Israël en guerre - Jour 423

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Une année dans la vie d’une artiste en Israël au prisme de ses peintures à l’huile

Lotta Camilla Teale apporte sa touche, à la fois rêveuse et méditative, aux murs de pierre et chemins fleuris de Jérusalem qu'elle a couchés sur la toile

Jessica Steinberg est responsable notre rubrique « Culture & Art de vivre »

La peintre Lotta Camilla Teale, son mari, Skye Christensen, et ses peintures à l’huile figuratives de 'Jérusalem : une exposition', témoignages de son année à  Jérusalem (Autorisation : Mattias Somm)
La peintre Lotta Camilla Teale, son mari, Skye Christensen, et ses peintures à l’huile figuratives de 'Jérusalem : une exposition', témoignages de son année à Jérusalem (Autorisation : Mattias Somm)

Il faut parfois un regard nouveau pour mieux voir un paysage qui nous est familier.

Les peintures à l’huile figuratives de Lotta Camilla Teale propulsent le regardeur sur les vertes pelouses, sous les murs de la Vieille Ville de Jérusalem, au pied des vieux cyprès qui montent la garde devant le mont du Temple, des palmiers dattiers de Jéricho ou des buissons de cactus rampants de Lifta, ce village palestinien abandonné.

Certaines de ses œuvres donnent à voir une table et des chaises sur un patio qui attendent le passage d’un badaud, des grappes de roses trémières d’une magnifique couleur rose qui poussent à l’état sauvage dans les jardins de la ville, ou encore les allées fleuries de l’American Colony Hotel, dans la rue où Teale a posé ses bagages.

Les sites les plus emblématiques de Jérusalem n’ont pas été oubliés par l’artiste, comme le Dôme du Rocher, mais bien loin de toute considération politique.

« Evidemment, je suis parfaitement consciente des questions politiques », confie Teale. « Mais ce qui m’a attirée, ce sont les pierres, les ombres, les arbres et l’éclat du dôme. »

En particulier, c’est la qualité de la lumière et la façon dont elle se reflète sur les pierres blanc crème des bâtiments de Jérusalem qui a occupé Teale pendant les douze mois où elle a vécu ici avec son mari, Skye Christensen.

Peinture à l’huile figurative de Lotta Camilla Teale représentant la Vieille Ville de Jérusalem, issue de « Jérusalem: une exposition », témoignage d’une année de sa vie à Jérusalem (Avec l’aimable autorisation de Lotta Camilla Teale)

Les pierres ont leur propre histoire, estime Teale.

« Je ne suis pas croyante, mais d’une manière ou d’une autre, il y a une aura en ces lieux, que j’ai ressentie en peignant et que je vois dans la lumière », explique Teale.

« Je pourrais peindre sans me lasser ici. »

Cette sensibilité transparaît dans les huiles figuratives de Teale, peintes à grands traits mais avec précision, notamment de couleur, inspirées de peintres du début du 20e siècle comme les Coloristes écossais ou encore William Nicholson.

La peintre Lotta Camilla Teale et ses peintures à l’huile figuratives de « Jérusalem: une exposition », souvenirs d’une année à Jérusalem (Avec l’aimable autorisation de Lotta Camilla Teale)

Elle écrit sur son site Internet que ses peintures, évocatrices d’une époque plus calme, permettent aux spectateurs de respirer un moment : c’est très vrai. Contempler une œuvre de Teale tient de l’expérience méditative et s’avère relaxant.

Teale a vécu à plusieurs endroits, depuis son Angleterre natale jusqu’au Pakistan en passant par le Sierra Leone, la Toscane ou Bangkok, pour son travail d’avocate en droit du développement.

C’est le travail de son mari, fonctionnaire des Nations Unies, qui les a conduits à Jérusalem il y a de cela près d’un an. Ils y ont loué la maison d’un ami, dans le quartier de Sheikh Jarrah, à Jérusalem-Est, œuvre gracieuse d’architecture arabe avec ses murs de pierre épais et ses sols carrelés, ses plafonds voûtés et sa vaste véranda.

L’une des peintures à l’huile figuratives de Lotta Camilla Teale du cimetière de Mamilla, issue de « Jérusalem: une exposition », souvenir d’une année à Jérusalem (Avec la permission de Lotta Camilla Teale)

Les œuvres de Teale issues de sa collection actuelle, « Jerusalem: An Exhibition », sont accrochées aux murs de la maison. Elle vend certaines de ses œuvres les plus récentes à des clients israéliens et en expédie d’autres en Angleterre, où elle travaille avec plusieurs galeries.

Pour l’heure, elle voulait les réunir au même endroit, là où les gens « connaissent vraiment Jérusalem », explique-t-elle.

Elle est ravie lorsque l’on reconnaît un chemin fleuri, un imposant cyprès, et que l’on identifie l’emplacement exact du sujet de ses œuvres.

L’une des peintures à l’huile figuratives de Lotta Camilla Teale du cimetière de Mamilla, issue de « Jérusalem: une exposition », souvenir d’une année à Jérusalem (Avec la permission de Lotta Camilla Teale)

Pourtant, chaque peinture évoquera quelque chose de différent, selon les personnes, estime Teale.

L’art fait partie de sa vie depuis le plus jeune âge : elle a en effet grandi auprès d’un grand-père, fondateur des éditions Penguin Books et collectionneur d’art. Elle a toujours peint mais a étudié le droit, avide d’activités intellectuelles de nature à la faire voyager dans le monde entier.

Confrontée à une maladie, Teale a décidé de faire de la peinture son activité principale.

La pandémie lui a permis de passer six mois chez ses parents à peindre des natures mortes, comme des casseroles et des poêles.

L’une des peintures à l’huile figuratives de Lotta Camilla Teale du cimetière de Mamilla, issue de « Jérusalem: une exposition », souvenir d’une année à Jérusalem (Avec la permission de Lotta Camilla Teale)

Nombre de tableaux peints à Jérusalem ont pour sujets principaux l’architecture ou les jardins, mais il y a aussi quelques natures mortes, comme ces cerises, abricots et oranges sur une table, à côté d’une cruche en porcelaine.

Teale passe aujourd’hui le plus clair de son temps à peindre, que ce soit dans son atelier ou, armée de son chevalet, dans des endroits repérés lors de précédentes promenades, qui alimentent la liste interminable des coins qui l’inspirent.

Promeneuse acharnée et grande connaisseuse des lieux, elle estime que la peinture est un moyen d’apprendre à connaître son environnement, dans ses moindres coins et recoins, d’en emporter quelque chose, de les coucher sur la toile et d’offrir à ces instants un écrin d’éternité.

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