Israël en guerre - Jour 467

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Une journaliste iranienne et blogueuse pour le ToI risque l’expulsion d’Israël

Neda Amin, arrivée dans l'Etat hébreu il y a 5 ans, a obtenu l'asile parce qu'elle craignait pour sa vie ; Ayelet Shaked veut qu'elle quitte le territoire ; son avocat fait appel

Neda Amin, avec sa fille à Jérusalem lors de Yom Yeroushalayim. (Autorisation)
Neda Amin, avec sa fille à Jérusalem lors de Yom Yeroushalayim. (Autorisation)

Neda Amin, journaliste née en Iran, ancienne reporter pour le site en perse du Times of Israel et dorénavant blogueuse sur notre plateforme, qui avait obtenu l’asile au sein de l’État juif en 2017, fait face à une possible expulsion du pays – une expulsion qui a été ordonnée par la ministre de l’Intérieur Ayelet Shaked.

Amin a déclaré, lundi, devait les caméras de la Douzième chaîne qu’elle était « choquée » par le traitement qui lui est réservé et qu’elle n’a nulle part ailleurs où aller. Son avocat, Tomer Warsha, a fait appel de la décision de Shaked devant le tribunal de Jérusalem, déplorant une violation de la loi internationale sur les réfugiés.

Amin a reçu l’ordre de quitter le territoire dans l’année qui vient suite aux recommandations faites par le Shin Bet, qui prétend qu’elle a été en contact avec des responsables des renseignements iraniens. Warsha, pour sa part, a évoqué « un prétexte » et « une excuse » pour obliger Amin à partir. Il a noté que cette dernière avait été interrogée, dans le passé, pour s’expliquer sur cette accusation : « Elle n’a pas été arrêtée, aucune poursuite n’a été intentée à son encontre et elle n’a posé aucun danger ».

Une commission qui avait enquêté sur la demande de statut de réfugié d’Amin, au sein de l’État juif, avait recommandé à l’unanimité que sa requête soit acceptée. Une recommandation faite par le ministère de la Justice à la commission avait expliqué qu’elle avait été « harcelée » en Iran et que sa vie était en danger en conséquence de ses critiques publiques des autorités iraniennes, ajoutant que la jeune femme était une candidate « crédible » au statut de réfugié.

Warshaw a déclaré au Times of Israel que la ministre Shaked avait été incapable de suivre les procédures juridiques nécessaires et obligatoires lors du traitement de ce dossier « et nous pensons que la cour va reconnaître l’erreur qui a été commise et qu’elle accordera à Amin le statut de réfugié ».

Amin avait quitté la République islamique en 2014 pour la Turquie, où elle avait travaillé comme journaliste, notamment pour le site d’information en perse du Times of Israel. Pendant l’été de l’année 2017, Amin était entrée en contact avec le ToI pour signaler que sa vie était en danger : ses écrits pour un site israélien et pour d’autres avaient justifié des interrogatoires répétés de la part de la police turque, avait-elle raconté, et elle risquait dorénavant d’être expulsée du pays. Elle avait dit craindre pour sa vie, redoutant que les autorités turques ne choisissent de la renvoyer en Iran.

Alertées sur sa situation difficile, les autorités israéliennes avaient réalisé les contrôles et mené les procédures nécessaires le plus rapidement possible de manière à ce qu’elle puisse obtenir un visa pour entrer sur le territoire israélien – le ministère de l’Intérieur était alors dirigé par Aryeh Deri. Les officiels du consulat israélien en Turquie avaient soutenu la jeune femme dans ces démarches.

En 2019, David Horovitz, rédacteur en chef du Times of Israel — qui avait rencontré Amin à l’aéroport lorsque son avion avait atterri sur le sol israélien – avait demandé qu’elle obtienne un statut de résident permanent au sein de l’État juif, ce qui lui permettait de travailler, de se construire une nouvelle vie et de se porter candidate à la citoyenneté. Neda a expliqué au Times of Israel qu’elle avait été impatiente de se lancer dans le processus officiel d’une conversion au judaïsme mais qu’une fin de non-recevoir lui avait été opposée.

