Une autre résolution controversée de l’UNESCO à propos de Jérusalem
Un document jordano-palestinien demande le retour au “statu quo historique” sur le mont du Temple, et nie les liens juifs au lieu saint
Le Comité du patrimoine mondial de l’institution culturelle de l’ONU va voter un projet de résolution controversée niant les liens juifs historiques à la Vieille Ville de Jérusalem et au mont du Temple, et appelant au retour du « statu quo historique » sur le lieu saint. Une résolution similaire avait été adoptée par le bureau exécutif de l’organisation en avril, ce qui avait enragé Israël.
Un projet de résolution commun jordano-palestinien sur « la Vieille Ville de Jérusalem et ses murs » a été soumis au comité de 21 membres qui se réunit pour sa rencontre annuelle à Istanbul, en Turquie. Le texte demande un retour du mont du Temple et de la mosquée Al-Aqsa au « statu quo historique », un statut qui existait avant la guerre de 1967.
Les juifs considèrent que le complexe, l’emplacement des deux Temples bibliques, comme le site le plus saint du judaïsme. Pour les musulmans, le site, qui accueille aujourd’hui la mosquée Al-Aqsa et le Dôme du Rocher, est le troisième plus saint de l’islam.
Bien que les visiteurs juifs soient autorisés à entrer sur le site, la prière juive y est interdite dans le cadre de l’accord instauré par Israël quand il a saisi la zone à la Jordanie pendant la guerre de 1967.
Le site a été le point de focus de violences ruinant Israël et les territoires palestiniens ces derniers mois, dont des dizaines d’attaques au couteau palestiniennes contre des Israéliens, dans un contexte où des dirigeants palestiniens ont affirmé qu’Israël prévoyait de modifier le statu quo du mont du Temple. Israël a constamment et catégoriquement démenti ces accusations.
Dans le document de l’ONU, Israël est appelé à plusieurs reprises la « puissance occupante » tout en étant accusé de nuire au site, de mener des fouilles illégales et d’empêcher le Waqf jordanien, qui administre le site, de faire des travaux de réparation et de rénovation.
Similairement à une résolution d’avril adoptée par le bureau exécutif de l’UNESCO, le document jordano-palestinien ne se réfère au mont du Temple que par son nom musulman, et parle d’Israël comme « puissance occupante » du site. Le texte fait également référence à la place du mur Occidental entre guillemets, après avoir utilisé son nom arabe de place Al-Buraq.
Les Jordaniens et les Palestiniens accusent Israël de « constructions intrusives, de creuser des tunnels et de mener des fouilles souterraines », et d’« agressions contre les sites religieux et les lieux de prières. »
La version révisée devrait être très similaire en nature et en formulation à la résolution d’avril qui critiquait Israël pour des « fouilles et des travaux » à Jérusalem Est, et l’exhortait à cesser ses « agressions et mesures illégales contre la liberté de culte et l’accès des musulmans » à leur lieu saint. La résolution accuse aussi Israël de « poser de fausses tombes juives dans des cimetières musulmans » et de « la conversion incessante de nombreux restes islamiques et byzantins en prétendus bains rituels juifs ou en lieux de prière juive. »
La résolution d’avril avait été approuvée par 33 états sur les 58 membres de l’institution, dont la Russie, l’Espagne, la Suède, la France et le Brésil.
Ces deux derniers se sont depuis rétractés, affirmant que leurs votes étaient une erreur. Dix-sept pays s’étaient abstenus, et six avaient votés contre la résolution, les Etats-Unis, l’Estonie, l’Allemagne, la Lituanie, les Pays-Bas et le Royaume-Uni.
Le comité du patrimoine mondial prendra également une décision sur le maintien de la Vieille Ville sur la liste des sites du patrimoine mondial en danger, ce qui est le cas depuis 1982.
Les 21 membres du comité sont l’Angola, l’Azerbaïdjan, le Burkina Faso, la Croatie, Cuba, la Finlande, l’Indonésie, la Jamaïque, le Kazakhstan, le Kuwait, le Liban, le Pérou, les Philippines, la Pologne, le Portugal, la République de Corée, la Tunisie, la Turquie, la Tanzanie, le Vietnam et le Zimbabwe.
L’ambassadeur d’Israël à l’UNESCO, Carmel Shama Hacohen, a déclaré en réponse à l’initiative jordano-palestinienne que « quiconque pensait qu’après les critiques exprimées par la communauté juive israélienne et mondiale contre cette décision, et le désaveu des chefs d’Etat et de ministres des Affaires étrangères dans le monde entier après la dernière décision, les Palestiniens reprendraient leurs esprits, doivent reprendre leurs esprits et comprendre cette réalité complexe. »
« Nous avons eu des discussions diplomatiques, mais le vote aura lieu à bulletins secrets et les règles du jeu sont connues : les Palestiniens ont presque toujours la majorité », a-t-il déclaré.
Le ministère israélien des Affaires étrangères a critiqué le texte, une « autre tentative malveillante et malhonnête de nuire » aux liens d’Israël à sa capitale.
Suite à la résolution d’avril, le Premier ministre Benjamin Netanyahu avait réagi furieusement, accusant l’UNESCO de chercher à « réécrire l’histoire ».
« C’est encore une décision absurde de l’ONU, avait-il déclaré à l’époque. L’UNESCO ignore la connexion historique unique du judaïsme au mont du Temple, où se sont dressés les deux Temples pendant un millier d’années, et pour lequel chaque juif du monde entier a prié pendant des milliers d’années. L’ONU réécrit une partie fondamentale de l’histoire humaine et a à nouveau prouvé qu’elle n’avait pas de limite à laquelle elle s’arrêterait. »
Après cet échec, la dirigeante de l’UNESCO, Irina Bokova, avait appelé au « respect et au dialogue » concernant le lieu saint.
« Jérusalem est une Terre sainte pour les trois religions monothéistes, un lieu de dialogue pour tous les peuples juifs, chrétiens et musulmans. Rien ne devrait être entrepris pour altérer son intégrité et son authenticité », avait déclaré Bokova dans un communiqué.
« Seuls le respect et le dialogue peuvent construire la confiance que nous devons promouvoir. »
En octobre dernier, l’UNESCO avait abandonné une tentative palestinienne de déclarer le mur Occidental lieu saint musulman, après de nombreuses critiques, mais avait voté une résolution condamnant les fouilles archéologiques israéliennes en cour près du mont du Temple et ailleurs dans la Vieille Ville.