Une enseignante réprimande une étudiante en uniforme et soutenue par ses pairs
Des témoins et des représentants de l'Université hébraïque de Jérusalem indiquent que les commentaires du Dr. Carola Hilfrich ont été sortis de leur contexte.
Une enseignante de l’université Hébraïque de Jérusalem, dont l’échange houleux avec une étudiante arrivée en cours en uniforme de l’armée avait été filmé la semaine dernière, fait l’objet de nombreuses menaces et a dû arrêter d’enseigner craignant pour sa sécurité, a rapporté Haaretz mardi.
Les étudiants et des responsables de l’université l’ont défendue, affirmant que la vidéo avait été sorite de son contexte et ne dépeignait pas toute la réalité de l’incident.
La professeur de littérature avait fait les gros titres la semaine dernière après la divulgation d’enregistrements sonores et vidéos d’elle réprimandant une étudiante venue en cours dans son uniforme militaire, ce qui lui a valu mépris et menaces.
Des premiers témoignages avaient indiqué qu’un étudiant arabe avait harcelé la soldate pendant le cours. Lorsque celle-ci est ensuite allée en discuter avec l’enseignante, Dr. Carola Hilfrich houspilla l’étudiante pour être arrivée en uniforme.
« Tu es soldat de l’armée israélienne et tu seras traitée comme tel, » peut-on l’entendre dire sur un ton autoritaire dans une vidéo filmée par un étudiant.
On entend ensuite la soldate répondre : « je sers et je défend le pays. Ça dérange quelqu’un que je vienne en cours en uniforme ? »
« Il y a des gens pour qui la société civile est aussi importante que l’armée l’est pour toi. Tu dois tolérer leur priorité de même qu’ils acceptent et sont confrontés à tes priorités », lui a ensuite répondu Carola Hilfrisch.
La vidéo (en hébreu) :
L’enseignant, apparemment pressée, a ensuite demandé à l’étudiante de lui envoyer une lettre manuscrite indiquant qu’elle avait « bien écouté » et qu’elle « ne respectait pas son temps ».
L’incident avait provoqué l’indignation d’étudiants, qui ont organisé des manifestations mercredi. L’Union nationale des étudiants israéliens a également déclaré qu' »il était honteux de voir des étudiants humiliés juste parce qu’ils portent l’uniforme. Nous n’aurions jamais imaginé que le simple fait d’en porter un poserait problème à des enseignants. »
L’organisation étudiante de droite Im Tirtzu a qualifié l’incident « de nouvelle bassesse du milieu universitaire israélien », appelant le ministre de l’Éducation Naftali Bennett à licencier l’enseignante.
Mais des étudiants et l’université ont par la suite défendu la professeure, expliquant que les premières informations des médias étaient incomplètes et avaient réalisé une description partielle et trompeuse des faits.
Plusieurs étudiants ont indiqué à Haaretz qu’aucune tension n’était apparue en cours et qu’aucun débat politique n’avait eu lieu. Ils ont ajouté que l’étudiante était venue vêtue ainsi à plusieurs reprises et que l’enseignante ne l’avait jamais pointée du doigt.
Après le cours, la soldate aurait apparemment eu un échange déplaisant avec un étudiant arabe au sujet de son uniforme, ce dont elle s’est plaint à l’enseignante. Se sont ensuivies plusieurs minutes de de discussion, dont seule la fin a été publiée.
Dr. Nicole Hochner, responsable du programme d’Études culturelles, a par la suite interrogé les personnes concernées, ainsi que plusieurs témoins, pour comprendre les faits. S’en est suivie une lettre adressée aux étudiants et enseignants, dans laquelle elle explique que la conversation en question avait duré bien plus longtemps que les quelques minutes divulguées à la presse. La soldate y confiait également à l’enseignante qu’elle se sentait parfois en danger sur le campus en raison de son uniforme, ce à quoi le Dr. Hilfrich a répondu qu’elle devait demander de l’aide si c’était le cas.
La professeure de littérature s’est ensuite impatientée car elle était en retard pour un autre cours, poursuit Hochner. Elle ajoute que ceux qui ne connaissent pas l’enseignante ont pu percevoir son ton comme agressif, mais que ses étudiants « connaissent bien son tempérament enflammé ».
Le Dr. Hochner a déclaré à Hadashot TV qu’elle s’était entretenue avec la soldate, qui a exprimé ses regrets quant à la publication de l’incident et aux attaques virulentes visant sa professeure.
Nicole Hochner accuse Im Tirtzu d’utiliser l’incident pour leurs propres fins politiques et de vouloir décrire le département de l’université comme des « gauchistes qui hurlent sur les étudiants en uniforme ».
Dr. Gur Zak, le président de la chaire du département de Littérature comparée, a déclaré à Haaretz : « suite aux informations erronées et irresponsables apparues dans les médias, Carola est victime d’attaques sauvages et violentes qui doivent cesser. »
Michael Bachner a contribué à cet article.