps, arracher des dents, sont forcées de rester dans des positions douloureuses et subissent des sévices sur leurs organes génitaux, selon le rapport d’enquête.
En juin 2018, un tribunal israélien a ordonné à l’AP de verser 3,5 millions de dollars de compensation à des dizaines de « collaborateurs » présumés et aux membres de leur famille qui ont été torturés par l’AP entre 1990 et 2003 pour avoir aidé les autorités israéliennes.
La même année, Suha Jbara, une militante palestino-américaine en grève de la faim détenue par l’AP, a décrit à Amnesty International comment elle avait été torturée par des agents de l’Autorité palestinienne durant trois jours.
Les personnes de la communauté LGBTQ vivant dans des zones contrôlées par l’AP ou par le Hamas sont victimes de « graves persécutions et d’ostracisme ».
Selon UN Watch, les homosexuels palestiniens disent être contraints de dénoncer d’autres personnes, forcés à se marier et sont régulièrement menacés de mort. Un Palestinien homosexuel vivant en exil en Turquie est cité dans la déclaration : « Ils m’ont arrêté, suspendu au plafond, battu et interrogé pendant cinq jours. » Un autre a déclaré : « Certains ont subi des sévices, ou ont été tués. D’autres se sont suicidés. »

« Des preuves de torture systématique et d’autres traitements cruels, inhumains ou dégradants des détenus placés sous la garde des Palestiniens en Cisjordanie et à Gaza ne cessent d’être découvertes, » a déclaré le directeur exécutif d’UN Watch, Hillel Neuer.
Neuer a appelé le représentant palestinien auprès de l’ONU à Genève, Ibrahim Khraishi, « à faire preuve de franchise quant à l’utilisation systématique de la torture par l’AP lors du prochain examen ».
Une réponse de 67 pages de l’AP soumise à l’ONU « cherche à absoudre les acteurs palestiniens de la responsabilité de se conformer aux interdictions de la torture du traité, et au lieu de cela, pointe du doigt Israël cherchant à détourner l’attention du bilan de l’AP, qui est le sujet de l’examen de l’ONU », a déclaré l’UN Watch.
La candidature palestinienne « ne contient aucune donnée sur l’omniprésence de la torture de la part de l’AP et du Hamas, ni sur les mesures pratiques mises en œuvre pour empêcher la torture par les forces de sécurité lors des interrogatoires », a déclaré Dina Rovner, conseillère juridique d’UN Watch, dans le communiqué.
Au début du mois, Human Rights Watch (HRW) a publié un rapport d’enquête indiquant que les autorités palestiniennes de Cisjordanie et de la bande de Gaza torturent systématiquement les personnes détenues, une pratique qui constituerait un crime contre l’humanité.
Dans son rapport, HRW appelle les pays donateurs à cesser de financer les forces de l’ordre palestiniennes coupables de tels crimes et exhorte la Cour pénale internationale (CPI) à enquêter.
Les deux rapports d’enquête interviennent un an après la mort de Nizar Banat, un fervent critique de l’Autorité palestinienne, dont la famille affirme qu’il est mort après que les forces de sécurité de l’AP ont fait irruption dans sa résidence au milieu de la nuit et l’ont frappé avec des matraques métalliques. Sa mort avait déclenché des semaines de protestations contre l’AP, qui gouverne certaines parties de la Cisjordanie. Les forces de sécurité palestiniennes avaient violemment dispersé certaines de ces manifestations.
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