Une partie de la collection dispersée d’art africain d’Helena Rubinstein à Paris
La collectionneuse juive de Cracovie, à la tête d'un empire de cosmétiques, a été initiée par un ami Jacob Epstein

Le Musée du Quai Branly présente jusqu’en juin une partie de la riche collection d’arts premiers, en grande majorité d’Afrique, d’Helena Rubinstein, qui avait été dispersée à New York en 1966 après la mort de l’industrielle un an plus tôt.
Précieux reliquaires kota ou fang, pièces d’exception baoulé, bamana ou senoufo : au total 64 œuvres, pour la plupart de très grande qualité, ont été rassemblées, mettant en valeur une passion mal connue de cette femme née en 1872 dans le quartier juif de Cracovie et dont le visage, l’élégance, les décors intérieurs à Londres, New York ou Paris, sont largement mis en scène lors de l’exposition.
Helena Rubinstein, première femme d’affaires du 20e siècle, connue pour son empire de cosmétiques et que Cocteau surnommait « l’Impératrice de la beauté », menait un « combat » pour la reconnaissance de ces arts dits « nègres » au début du siècle. Arts auxquels elle conférait une valeur égale à l’art européen et qu’elle voyait avec une pure fascination, a expliqué la commissaire de l’exposition, Hélène Joubert.
Sur les 64 objets présentés, seuls cinq proviennent du musée, les autres de 31 collections privées ainsi que de sept institutions.
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La collection de Madame Rubinstein ira jusqu’à rassembler plus de 400 pièces d’arts extra-occidentaux, qui côtoieront des œuvres de Chagall, Braque, Brancusi, Modigliani, Picasso ou Miró dans ses salons.
Hélène Joubert, responsable de l’Unité patrimoniale des collections Afrique, a mené deux ans d’enquête pour en retrouver la trace dans les institutions nationales et internationales ainsi que dans de grandes collections privées.
360 objets de sa collection avaient été dispersés en 1966 dans trois ventes historiques à New York, qui auront marqué une étape essentielle de la valorisation des arts africains. Ces objets sont partis partout dans le monde, particulièrement aux États-Unis.
« Helena Rubinstein est une collectionneuse de la première heure, une pionnière très compulsive à une époque où le marché des arts extra-occidentaux commence tout juste à se développer », selon Mme Joubert.
Cette femme collectionneuse a été initiée par un ami, le sculpteur Jacob Epstein, a encore expliqué la commissaire. Helena Rubinstein apprécie alors l’expressivité de ces sculptures, est fascinée par les masques, le traitement sculptural des visages.
Cette longue enquête « aura permis d’approfondir d’où venaient ces objets, dont certains sont devenus des icônes, avant d’être acquis par Helena Rubinstein, et puis « où ils sont allés ensuite », selon la commissaire. Une enquête loin d’être finie.