Neda Amin, blogueuse iranienne, à son arrivée en Israël en août 2017 (Yonatan Sindel / Flash90)

Amin avait été reconnue par les Nations unies comme réfugiée quand elle vivait en Turquie mais elle a néanmoins été dans l’obligation, depuis son arrivée, de faire prolonger son permis de « visiteur temporaire » en Israël tous les trois mois, et elle s’est battue avec les autorités pour enfin obtenir un statut permanent de réfugié.

Lundi, des informations ont révélé que la ministre de l’Intérieur Shaked avait ordonné à Amin, qui est mère d’une petite fille née sur le sol israélien, de quitter Israël dans les douze mois. Amin a déclaré que sa fille est citoyenne israélienne mais qu’elle craint que cette citoyenneté lui soit retirée.

La ministre de l’Intérieur Ayelet Shaked tient une conférence de presse à l’aéroport international Ben Gourion, annonçant de nouveaux critères d’admission des réfugiés, le 13 mars 2022. (Crédit : Roy Alima/Flash90)

Dans une déclaration faite devant les caméras de la Douzième chaîne, le Shin Bet a indiqué qu’Amin avait fait l’objet d’une enquête pendant qu’elle se trouvait au sein de l’État juif en raison de contacts avec des responsables iraniens des renseignements, et qu’elle a maintenu ces contacts « malgré des mises en garde claires de la part des responsables de la sécurité à ce sujet ».

Amin, de son côté, a indiqué à la chaîne qu’elle ne s’était entretenue qu’avec un seul individu appartenant aux renseignements iraniens, qu’elle n’avait évoqué avec lui que des questions personnelles et qu’elle avait maintenu ce lien en raison de son travail de journaliste, ajoutant qu’elle avait transmis toutes les informations qui étaient en sa possession au Shin Bet.

Le Shin Bet avait confirmé, en 2019, que rien ne laissait penser à des activités illégales de sa part.

« J’ai le cœur brisé », aurait dit Amin lundi, des propos repris par la Douzième chaîne. « Quand je suis arrivée en Israël, j’ai été traitée comme une princesse, comme une reine marchant sur le tapis rouge ». Elle a ajouté qu’il n’était pas logique que l’État, qui semble la considérer comme posant un danger aux citoyens, l’autorise néanmoins à rester dans le pays encore un an.

L’avocat Tomer Warsha (capture d’écran Facebook)

Warsha, un éminent avocat spécialisé dans l’immigration qui représente aujourd’hui Amin, a annoncé qu’il avait fait appel de la décision devant la cour et que toutes les justifications ostensiblement avancées par le Shin Bet pour son expulsion étaient autant de « prétextes » utilisés par Shaked.

« Je ne me souviens pas d’un dossier tel que celui-là où une ministre prend une décision qui vient contredire les recommandations des professionnels du ministère, en opposition avec l’équipe d’experts qui a examiné le cas et qui a fait ses recherches avant de se déterminer ».

S’adressant encore au Times of Israel, Warshaw a déclaré que « après que l’unité chargée des réfugiés au sein du ministère de l’Intérieur a recommandé que Neda puisse être reconnue comme réfugiée, que la commission des réfugiés a également recommandé à l’unanimité de reconnaître Neda en tant que telle, le dossier est remonté jusqu’à la ministre de l’Intérieur pour décision finale sur la base des recommandations qui avaient été émises. Le problème, semble-t-il, est qu’aucune autorité professionnelle n’a orienté la ministre en ce qui concerne les exigences intervenant lors de la prise de décision dans ce genre de dossier. La loi sur les réfugiés établit de façon explicite que le dossier d’une personne éligible au statut de réfugié ne peut être rejeté que dans des circonstances extrêmes – comme le seraient des crimes contre l’Humanité ou des crimes de guerre ».

En prenant en compte ces exigences, a ajouté Warsha, « la décision prise par la ministre de l’Intérieur est clairement déraisonnable dans la mesure où Neda n’a jamais été soupçonnée de tels crimes, qu’elle n’a jamais été mise en examen et que même la ministre lui donne aujourd’hui l’autorisation de rester encore une année en Israël. De toute évidence, si Neda devait représenter un danger public, elle serait mise à l’écart des citoyens. Le fait est que la commission des réfugiés n’a vu aucune raison valable de s’inquiéter. Dans ce contexte, nous avons donc fait appel de cette décision devant les magistrats et nous pensons que la cour reconnaîtra l’erreur qui a été commise et qu’elle accordera à Neda Amin le statut de réfugié ».

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